L’analyse de Martial Roudier
Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 3 –
Depuis que les pourparlers de Genève pour la Syrie ont été interrompus pour être reportés, un espoir de cessez le feu est apparu lors des accords de Munich le vendredi 12 février. En effet, les deux grandes puissances que sont les Etats Unis et la Russie avaient convenu d’un arrêt des bombardements hormis sur les troupes d’Al Qaida et de Daesh. Etant convenu que Daesh est devenu le « meilleur ennemi des grandes puissances », cet accord apparaissait tout de même comme une grosse avancée en terme diplomatique.
Syrie: situation à la frontière turque
Las! il n’a pas fallu attendre très longtemps pour que cet espoir ne vole en éclats. En éclats d’obus plus précisément ! Et de la part d’un intervenant dont nous avions déjà souligné la duplicité. En effet, deux jours seulement après ces accords, la Turquie s’est empressée d’intervenir depuis sa frontière et s’est mise à bombarder massivement afin de contrer une offensive d’ampleur qui a eu lieu la semaine dernière au sud de son territoire. Les troupes de l’Etat Islamique auraient elles trouvées un regain d’énergie sous forme de fanatisme religieux dopé au Captagon ? Si tel avait été le cas, l’armée turque aurait eu le soutien de la Communauté Internationale et même le mien! Mais les troupes bombardées sont celles des forces kurdes (PYD et YPG) qui sont l’ennemi générationnel du président turc M. Erdogan.
En effet, bénéficiant de l’avancée des forces pro-gouvernementales au nord d’Alep autour de l’ex-poche de Zarhaa ainsi que de l’appui aérien russe, les forces kurdes de la province d’Afrin ont fait mouvement en direction de l’Est. Elles se sont emparées d’un territoire important et se trouvent désormais directement au contact de l’Etat Islamique dans ce fameux couloir tenu il y a peu par les FSA et le Front Al-Nosra. La teneur des accords entre les forces kurdes et les forces loyalistes ainsi que celles de Moscou n’est pas très claire mais il est indéniable que les forces kurdes bénéficient d’un régime de faveur. Ils « bénéficient » également de bombardements incessants de la part de la Turquie qui n’hésite pas à jeter de l’huile sur le feu pour son propre intérêt en prétextant un attentat à la voiture piégée survenu dans la capitale Ankara mercredi 17 février.
Déploiement massif de matériel militaire donc à la frontière turco-syrienne coté turc. Beaucoup d’artillerie ainsi que des chars et de l’aviation qui pourraient présager d’une invasion terrestre du nord de la Syrie. Rappelons que la Turquie est bien évidement membre de l’OTAN (depuis 1952) et que ses multiples provocations envers la Russie et les bombardements des forces kurdes pourraient avoir de graves conséquences par le fait des liens unissant les pays membres du traité nord atlantique en cas d’agression de l’un des signataires. Rappelons également pour illustrer la complexité locale, que les forces kurdes sont armées et formées directement, entre autres, par les Etats Unis.
Syrie: état sur le reste du front