D’après Cédric de Valfrancisque

 

« Je n’ai jamais vu un monde aussi dégueulasse que la politique. »

(Bernard Tapie, qui en a pourtant bien croqué en étant député, ministre, député européen et éphémère président du Mouvement des Radicaux de Gauche).

Bernard Tapie est mort, le 3 octobre 2021, dans son hôtel particulier de la rue des Saints-Pères (1). Aussitôt Macron, Castex, le gros Larcher, Muselier, Sarkozy, Hollande et quelques autres faisans de moindre importance, lui ont rendu un vibrant hommage. L’après-midi même de son décès, un hommage était organisé dans le Stade-Vélodrome de Marseille. Une chapelle ardente se tient dans le stade marseillais. Ses funérailles se dérouleront le vendredi 8 octobre en la Cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille, après quoi il sera inhumé dans le cimetière Mazargues.

Je suis surpris qu’on n’envisage pas de le faire entrer au Panthéon !!!!

Les éloges dithyrambiques autour de son décès sont choquants, indécents, indignes, même venant d’une « république bananière », mais ils illustrent parfaitement le niveau de pourrissement – moral et mental – de notre pauvre pays, car Tapie, c’est d’abord, surtout et avant tout, un menteur, un bonimenteur, un bluffeur, un voyou et un escroc (moult fois condamné).

Certes, on peut m’objecter que La III° République, la « République des francs-maçons », a connu l’affaire Stavisky : le scandale du Crédit Communal de Bayonne dans lequel « le beau Sacha » avait détourné plus de 200 millions de francs de l’époque. Il avait été poursuivi à plusieurs reprises au cours des années précédentes et relaxé… 19 fois. Mais Stavisky a mal fini. A sa mort, le « Canard enchainé » titrait : « Stavisky se suicide d’un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant ».

Un quotidien de droite écrivait, non sans humour : « Stavisky s’est suicidé d’une balle tirée à trois mètres. Voilà ce que c’est que d’avoir le bras long ». On n’a pas fait de lui un ministre. Et puis, dans un pays qui savait encore s’indigner, l’affaire Stavisky a provoqué les émeutes du 6 février 1934.

Léon Daudet, l’une des bonnes plumes de l’ « Action Française », inventa pour l’occasion le néologisme de « stavisqueux » pour désigner les complices de Stavisky. La démission du ministre des colonies, Albert Dalimier, franc-maçon (2), compromis dans le scandale, entraina la chute du cabinet Chautemps tout entier : la France d’alors avait encore quelques principes.

Mais revenons à « Nanard » Tapie. Il faudrait des dizaines de pages pour raconter, par le menu, le parcours de celui qu’une presse complaisante a surnommé « l’homme aux 1000 vies » alors même que sa vie ne fut pas « un long fleuve tranquille » mais un torrent de gadoue bien merdeuse…

Commençons par le début : ses origines sont – déjà ! – un énorme bobard : « Nanard » Tapie se déclare fils du peuple, comme Maurice Thorez, et se dit fier d’être un prolo. Il parle (ou il éructe) comme un prolo pour se faire pardonner son luxe insolent de parvenu. En fait, son père était bien, au départ, ajusteur-fraiseur mais il deviendra patron de PME. Ce père était lui-même le fils d’un paysan ariégeois. « Nanard » a eu l’enfance normale d’un petit bourgeois choyé et gâté par ses parents.

Il s’invente ensuite un cursus scolaire : « diplômé » voire « ingénieur » de l’Ecole d’Electricité Industrielle de Paris. D’après Christophe Bouchet, « il a pour unique bagage un certificat d’études primaires » et il ajoute : « il perpétuera la tradition du mensonge dans d’autres domaines pour se concocter un itinéraire décent et aguicheur ». C’est assez bien synthétisé !

Puis il part faire son service militaire au 93° RI au camp de Frileuse. Je le revois encore disant, sur un plateau-télé « Quand j’étais à l’école d’officiers (sic), j’étais devant les fils de bourgeois ». Il semble qu’il a bien rejoint un peloton d’EOR mais il a échoué à l’examen. Il est libéré en octobre 1963 avec le grade de sergent. Mensonge là encore !

Ensuite, il vend des téléviseurs dans une petite boutique à l’enseigne de « Téléconfiance ». En 1966, il ouvre son propre magasin, qui, malgré son art du baratin, périclite rapidement.

