Par Georges Feltin-Tracol

 

Le 14 septembre dernier, face à des entrepreneurs de l’économie numérique invités à l’Élysée, le VRP de la Start up nation, Emmanuel Macron, a réagi à une tribune co-signée par des élus de gauche et Verts hostiles à la 5G. Il a doctement expliqué qu’on ne peut pas « relever la complexité des problèmes économiques en revenant à la lampe à huile ». Il a même ajouté ne pas croire « que le modèle amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine ». Cette attaque honteuse témoigne de l’arrogance, du mépris et de l’ignorance de son auteur envers une minorité chrétienne d’origine protestante révélée en 1985 dans le film policier étatsunien de Peter Weir, Witness (Témoin sous surveillance), avec Harrison Ford et Kelly McGillis.

Les Amish proviennent d’une dissidence de l’anabaptisme et des mennonites survenue en 1693 à Sainte-Marie-aux-Mines à l’initiative de Jakob Amman (1645 – 1730). Ce prédicateur attire vers lui des réformés suisses et alsaciens qui forment des communautés actives. Celles-ci quittent l’Europe pour le Nouveau Monde à partir de 1736. Elles s’installent bientôt dans la province canadienne de l’Ontario et dans les futurs États fédérées étatsuniens de l’Indiana, de l’Ohio et, surtout, de la Pennsylvanie.

S’exprimant en Pennsylvania Dutch, un dialecte haut-allemand mêlant les parlers alsacien, helvétique et lorrain, les Amish se caractérisent par leur mode de vie resté aux XVIIe – XVIIIe siècles. Ils appliquent un ensemble de règles dont la première énonce : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure. » Ils refusent par conséquent l’électricité, le téléphone, la radio, la télévision et bien évidemment l’ordinateur et Internet. Ils se déplacent uniquement à cheval ou en carriole. Pacifistes et non-violents, ils rejettent toute forme de compétition sportive, préfèrent scolariser leurs enfants chez eux, et pratiquent au quotidien une solidarité communautaire doublée d’une solide entraide familiale. Ainsi récusent-ils tout système de sécurité sociale, d’assurances          santé et de retraite institutionnelle.

Leur manière de vivre sobre, rustique et conviviale ne correspond pas aux canons en vigueur du politiquement correct. Les multinationales ne les apprécient pas parce que ces excellents paysans savent cultiver leurs champs sans l’aide des OGM, ni des produits phytosanitaires. Les harpies misandriques s’élèvent contre de « détestables » structures patriarcales et gérontocratiques. Chaque communauté amish dispose en effet de son propre conseil des anciens qui prend les décisions les plus importantes après maintes discussions dominicales. En outre, mariées dès la sortie de l’adolescence, les femmes amish procréent beaucoup. En vingt ans, leur nombre aux États-Unis et au Canada a augmenté d’environ 3 %, ce qui en fait un des groupes religieux les plus dynamiques d’Amérique du Nord. Observons aussi que certaines communautés acceptent la venue définitive d’adultes convertis en dehors du moindre prosélytisme.

Les détracteurs les plus acharnés des Amish, les chantres de la Subversion « arc-en-ciel », se focalisent sur quelques affaires pénibles de mœurs qui frappent telle ou telle communauté comme partout ailleurs. Ces sales consciences hautement nuisibles n’admettent pas que les communautés amish reposent sur un indiscutable consentement. Vers 17 ans, le jeune Amish suit le Rimspringa, un rite de passage à la vie d’adulte. Pendant une année, il a le droit de découvrir le monde moderne et ses affres. Il peut s’alcooliser, danser en boîte de nuit, fumer, conduire une voiture, aller au cinéma, regarder la télévision, surfer sur Internet, etc. Au terme de cette année, il choisit soit de rester dans la modernité, soit de rejoindre les siens et de mener une vie paisible, communautaire et laborieuse.

Outre ses caractères profondément écologiques et communautaires, le modèle amish peut aider au maintien et à la pérennité des BAD (Bases Autonomes Durables). Celles-ci pâtissent ou risquent de pâtir du choc des égos individualistes et de la confrontation sur-hormonée de Conducatori de bac de sable. Les tensions entre membres d’un même ensemble sont inhérentes à toute vie en société, fût-elle la plus restreinte. Par leur expérience pluriséculaire, les Amish parviennent à désamorcer des rivalités souvent égotiques. Il serait bien de s’en inspirer.

Une fois encore, en dénigrant de manière gratuite et injuste le modèle amish, le triste garnement de l’Élysée commet une belle erreur morale. Les Amish ont déjà surmonté les défis de l’écologie contemporaine. Ils incarnent une voie intéressante pour notre avenir tandis qu’Emmanuel Macron s’approche, lui, de l’obsolescence programmée pour 2022.

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