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  • Bordeaux

 

Beaucoup de monde à la manif de Bordeaux centre, samedi 1 décembre. 3 fois plus, au moins, que la semaine précédente. Le préfet l’avait interdite, cela a certainement découragé beaucoup de protestataires. Si le 27 novembre la police avait accompagné la foule, canalisant la circulation pour éviter les incidents, cette fois-ci, le déroulement a été moins calme. La police, bien qu’en effectif assez réduit, a bloqué le cortège, et utilisé lacrymogènes et flashballs pour compenser son infériorité numérique. Résultat : de nombreux blessés dont certains graves, les flashballs ayant touché au visage des manifestants. Les gauchistes ont réussi à s’introduire dans la foule mais ont finalement pu être expulsés. Même chose pour le cortège des syndicats qui est arrivé avec voitures et sonos et qui a été reçu avec des sifflets et a piteusement fait demi-tour. 

Ce que nous avons partagé c’est un moment chaleureux de révolte, de refus de ce que ce gouvernement nous impose : l’asphyxie financière des travailleurs et des retraités sous des prétextes mensongers de catastrophe climatique.

Ne lâchons rien. Nous sommes le pays, nous sommes la France. Ils doivent partir.

 

 

  • Toulouse-Muret

 

Le péage de Muret est particulièrement symbolique, à l’entrée sud de Toulouse, d’abord parce que c’est un insupportable octroi urbain que doivent payer tous ceux qui veulent entrer en ville depuis les campagnes des vallées de la Garonne (3,60 euros – 24 francs – un véritable racket au profit de Vinci). Ensuite, parce que c’est par là que passe tout le trafic international en provenance du Portugal et du nord et de l’est de l’Espagne vers l’Europe centrale et du Nord.

Le péage avait été libéré la veille par la gendarmerie à un moment de moindre vigilance des Gilets jaunes ; il fallait donc impérativement le reprendre au plus vite. Il faut signaler que pour éviter que le péage soit repris, Vinci avait barré les parkings latéraux afin qu’on ne puisse plus y garer nos véhicules pendant notre temps de présence et d’occupation. Méchante mesure mesquine et vexatoire, qui ne fit que renforcer notre détermination.

Donc, en retour immédiat : réunion nocturne secrète d’une centaine de personnes sur un parking, organisée par le « bouche à oreille », repérage d’autres voies d’accès par les champs et décision d’une opération à une centaine pour reprendre le péage le vendredi soir à 22 heures.

Ce qui fut dit fut fait. On s’est retrouvé donc à l’heure dite, en rase campagne, à quelques encablures de l’objectif. Des hommes, des femmes, des jeunes, des plus âgés, des ruraux, des rurbains, des étudiants, des chômeurs, des artisans, des retraités, des employés, des cadres, bref, la France périphérique en colère, tenue de campagne et chaussures de crapahut de rigueur.

D’un bond et comme par un seul homme le dernier obstacle a été franchi, puis c’est le rush. En moins d’une minute sont investis les deux côtés de l’autoroute, en moins de 5 minutes sont approvisionnés les gros plots rouges et blancs prélevés sur le stock de Vinci pour fermer et baliser le passage, levé les barrières et repris possession de l’ouvrage. Il est à remarquer que les femmes ont été encore plus vaillantes que les hommes.

Le péage était repris, cela fut fait sans recours aux pages Facebook surveillées, simplement par le « bouche à oreille ». Ce n’est qu’après deux heures que l’on vit arriver un pauvre fourgon de gendarmerie dont descendirent un vaillant maréchal des logis accompagné d’un seul gendarme. Comme on lui demandait s’il attendait des renforts d’encadrement, l’homme de forte stature et de belle allure répondit d’une voix de stentor : « Les renforts c’est moi ».

Révélation donc de l’épuisement des troupes et du manque d’effectifs après plus de 15 jours d’astreinte et alors que la province a été dégarnie pour protéger les lieux de pouvoir à Paris.

 

  • Toulouse – ville

 

Le lendemain samedi manifestation dans les rues de Toulouse. Ce n’était pas la très grosse affluence. Au plus fort, nous n’étions que quelques milliers. En revanche, la journée fut très riche d’enseignements politiques du plus haut intérêt.

Point de rassemblement situé au Fer à Cheval ; tout ce que Toulouse comptait de vieux et de jeunes activistes gauchistes était là, prêts à la manœuvre pour encadrer la manif. Sans aucun doute ce sont bien les gauchistes qui ont pris les commandes, mais sans aucun signe ostentatoire, ni bannières ni drapeaux permettant de les identifier. Seuls les mégaphones et les slogans permettaient de les reconnaître. Encore fallait-il avoir l’œil : CNT, NPA, France Insoumise, trotskistes… Détail amusant, quelques-uns n’avaient pas pu enlever tous les badges et pin’s de leurs sacs à dos… Pas de CGT, pas de communistes, de toute manière ces zombies sous perfusion ne représentent strictement plus rien et personne ne voulait les voir. Ils ont bien tenté d’organiser leur propre cortège mais personne ne les a vus et on a même rencontré une de leurs affidées, isolée, qui nous demandait le chemin pour les retrouver… en vain bien sûr.