En 1974, il fonde la société « Coeur Assistance », qui propose, sur abonnement payant, un boîtier déclenchant une alarme en cas de crise cardiaque, ce qui lui vaudra d’être condamné à un an de prison avec sursis pour publicité mensongère et infraction à la législation sur les sociétés.

Aussi narcissique qu’ambitieux il essaie, en parallèle, de percer dans d’autres domaines : Il tente une carrière dans le cinéma (sous le pseudo de Bernard Pascal), puis il pousse la chansonnette chez RCA (sous le nom de Bernard Tapy), sans le moindre succès.

Il s’invente aussi une carrière d’ingénieur chez Panhard, et pratique la course automobile (3), carrière à laquelle il renonce très vite, après un accident pourtant bénin (4) dont il sort indemne.

Puis, par un coup de génie (ou de baguette magique ?), il devient « ingénieur-conseil » en redressement d’entreprises et se spécialise dans le rachat de sociétés en dépôt de bilan.

Quand on sait qu’en France, la plupart des Tribunaux de Commerce sont aux mains de francs-maçons, on est en droit de s’interroger car, dès 1980, la carrière de Tapie s’emballe : à la suite du dépôt de bilan de Manufrance prononcé par le Tribunal de Commerce de Saint-Étienne, il obtient l’exploitation de la marque. Il fait parler de lui, la même année, après avoir racheté, très en dessous de leur valeur, les châteaux du dictateur centrafricain Jean-Bedel Bokassa (5).

Ensuite, Tapie accélère le rythme des rachats d’entreprises : Terraillon, rachetée 1 franc en 1981 et revendue 125 millions de francs en 1986; Look, rachetée 1 franc en 1983 et revendue pour 260 millions de francs en 1988; La Vie claire, rachetée 1 franc en 1980 ; Testut, rachetée 1 franc en 1983 et revendue en 1999 ; Wonder, rachetée 1 franc en 1984 et revendue 470 millions de francs en 1988; Donnay, rachetée 1 franc en 1988 et revendue 100 millions de francs en 1991…

Arrêtons là cette litanie ! Quelles sont, à votre avis, les forces occultes qui ont permis à un aigrefin de racheter les entreprises au franc symbolique, de licencier leur personnel et de gagner des ponts d’or en revendant leurs actifs ? Je n’ai pas la réponse, mais j’ai bien une vague idée.

Notre mégalomane est également passionné de sport et, là encore, tout lui réussit, enfin presque : En 1982, il rachète le voilier « Phocéa » d’Alain Colas et en 1988, « il bat le record de la traversée de l’Atlantique nord en monocoque avec équipage, en 8 jours, 3 heures et 29 minutes (2 jours de moins que le record établi par Tabarly en 1980) ». Tapie était à bord en tant…qu’armateur mais il trouve là une nouvelle occasion de faire parler de lui. Plus tard ce bateau, non déclaré au fisc, lui vaudra des ennuis avec la justice. Au final, il le vendra pour solder ses dettes.

Ensuite, sur les conseils de son ami Borloo, richissime avocat d’affaires, « Nanard » décide de reprendre l’Olympique de Marseille (OM). Ancienne gloire du football français, l’OM végète et n’a plus gagné de titre depuis 1976. Il rachète l’OM, pour… le franc symbolique, ben voyons !

Sous sa direction, le club engage à prix d’or des grands joueurs. Ne me demandez pas leur nom, j’ai horreur du foot. L’OM remporte quatre titres de Champion de France consécutifs, joue quatre finales de Coupe de France dont une gagnée en 1989, deux demi-finales de Coupe d’Europe et deux finales de Ligue des champions, dont une gagnée en 1993 face au Milan AC.

Un bilan « magnifique, exceptionnel », diront les thuriféraires de Tapie que la terre ne porte plus et qui se voit déjà, en 1995, maire de la cité phocéenne. Hélas les choses ne se passent pas comme prévu : dans l’affaire du match truqué OM-Valenciennes, Tapie est condamné, le 15 mai 1995, à deux ans de prison dont un ferme, peine ramenée en appel en novembre 1995 à deux ans de prison, dont huit mois ferme, et une inéligibilité de trois ans. À la suite de sa condamnation, il sera déchu de son mandat de député. Comme toujours avec Tapie, cette affaire divise l’opinion. Les uns y voient la révélation suprême de son arrivisme sans foi ni loi ; les autres contestent l’acharnement contre un homme issu du peuple et qui réussit dans les affaires.

