États-nations

La saga historique de l’été par Erick Cavaglia

 

Le danger ottoman écarté, l’Europe entame des processus qui feront d’elle la civilisation dominante jusqu’en 1914. Mais cette marche à la suprématie porte en elle les ferments de l’autodestruction :

 

Politiquement

 

L’affirmation de l’État-nation centralisé au travers des pouvoirs du « Prince » né dans l’Ouest de l’Europe dès le XVème siècle est légitimée et encouragée par le principe révolutionnaire du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », elle sécrète un nationalisme fatal aux États fédéralistes d’Europe centrale et orientales et à ses propres instigateurs. Le premier noyau d’Europe, à savoir l’empire de Charlemagne (771-814) s’est désagrégé au profit d’une multitude d’États souverains concurrents et hostiles.

Ce nationalisme européen a été attisé par les impérialismes coloniaux et l’extraordinaire compétition technique, scientifique et industrielle des XIXe et XXe siècles. Chaque Etat européen cherche à dominer les autres selon la logique qui veut que si l’Europe domine le monde, la nation dominante en Europe s’assurera l’hégémonie mondiale.

Actuellement les États européens ne sont pas prêts à se dessaisir des attributs de leur souveraineté au nom de « l’égoïsme sacré » de l’État-nation. Pire, nous assistons à un retour de vieux nationalismes obsolètes et dangereux qui détourneraient les Européens des vraies menaces. Cf, rivalité franco-allemande.

 

Socialement

 

Les révolutions politiques et industrielles ont assis durablement le pouvoir de la bourgeoisie européenne qui a eu intérêt à faire éclater les structures traditionnelles des sociétés. Les sécularisations des biens de l’Église, véritable casse suivi de transfert sans précédent de biens publics dans la sphère privée à fins spéculatives et mercantiles précédaient de peu l’exploitation sans retenue des ouvriers européens.

L’influence de la noblesse et du clergé est partout combattue, la paysannerie majoritaire est contrainte de se faire décimer sur champs de bataille pour des idéologies incompatibles avec ses intérêts. Les survivants sont réduits à un prolétariat urbain déraciné.

Les Lumières, hostiles aux legs du passé ont contribué à la destruction des solidarités naturelles : famille, terroir, village, paroisse, province au profit de nouveaux rapports contractuels à tous les niveaux.

 

Spirituellement

 

Le matérialisme utilitariste occulte désormais toute transcendance :

Marxisme et capitalisme ont réduit l’homme à sa stricte fonction productive ou consumériste.

Seule orthodoxie autorisée : le mythe du progrès sans fin.

Les métiers méprisés des antiques Grecs – artisans, commerçants et banquiers- ont fini par imposer leurs mentalités aux dépens de celles inculquées jusqu’alors par ceux qui pratiquaient des taches nobles : les guerriers et les agriculteurs.

La conséquence la plus néfaste de cette substitution : la dévirilisation des Européens et l’érosion de l’esprit de défense.

 

Moralement et physiquement

 

Je ne m’étendrai pas sur cet aspect de notre civilisation tant il est criant dans une partie de la jeunesse européenne mais également et surtout chez une partie de ses parents.

Il s’agit juste de rappeler que l’afflux de richesses à Rome, s’il a permis d’atteindre un confort et un mode de vie inouïs, a fini par détourner le légionnaire de la république, le rude soldat-bâtisseur en citoyen jouisseur, dépossédé de ses droits politiques et se détournant de la chose militaire.

Rome n’a maintenu sa survie qu’en engageant des troupes barbares contre leurs semblables. Cela n’a duré qu’un temps.

Notre armée de métier actuelle, ne ressemble pas à autre chose.

 

Démographiquement

 

Au moment où se déchaîne la grande guerre civile européenne de 1914-1945, les États du vieux continent ont achevé leur transition démographique alors qu’ils l’ont amorcée dans leurs colonies.

Car le principal méfait de la colonisation, celui qui n’est jamais abordé- et pour cause- c’est d’avoir soigné, vacciné, familiarisé aux techniques médicales des peuples aux mentalités et aux modes de fonctionnement radicalement différent des nôtres. A l’arrivée des premiers soldats français à Sidi Ferruch en 1830, les populations peuplant l’actuelle Algérie s’élevaient environ 2,7 millions.  Au départ dramatique des Français en 1962, les Algériens étaient 9 millions et ils sont aujourd’hui 40 millions !

Ce sont bien les Européens qui ont amorcé la bombe démographique qui nous explose aujourd’hui à la figure.

 

Et si nous nous interdisons moralement de repousser l’invasion c’est au nom des mêmes principes humanistes et charitables qui ont déterminé le comportement de nos ancêtres au XIXe siècle.

 

(A suivre…)

Lire le chapitre V : ICI

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