Le billet de Cédric de Valfrancisque

 

(Poème très très très librement inspiré par la célèbre tirade du nez de « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand.)

Le décor : Dans le cadre d’une « itinérance mémorielle » (1), Le jeune Marquis de Morveux d’Enarque sort d’un cimetière musulman où il s’est rendu pour faire repentance pour les « crimes contre l’humanité » commis par le Royaume au temps des colonies. En réalité son seul souci est de caresser le Mahométan dans le sens du burnous et de lui lécher les babouches…

Il est pris à partie par le Seigneur de Valfrancisque, petit hobereau cévenol, dont le père fut jadis officier des soudards à coiffe rouge, au lointain Tonkin puis en Algérie.

Écoutez-moi, Marquis, si vous êtes un homme !

J’ai à vous dire, ici, bien des choses en somme.

Et en variant le ton, vous avouer sans détour,

Tout le mal que je pense des gens qui vous entourent.

En faire un classement sera chose impossible,

Tant ils sont déficients, voire carrément nuisibles.

Agressif : Chassez donc ce fakir à la barbe mitée

Dont, de tous vos ministres, vous fîtes le premier !

Gracieux : Aimez-vous à ce point les vieilles haridelles,

Pour qu’au gouvernement, elles soient en ribambelle ?

Prévenant : Gardez-vous, de Le Maire et sa brosse à reluire :

Ce traître malfaisant peut toujours vous trahir !

Descriptif : Et l’on découvre aussi qu’un joueur de Poker,

Une brute, un voyou, du nom de Castaner,

Peut devenir ministre, sans le moindre talent,

Sinon qu’il parle fort et traque les « sans- dents ».

Tendre : Comme il est amusant ce vieil épouvantail,

Que vous avez nommé ministre du travail !

Curieux : Pourquoi, à la Culture, ce blond ministricule,

Qui, d’après ce qu’on dit, raffole qu’on l’enc… ? (2)

Truculent : Et Marlène Schiappa où l’avez-vous trouvée,

Avec cet air idiot de dinde énamourée ?

Respectueux : Souffrez, Marquis, que l’on reste sans voix,

Devant « l’âge pivot » conçu par Delevoye.

Amical : Mon Dieu, comme elle est drôle, cette grosse négresse,

Qui pérore partout avant qu’on la confesse.

Naïf : Cette harpie blondasse partageant votre lit,

Cette vieille momie, est-ce Néfertiti ?

Assurément, Marquis, vous tenez le gros lot !

Je vous dis, parodiant Pyrame en un sanglot :

Vous êtes un paltoquet, vous devez vous démettre.

Vous ruinez ce pays ! (Il en rougit, le traître !)

Oui, je suis en colère : ça vous déplaît, tant pis !

Vous n’avez point de lettres et encore moins d’esprit

Oui, d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,

Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres

Vous n’avez que les trois qui forment le mot : con !

Car de la connerie, vous êtes parangon.

Je crois présentement vous avoir offensé,

Et, en un court instant, je me prends à rêver,

Qu’afin tout simplement de venger votre honneur,

En un duel loyal, je sois convié dans l’heure.

Mais j’allais oublier, vous n’êtes qu’un gamin :

Je m’en vais, de ce pas, vous botter l’arrière-train.

Notes :

1)- Encore une formule creuse et vide de sens dont le Marquis a le secret.

2)- La rime est facile mais Monsieur de Valfrancique a horreur de la vulgarité (Note de l’éditeur).

(Cédric de Valfrancisque n’aura pas le temps de décocher un coup de pied dans les fesses de l’avorton parti se réfugier, en pleurnichant, dans les jupons de la vieille Marquise, née Trogneux.

Saisi prestement par les argousins de Castaner, il est aussitôt embastillé.

Aux dernières nouvelles, il était « confiné » au Château d’If…)

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