Souvenons-nous simplement que l’affaire OM-Valenciennes a conduit le club à la faillite.

Disons un mot, juste pour mémoire, de l’émission « Ambitions », en 1986, qui a fait un bide, et des écoles de commerce estampillées « Bernard Tapie », exclusivement réservées aux jeunes au chômage ou sans formation scolaire : la « discrimination positive » avant l’heure. Il en ouvrira huit qui fermeront toutes en 1994, lorsqu’il sera déclaré en faillite.

Concluons par le parcours politique de Tapie. Jusqu’à sa rencontre avec François Mitterrand, Tapie, si l’on en croit son ex-collaboratrice Noëlle Bellone, est un homme de droite, de cette droite libérale, mondialiste, et qui adule le fric-roi. En 1986, Tapie quémande une investiture au RPR dans une des circonscriptions de Marseille.

Malgré le soutien de Pasqua, le parti gaulliste refuse. L’année suivante, Jacques Séguela, ami de Mitterrand et de Tapie, organise une rencontre entre les deux hommes. Faut-il parler de coup de foudre réciproque ou d’association de malfaiteurs ? Les deux sans aucun doute.

Mitterrand est cultivé, intelligent, arriviste, machiavélique ; Tapie est inculte, grande gueule, roublard, plus rusé qu’intelligent mais ils ont un point commun : ils sont sans foi ni loi et prêts à tout pour arriver à leurs fins. « Nanard » deviendra donc le bouffon du roi François de Latché.

A la demande de son nouveau maître, il accepte de se présenter sous l’étiquette « Majorité présidentielle » aux élections législatives de Marseille en 1988. Pour mener une campagne éclair, il s’entoure de proches du milieu corso-marseillais. Il organisera même un faux attentat à la bombe contre sa permanence « pour sensibiliser les indécis » à la veille du scrutin. On se souvient du faux attentat de l’Observatoire monté par Mitterrand ; ces gens-là sont comme les cons d’Audiard : ils osent tout mais n’ont pas l’excuse d’être des cons, ils sont, simplement, complètement « pourris ».

Sa carrière politique est lancée, il devient député de Marseille en 1989.

Lorsque Mitterrand décide, en avril 1992, de remplacer Édith Cresson par Pierre Bérégovoy, il lui impose la présence de « Nanard » au sein du gouvernement. Le président demande toutefois à Tapie de se retirer totalement des affaires. Tapie se dit « fou de joie », accepte de quitter les affaires mais demande qu’on lui crée un ministère sur mesure : le ministère de la Ville, chargé de s’occuper des quartiers difficiles. François Brigneau lui trouvera alors un surnom qui lui va merveilleusement bien : « ministre des vils ». Et « Nanard » va injecter des millions – l’argent du contribuable – dans les territoires perdus de la République…pour RIEN (et depuis lors, on continue allègrement !).

A la suite de ses démêlés judiciaires, Tapie sent le soufre et les experts politiques ne voient dans ses succès, tous acquis dans les Bouches-du-Rhône, que sa popularité restante de président de l’OM. Mais Mitterrand veuille et il a besoin de lui pour « flinguer » définitivement les ambitions politiques de Michel Rocard. Il lui conseille de se doter d’un parti politique, ce que Bernard Tapie fait en rejoignant le Mouvement des Radicaux de Gauche, dès la fin 1993 (6).

À l’approche des élections européennes de 1994, Tapie interroge François Mitterrand sur l’opportunité ou non, selon lui, de conduire sa propre liste, pari risqué compte tenu des sondages.

Mitterrand, malin, le convainc de faire campagne. « Dans un sens ou dans l’autre, vous serez fixé sur votre avenir politique : la vérité ne sort que des urnes », argue « le Florentin ».

Le 12 juin 1994, la liste « Énergie radicale » conduite par Tapie (qui a fait la campagne la plus pro-européenne, dans un scrutin marqué par le succès des listes anti-européennes) obtient 12,03 % des voix ; à deux points de la liste du PS conduite par Rocard, ce qui va sceller le destin politique de ce dernier. Michel Rocard en gardera une rancune tenace à l’égard de Tapie, et dira qu’il a été abattu par « un missile nommé Tapie tiré depuis l’Élysée ».

Les affaires judiciaires sont l’aspect le plus sulfureux de la vie tumultueuse de ce voyou.

