benalla

 

Le billet de Colette Mercier

 

L’ancien collaborateur de l’Élysée, Alexandre Benalla, a été auditionné pour la première fois au Sénat, face à une commission d’enquête parlementaire, ce mercredi 19 septembre. Celui-ci, reconnu avec ses complices, sur plusieurs vidéos, en train de frapper des passants et manifestants place de la Contrescarpe le 1er mai, répondait aux questions des sénateurs, dans le cadre d’une enquête parlementaire. On se rappelle que le 11 septembre, Alexandre Benalla avait tenu des propos insultants envers la commission d’enquête et son président, le sénateur Philippe Bas, sur France Inter : « Monsieur Philippe Bas, je mesure très bien mes propos, ce petit marquis m’impose aujourd’hui de venir devant lui » « Ce sont des petites gens … Je n’ai aucun respect pour eux ».

 

Les conditions de l’épreuve étaient les suivantes :

  • Un enjeu colossal puisqu’on est allé jusqu’à parler de destitution de son protecteur.
  • Une panique générale à l’étage au-dessus.
  • Une pression d’enfer suite aux déclarations extravagantes de MACRON, BELLOUBET, CASTANER et au conflit ouvert avec les sénateurs.
  • 50 sénateurs remontés comme des pendules, particulièrement le président Philippe BAS.
  • 2 heures 40 d’audition publique devant toutes les caméras.
  • Un feu roulant d’une cinquantaine de questions.

Il y avait là de quoi impressionner plus d’un vieux briscard des prétoires ou de la politique. Ainsi avant lui sur cette affaire, certains ministres, très hauts fonctionnaires ou hauts gradés de l’armée ou de la police pourtant beaucoup plus capés que lui, ont bafouillé, perdu le contrôle, se sont troublés, contredits certains perdant même carrément les pédales. C’est dire si une telle séance a de quoi déstabiliser même les plus madrés.

Pas Alexandre BENALLA qui a seulement 27 ans, à peine sorti de l’œuf, est resté d’un calme olympien. Pas une marque d’angoisse sur son visage, pas d’yeux qui se baissent se troublent ou se détournent, pas d’accélération de son rythme respiratoire, pas de sudation – rien – le type est resté impavide, totalement dans la maîtrise, totalement dans le contrôle.

Pendant 2 heures 40 d’audition il a répondu à tout. Il a dépisté les sénateurs les plus retors, les a baladés, les a enfumés. Parfaitement coaché et préparé il a impeccablement retenu et débité son texte. Il a pu répondre de mémoire à des enchaînements de questions complexes sans en perdre le fil. Il a parfaitement déjoué tous les pièges, tout en restant de marbre. Banalisant, s’abritant derrière le maquis des acronymes de services officiels, se coulant dans les entrelacs de procédures administratives complexes qu’il a toutes tordues à sa guise avec un incroyable aplomb, il a littéralement dominé ses interlocuteurs et vitrifié le débat.

Chapeau !

Pourtant, c’est le même personnage qui dans d’autres circonstances a révélé une toute autre nature, celle d’une racaille immature que ses supérieurs disent, tous, avoir dû recadrer pour ses excès, celle d’une brute qui  s’échappe à elle-même, sort de tout contrôle, cogne sur des passants, toise avec arrogance les hauts gradés, moleste des journalistes, injurie le président de la commission d’enquête, transgresse tous les codes et toutes les procédures et même tente un délit de fuite en présence de MONTEBOURG alors ministre.

Alors, par quel miracle un être aussi impulsif, brutal et sommaire se trouve t’il soudain doué de capacités cognitives et d’une maîtrise hors du commun malgré une telle pression. Comment peut ‘il retenir en aussi peu de temps tout ce que ses coaches lui ont soufflé et le restituer dans un impeccable sans faute ? Comment ce jeune homme de 27 ans peut-il tenir tête à un tel aréopage ?

Nous l’évoquions précédemment : une seule réponse, la chimie !

Seules des investigations scientifiques pourraient le prouver. Pourtant, il y a tout lieu de penser qu’on ne retrouvera jamais le coffre de BENALLA et qu’aucune expertise médico-légale ne sera diligentée. Ceux qui nous gouvernent ont trop besoin de « fortifiants » pour qu’il n’en soit jamais question.

Pourtant, aucun d’entre nous ne donnerait sa délégation de signature à un fondé de pouvoir qu’il soupçonnerait de gérer ses affaires sous l’emprise de ces produits qui modifient en profondeur le caractère et fragilisent ceux qui s’y adonnent par des excès de confiance entrecoupés de plongées vertigineuses et de brutales pertes de contrôle.

 

En politique comme en sport il n’y a pas de surhomme. L’avenir immédiat va nous le démontrer.

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