audition de Bénalla

 

Le billet de Colette Mercier

 

Pour l’avoir constaté, et « vu de mes yeux vu » au cours de ma carrière professionnelle, il est des milieux où depuis longtemps déjà l’usage de stupéfiants est parfaitement banal. Pour ce que j’ai pu constater, il s’agissait de la haute finance où certains doivent prendre des « fortifiants » pour pouvoir soutenir des « business plans » extravagants ou des promesses de résultats chimériques devant leurs comités d’engagement, leurs capitaux « risqueurs » ou bien face à des assemblées d’actionnaires. Pour ce que j’ai pu en voir, c’est particulièrement le cas lors d’opérations d’augmentation de capital, d’acquisition, de fusion absorption ou d’introduction boursière ; notamment chez « l’encadrement de tête » des banques d’affaire qui se charge de coacher ces opérations.

 

Les stupéfiants, un usage courant dans certains milieux

 

Pour arriver à soutenir certains projets délirants, pour arriver à vendre ces chimères, les intervenants sont obligés de se désinhiber et donc de prendre des produits qui dopent leurs capacités cognitives et leur agilité intellectuelle ; ceci afin de pouvoir faire front à toutes les questions ou objections et surtout, pour pouvoir atteindre des niveaux de désinhibition qui rendent tout possible. C’est par exemple le cas des « nettoyeurs » et autres DRH qui doivent annoncer et gérer des plans de licenciements massifs. Pareil chez les traders. Voilà pour ce qu’il en est des milieux d’affaires à haut niveau.

Comme chacun le sait, c’est également le cas dans le showbiz, là pour des raisons festives, de besoins de créativité et de surmenage ; mais aussi dans les milieux du journalisme et de la pub de la communication -pour les mêmes raisons d’ailleurs-.

C’est également le cas dans les milieux politiques où il faut mentir, trahir, tromper les gens et surtout parce que la compétition de plus en plus rude, les coups de plus en plus bas rendent le dopage indispensable pour tenir. C’est bien connu, certains fortifiants donnent un avantage compétitif décisif.

Alors que dire des milieux à la conjonction de la très haute finance et de la politique où les carrières peuvent être parfois fulgurantes et, où comme dans le cas de certains sportifs, on peut se demander d’où sort cette nouvelle race de surhommes infatigables, de « winners » navigant de meeting en meetings lors des campagnes, sautant d’un avion à l’autre une fois élus, increvables, totalement désinhibés, passant d’un mensonge à l’autre, de l’empathie à l’arrogance la plus triviale en fonction de leur gestion du produit et de leurs atterrissages parfois en vrille.

La totale désinhibition, les tics, les trémoussements, les violentes sudations d’un SARKOZY, ses états cyclothymiques et ses dérapages incontrôlés ne s’expliquaient pas autrement.

Dans un autre registre, l’extraordinaire frénésie sexuelle, à son âge et dans son état général, d’un DSK ne s’expliquaient que par la prise d’un cocktail détonnant de molécules. Nul doute qu’à New York il était « chargé comme un mulet » pour sauter au petit matin sur la pauvre Nafissatou après avoir déjà passé la nuit avec une escort. Dodo la saumure ne lui fournissait pas que les filles, il devait également s’occuper des produits. Des produits tellement puissants qu’ils lui ont fait perdre la boule au mépris de toute prudence élémentaire.

Regardez bien le monde politique et celui des affaires sous cet éclairage et vous verrez que certaines altérations du jugement ou erreurs colossales ne s’expliquent pas autrement. Faites-en l’expérience, c’est saisissant.

 

Des produits d’un usage de moins en moins perceptible

 

La chimie évolue et les molécules se perfectionnent. Les traces visibles sur les corps se font plus discrètes. Fini les pupilles en forme de soucoupe volante, fini les tics et autres stigmates trop visibles. Avec les nouvelles molécules les atterrissages se font moins violents et les effets sur le comportement moins visibles. On peut donc en prendre et en reprendre sans que cela se voie trop.

Encore que lorsque la personne entre en transe avec une voix de fausset pendant un meeting ou bien se trémousse sans aucune inhibition devant un aréopage1 de dirigeants internationaux dont certains peuvent disposer de services à même de tout savoir ; ou quand encore la personne perd littéralement les pédales, trépigne et glapit en se disant intouchable, ce soit plus problématique.

La difficulté avec ce genre d’addiction, c’est qu’il faut en prendre, et encore en reprendre, toujours et sans arrêt. Le produit ne vous laisse aucun répit, parfois au détriment de la prudence la plus élémentaire. On n’est jamais certain de tout contrôler tout le temps. C’est bien le problème surtout quand cela commence à se voir, par exemple, mieux vaut éviter les « qu’ils viennent me chercher ! ».

 

Des traces embarrassantes

 

En revanche, les traces chimiques de contact sur certains objets ne résisteraient pas aux chiens renifleurs ni à l’analyse par les laboratoires de la police scientifique ; pas plus que les résidus dans le sang ou les urines.

Il peut donc être parfois vital de faire disparaître certains objets par trop compromettants. Il peut être tout aussi vital de ne pas voir craquer le proche chargé de gérer l’approvisionnement. Là aussi cela peut parfois se faire au détriment de toute prudence attestant une perte totale de contrôle.

La panique n’est jamais bonne conseillère. À ce niveau on pourrait s’attendre à un impeccable sang-froid et à une maîtrise parfaite. Malheureusement, la perte de contrôle est objectivement un des révélateurs des conséquences de l’addiction. Cqfd…

Que feriez-vous vous d’un fondé de pouvoir dont vous suspecteriez qu’il gère vos affaires sous l’emprise de certains produits ? Personnellement, au moindre doute, je lui retirerais immédiatement sa délégation.

 

D’autres diraient qu’ils le destitueraient.

Affreux, affreux, affreux… quand on y pense !

 

 

Note :

 

  1. Aréopage : (du grec) Réunion de gens savants, compétents
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