En 1995, l’affaire OM-Valenciennes, on l’a vu, lui vaut d’être condamné à deux ans de prison dont huit mois ferme et trois ans d’inéligibilité. Il est reconnu coupable de complicité de corruption et subornation de témoins. Il passe près de six mois (165 jours) en prison.

Deux ans plus tard, il est encore condamné, cette fois pour fraude fiscale. Au cœur de cette affaire: un navire de luxe appartenant à une filiale de la Financière immobilière Bernard Tapie.

En 1998, nouvelle condamnation pour ses pratiques financières à la tête de l’OM.

Les détournements de fonds sont évalués à plus de 15 millions d’euros. Il écope de trois ans d’emprisonnement avec sursis, un peu plus de 45.000 euros d’amende et cinq ans de privation de ses droits civils et civiques. Et c’est ce personnage plus que douteux que notre classe politique encense !

Le dernier avatar de la vie de « Nanard » Tapie ferait presque rire s’il n’était pas pitoyable : c’est l’histoire de l’arroseur arrosé (ou du pompier-pyromane). Le week-end, le couple Tapie résidait au « Moulin du Breuil » en Seine et Marne. Tapie avait acheté cette propriété en 2010 à travers une société… anglaise. Dans la nuit du 3 au 4 avril 2021, lui et son épouse y sont victimes d’un cambriolage au cours duquel ils sont violentés et ligotés par des racailles de banlieue.

L’ex « ministre des vils », qui a tant fait pour favoriser la faune allogène, est bastonné chez lui par des représentants de l’espèce. Même en matière d’intégration, il avait tout faux !

En fait, la vie de Tapie, c’est une histoire marseillaise, une galéjade comme on dit là-bas, qui pourrait plagier le titre d’un western de Sergio Léone « Le bon, la brute et le truand ». Le bon, avec un « B » comme… crocodile, c’est le crétin marseillais qui a adulé un président qui faisait gagner l’OM (en truquant, au besoin, les matchs); la brute, c’est le supporter abruti des soirs de match, quand peinturluré aux couleurs de son club et shooté à la bière, il vocifère « Allez l’OM ! » ; le truand, c’est celui que les Marseillais ont élu, encensé, aimé, déifié, porté aux nues : c’est « Nanard » le gouailleur, la grande gueule, le titi parisien devenu marseillais de coeur, entendez par là, l’endroit où se trouve le portefeuille. En 2016, sa fortune était estimée à 150 millions d’euros : une paille !!!!

Tapie aura été la carpette de Mitterrand, la serpillère du PS affairiste, le tapis de prière d’un Islam envahissant, et le paillasson d’une « ripoux-blique » totalement corrompue.

Le lendemain du décès de « Nanard », le grassouillet Patrick Co-haîne, la bonne conscience (de gauche) du service public, cet ancien trotskiste qui en connait pourtant un rayon en matière de « planches pourries » puisqu’il se complait à les interviewer, déclarait en guise d’épitaphe :

« Bernard Tapie a toujours pensé qu’on ne pouvait pas réussir sans tricher ». Tout est dit !

Certains trouveront sans doute que je ne suis pas tendre avec ce brave « Nanard ». Ils lui trouveront même des qualités, des vertus (et des excuses), pourquoi pas après tout ?

Pour ma part, je me souviens qu’en janvier 1992, il déclarait lors d’un meeting électoral :

« Si l’on juge que Le Pen est un salaud, alors ceux qui votent pour lui sont aussi des salauds ».

Pourquoi n’aurais-je pas le droit de traiter d’ordure un type qui me traite de salaud ?

 

 

Notes :

1)- Hôtel particulier saisi par la justice il y a des années mais toujours occupé par Tapie, bizarre non ?

2)- Membre de la loge « Les philanthropes réunis ».

3)- En « Formule 3 » chez Matra où il fallait payer pour obtenir un volant.

4)- Lui prétendra avoir fait trois jours de coma : mensonge encore et toujours !

5)- Sur plainte de Jean-Bedel Bokassa, le Tribunal d’Abidjan fera annuler la vente. Jugement confirmé le 10 décembre 1981 par un jugement exécutoire du Tribunal de Grande Instance de Paris.

6)- Sachant que le MRG est, depuis toujours, un repaire de francs-maçons, on peut s’étonner que ces notables laïcards aient choisi Tapie comme président, sauf s’il était lui aussi « frère la gratouille ».

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