D’après François jay

Emmanuel Macron a été accueilli froidement à Kiev, après son entrevue avec Vladimir Poutine. Il a été reçu, non comme un intermédiaire, un « go-between » mais comme un avocat ou un émissaire de Poutine. Or il n’est absolument pas question, pour le gouvernement ukrainien, d’accepter un compromis qui mettrait en cause l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine.

 

Macron n’apportait rien qui respecte ces principes. Pour les ukrainiens, il n’est pas question d’un retour dans le giron russe. Ni de Finlandisation. L’Ukraine est souveraine et ses frontières, celle que la Russie avait promis de respecter dans le Memorandum de Budapest de 1994, doivent être respectées par son immense voisin. Rappelons que la « dénucléarisation » de l’Ukraine a été échangée contre le respect de ses frontières par la Russie… et que cet accord a été co-signé par les USA et la Grande Bretagne. Notons que la France n’était pas partie prenante, et n’est donc pas engagée dans la défense de l’intégrité territoriale ukrainienne…

L’UKRAINE UN PAYS EUROPÉEN

Poutine considère que l’Ukraine est une partie de la Russie, il a même écrit un essai sur cette question. Son point de vue n’est pas vraiment partagé par les Ukrainiens. Et il l’est de moins en moins. Les 14 000 morts de l’offensive russe de 2014 qui a permis l’annexion de la Crimée et l’occupation du Donbas, n’ont pas rendu le dictateur russe plus populaire en Ukraine. Les Ukrainiens, par un réflexe de peur, se jettent dans les bras des USA pour éviter le scénario d’une annexion complète de leur pays. Plus Poutine gesticule et menace, et moins les ukrainiens ne veulent de la Russie chez eux. Ils ont même écrit dans leur Constitution que l’adhésion à l’OTAN et à la Communauté Européenne est un objectif pour l’Ukraine… on comprend toute la difficulté qu’il y a essayer de rapprocher des points de vue aussi opposés. Comment amorcer une désescalade quand l’agresseur ne veut pas renoncer à ses buts et ne veut pas rendre ce qu’il a déjà pris, la Crimée et le Donbas… la fermeté de Poutine dans ses intentions prédatrices ne laisse aucune place à une médiation, sinon à obtenir de la victime qu’elle accepte de se laisser dépecer… Zelenski n’est pas Daladier. D’où l’accueil reçu par Macron à Kiev ! Il est arrivé non pas en négociateur mais en avocat du russe ! Une démarche, ridicule et honteuse.

POUTINE A BESOIN D’UNE VICTOIRE… SANS MORTS

N’oublions pas qu’il y a en Russie des régions ethniquement ukrainiennes comme le Kouban, que le dictateur précédent de Moscou, Joseph Staline, a déporté des millions d’Ukrainiens en Sibérie et que beaucoup de leurs descendants y sont encore… Une reprise des combats serait encore plus meurtrière et impopulaire. L’effet de surprise et de sidération dont avaient bénéficié les troupes russes ne se reproduira pas. L’armée ukrainienne a été reconstituée, elle a maintenant un armement adapté, son commandement a été épuré de ses éléments nostalgiques de l’URSS, les services secrets ne sont plus noyautés par Moscou. Et surtout, l’esprit patriotique n’a jamais été aussi élevé. Si personne en Europe ne veut mourir pour Louhansk ou Stalino, la jeunesse ukrainienne, elle, ne veut à aucun prix tomber sous le joug de Moscou. Toutes les familles ukrainiennes ont été marquées par les crimes qu’ont commis les « Moscalis » en Ukraine, et la mémoire des années sanglantes subies à l’époque communiste est encore très vive… La Shoa ukrainienne, l’Holodomor de 1932-33, aurait tué près de 7 millions de personnes. Une offensive russe se heurterait à une défense acharnée et se traduirait par un bain de sang. Le Pouvoir de Poutine y résisterait-il ? Ce n’est pas sûr. Le Maître du Kremlin a besoin de succès, pas d’une guerre…

MACRON DANS DES HABITS TROP GRANDS POUR LUI

Les démarches de Macron se soldent par un échec. Rien n’a progressé. Au contraire. La proposition de Macron de « finlandiser » l’Ukraine est inacceptable pour Kiev. Les Ukrainiens savent que la parole de Moscou ne vaut rien. L’Ukraine a déjà expérimenté cette voie en renonçant à son armement nucléaire stratégique contre la garantie de ses frontières par la Russie, les USA et le Royaume Uni… Le fameux Mémorandum de Budapest. Cette marche vers la neutralité s’est soldée par l’occupation par Moscou, en 2014, pendant la révolution de Maidan, d’une partie de son territoire… 

Pour une puissance faible, comme l’Ukraine, la seule voie de salut est de renforcer ses moyens militaires et de nouer des alliances défensives fiables. La France de Macron est une puissance militaire de moins en moins crédible et la parole du Président « du en même temps » ne vaut pas grand-chose…

Dans cette pantalonnade diplomatique, Macron a réussi à recevoir, « en même temps », un coup de pied au cul du russe Poutine et un coup de pied au cul du Président Ukrainien.

Décidément, quel que soit le domaine, les habits de Président sont trop grands pour lui.

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