Un militant gauchiste pas très jeune, particulièrement typique, était en train de distribuer des tracts à l’ancienne. C’était un ancien autonome (courant anarchiste révolutionnaire ultra-marginal), sympa, ouvert, détendu…

Belle ambiance révolutionnaire, respect, solidarité sainte des vrais militants, des vrais radicaux, même adversaires, qui savent se reconnaître et se calculer. C’est rare (donc à souligner) de voir gauchistes et patriotes de la Ligue due du Midi du même côté de la barricade…

À signaler également, la présence de nos amis de la Manif pour tous. Le très gros enseignement politique de la journée se résume à ceci, il m’a été formulé de manière quasi unanime : « On est tous d’accord pour renverser ce pouvoir, pour libérer le pays, on le fait tous ensemble et ensuite on s’expliquera, nous, pour savoir quelle suite donner et comment tout remettre à plat.’’

L’autre gros enseignement du jour concerne les forces de l’ordre. Très, très peu de forces de l’ordre visibles sur le parcours. Manifestement, la province avait été dégarnie pour protéger les lieux de pouvoir à Paris. Cela confirme bien le premier constat que nous avions fait la veille au soir sur le péage de Muret.

En tout et pour tout, pas plus d’une soixantaine de policiers à la manœuvre. Un point dur s’est fixé sur les boulevards quand le cortège est passé devant l’entrée de la rue Bayard qui conduit à la gare de Matabiau. Manifestement, des consignes très strictes avaient été données pour interdire l’accès à la gare.

Tout le monde ne le sait pas, mais la semaine dernière, certains Gilets jaunes avaient fait savoir à la direction régionale Occitanie de la SNCF qu’ils demanderaient la mise à disposition de trains gratuits pour Paris. Fin de non-recevoir méprisante de la part de la SNCF. Par conséquent, le pouvoir devait s’attendre à un investissement massif de la gare à titre de revanche à un moment ou à un autre.

Une soixantaine seulement de personnels de police pour barrer l’accès à 2.000 personnes environ, la réaction policière a été extrêmement violente, immédiate et radicale pour éviter la submersion.

C’est alors que des barricades se sont immédiatement dressées en travers du boulevard. Et que de violents échanges ont eu lieu.

À signaler, et c’est particulièrement significatif, que les gauchistes à la manœuvre sur la barricade ont demandé à un jeune patriote portant un drapeau français de lancer une vibrante Marseillaise reprise en chœur par les manifestants en union sacrée sous les lacrymogènes et les grenades de dés-encerclement.

Très émouvante séquence dans l’esprit des révolutions romantiques du 19e siècle.

 

 

  • Ardèche

 

Au Pouzin, de violents affrontements ont opposé des manifestants et les forces de l’ordre. Selon plusieurs témoignages, les échauffourées auraient commencé sous le pont de la voie ferrée, après une altercation musclée entre un manifestant et un gendarme. Notre correspondant local a vu des gendarmes traîner à terre un jeune pour l’isoler. Ils l’ont emmené derrière le pont de la Rotonde, à l’entrée du complexe sportif Lili-Moins, où les forces de l’ordre ont établi leur base. Cette interpellation aurait créé un mouvement du côté des manifestants. Toujours selon notre correspondant, un groupe de gilets jaunes s’est dirigé vers les gendarmes. C’est à ce moment-là que les militaires ont chargé à coup de matraques et de gaz lacrymogène. Plusieurs manifestants se sont ensuite emparés de palettes et de poubelles, puis y ont mis le feu pour bloquer le rond-point de la Rotonde. Les gendarmes, eux, sont restés de l’autre côté du pont.

Des gilets jaunes de Valence et Portes-lès-Valence ont rejoint ceux du Pouzin. Du côté des gendarmes, des renforts sont aussi venus de la Drôme. La situation a rapidement dégénéré, avec des tirs de flashball et de gaz lacrymogène du côté des forces de l’ordre ; puis des jets de grosses pierres et de verre de l’autre côté.

Un homme de 63 ans a été blessé à la jambe. Deux autres personnes seraient également blessées selon les manifestants. D’après les forces de l’ordre, dix gendarmes seraient aussi blessés, dont un, de la réserve de gendarmerie de l’Ardèche, dans un état grave après avoir reçu un pavé dans la tête. Selon la préfecture de l’Ardèche, un manifestant armé d’un couteau et de projectile a été arrêté au début des échauffourées.

Une rumeur a circulé dans la soirée : la mairie du Pouzin aurait été incendiée. En fait, le feu se situe entre la mairie et la Poste. Il s’agit de barrières incendiées.

Une quarantaine de gendarmes sont toujours mobilisés à 21h30. Il reste une cinquantaine de manifestants sur place. Ils sont peu nombreux à porter des gilets jaunes désormais. Des personnes, qui n’étaient pas présentes lors de la manifestation cet après-midi, se sont jointes aux manifestants au moment des affrontements. Les gendarmes attendent de nouveaux renforts.

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