Nous sommes à une époque charnière de notre histoire. Au moment où les français éprouvent de plus en plus de réticence pour la politique, à seulement quelques kilomètres de Perpignan un référendum sur la création d’un nouvel état était à l’ordre du jour le 1er octobre 2017. Ce référendum devait mobiliser non seulement toute la classe politique catalane, mais surtout la société civile. Le peuple catalan a souhaité s’exprimer sur son devenir collectif et prendre les choses en main, au grand dam de Madrid et de L’Union Européenne.

En France, on râle et on traîne les pieds, comme si la résignation résumait à elle seule les effets secondaires d’une indigestion électorale. Le suicide collectif n’est pas un remède, mais la prise en main des affaires publiques par la base, c’est-à-dire par nous, le peuple, l’est !

TerritorialitéQue dire des corses qui, eux, tout en étant sous administration française, réussissent peu à peu une véritable décentralisation avec un renforcement de l’exécutif local. Cela est rendu possible grâce à la ténacité des militants nationalistes et à la préservation d’une singularité identitaire, véritable ciment sociétal, mais également, et il faut le souligner, grâce à la maîtrise des outils juridiques mis à la disposition de toutes les collectivités territoriales. Cet outil c’est l’Article 72 de la Constitution qui permet l’obtention d’un statut dérogatoire permettant la fusion du Conseil Départemental et Régional en une seule collectivité territoriale.

Le régionalisme est souvent décrié. Par méconnaissance ? Par positionnement politique dépassé ? Par peur de se prendre en main ? Le régionalisme est l’objet permanent de procès d’intention. On l’accuse de vouloir casser l’unité de la France. Question : le mot unité est-il synonyme d’uniformité ? Ce qui est valable pour une région, l’est-il aussi pour une autre ? Les exemples en matière de décentralisation réussie, de fédéralisme ou confédéralisme en Europe ou dans le monde sont légion. Seulement la tradition jacobine française rend parfois hystérique tout débat sur la question, quand elle ne l’inhibe pas tout simplement. Or cette « coutume » jacobine, qui a pu compter pour certains, est aujourd’hui dépassée, anachronique même, et elle ne doit pas, elle ne doit plus faire office de loi commune. Que dit la Constitution à ce sujet ? Timidement bien sûr : L’Article premier à son premier alinéa, stipule que si « La France est une République indivisible », « son organisation est décentralisée [1]». Le débat est donc ouvert et ne peut plus être botté en touche.

Une des pistes à explorer est de définir les outils ainsi que les orientations qui s’inscrivent dans le champ du possible, en ne nous interdisant pas l’innovation en matière d’idées territoriales. Les enjeux sont les suivants : comment assurer la pérennité de l’identité charnelle dans l’évolution actuelle de notre société où le nomadisme prend le dessus sur l’enracinement ? Comment influencer, et donc agir politiquement, sur le terrain de la décentralisation et le renforcement de l’exécutif local ? Quel avenir souhaitons-nous apporter aux communes, premier échelon de la démocratie locale, face au monopole toujours grandissant des métropoles cosmopolites ou l’anonymat est la règle première ? Quelle doctrine le mouvement identitaire peut-il construire autour du principe de subsidiarité ? Comment réarticuler des corps intermédiaires, aujourd’hui inexistants, afin de contrebalancer un pouvoir politique, tous gouvernements confondus, de plus en plus coercitif et envahissant ?

Enfin, l’idée « territoriale – régionaliste » serait sans saveur si elle n’était pas accompagnée de l’idée du ré-enracinement qui va de pair avec une revitalisation de nos campagnes. Le monde rural se porte mal. Il est délaissé au profit de ces mille Babylone qui pullulent partout en France. Revitaliser les campagnes, c’est vouloir réactiver, sans romantisme aucun, une activité agricole plus saine et profitable à tous. Revitaliser les campagnes, c’est offrir la possibilité à de nombreuses familles de réintégrer, ou de se réapproprier l’idée d’une communauté de proximité, d’une solidarité autre que fiscale : humaine.

TerritorialitéL’idée générale est la suivante : le régionalisme a pour vocation d’articuler tout à la fois la transmission identitaire, et de la faire vivre, de renforcer l’exécutif local et de satisfaire les besoins humains dans le respect de la nature. Cette alchimie politique peut se réaliser en tant qu’éco-région autonome. Simple concept ou future réalité ?

Enfin, comment intégrer l’idée régionaliste en prenant en compte la dimension européenne de notre combat, c’est-à-dire en mettant au-dessus de tout, ce qui nous définit par un socle commun : notre civilisation.

[1] Révision constitutionnelle du 28 mars 2003

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