Chartres

Le billet de Thierry Lafronde

       Pour prolonger un article publié dans Lengadoc-Info le 6 juin 2017, quelques réflexions, retour de la 35ème édition du désormais traditionnel pèlerinage reliant les deux cathédrales de Notre Dame, de Paris et de Chartres qui vient de se dérouler du 3 au 5 juin 2017.

        Quelques données pour comprendre ce pèlerinage à contre temps, où le pèlerin va souffrir pendant 3 jours en marchant plus de 100 kms, prier, chanter et vivre de façon frugale. Le record des 12.000 pèlerins inscrits l’année précédente a été battu et, désormais, la renommée internationale du pèlerinage est bien ancrée avec la participation de groupes, appelés chapitres, derrière les bannières des États Unis, Russie, Corée du Sud, Indonésie, la plupart des pays européens, et celles du Moyen Orient, notamment de Syrie.

        Durant les trois journées de la Pentecôte, le chapelet des chapitres a déroulé son long cortège de plusieurs kilomètres  pour parcourir les 104 kms à travers Paris intra muros, la vallée de la Chevreuse, la forêt de Rambouillet, les plaines de Beauce. Trois étapes différentes, la première de 45 kms après une messe très matinale, selon la forme extraordinaire en latin, dans la majestueuse cathédrale de Notre Dame de Paris, la seconde de 35 kms avec une messe selon le même cérémonial vers midi en plein champ, la dernière, plus courte de 24 kms avec une messe qui clôture le pèlerinage au milieu de l’après midi dans, et sur le parvis de la cathédrale aux deux clochers de Notre Dame de Chartres.

        Ce pèlerinage a été repris par l’écrivain poète Charles Péguy au début du XXème siècle, qui l’a fait avec quelques amis, notamment la veille de la première guerre mondiale. En 1983, il a été réactivé selon l’esprit voulu par les frères Charlier. Depuis, il a lieu tous les ans sans discontinuité et son succès est croissant.

        Ce qui frappe c’est la grande jeunesse des participants. Cette année la moyenne d’âge des pèlerins est établie à 22 ans. On y trouve de nombreuses troupes scoutes mais, surtout, des étudiants qui se retrouvent d’année en année pour vivre leur foi catholique avec entrain et ferveur. Un chapitre “famille” permet aux plus petits de participer de façon adaptée, ainsi que ceux qui souffrent de certains handicaps avec le tout récent chapitre “Saint Gilles”.

        Cette année, le thème choisi était de célébrer Sainte Marie, Mère de Dieu, en prélude aux célébrations qui seront faites pour le centenaire des apparitions de Fatima au Portugal en octobre prochain. A Chartres, les pèlerins eurent la surprise de contempler en procession introductive à la messe finale la relique du voile de la Vierge Marie qui est exposée en permanence dans cette cathédrale.

        Deux bivouacs en pleine nature voient tout un grand village de plus de 10.000 personnes se monter pour permettre aux pèlerins de se reposer entre deux journées de marche. L’organisation est bien rodée : dans la frugalité et la bonne humeur tout ce petit peuple cohabite avec bienveillance et joie.

Un système de double sac, un plus lourd que l’on retrouve aux bivouacs, un plus léger pour les journées de marche permet aux pèlerins de marcher dans de très bonnes conditions matérielles.

        Montpellier envoie régulièrement le chapitre “Saint Roch”, réputé pour son dynamisme et sa jeunesse. Quand on sait que Saint Roch est le patron de tous les pèlerins du monde chrétien, on ne peut qu’être motivé pour y participer.

        Quelques réflexions relatives à ce pèlerinage. Tout d’abord, l’affluence record et le chiffre croissant de pèlerins d’année en année. En 1983 il y avait un seul pèlerinage, Paris- Chartres, et quelques 5.000 participants, une moitié de « quinquas », une autre moitié de jeunes autour de 20 ans. En 2017, il y a deux pèlerinages, le plus important en nombre est organisé par l’association Notre Dame de Chrétienté, dans le sens Paris-Chartres, avec plus de 13.000 participants, et celui dans le sens Chartres-Paris, plus traditionnaliste (les « Lefebvristes » de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X) avec quelques 7.000 participants. La moyenne d’âge est établie à 22 ans, avec environ 80% de jeunes, voire très jeunes. On a donc multiplié en 35 ans les chiffres par quatre et rajeuni la moyenne d’âge des pèlerins.

        Ensuite, les motivations. Prier Dieu, vivre et partager sa foi chrétienne, faire une pause spirituelle dans le tumulte de sa vie, retrouver la valeur de l’existence, les vraies richesses et priorités de l’existence dans un monde hyper matérialiste et libertaire. On pourrait rajouter aussi pour ces nombreux jeunes la possibilité de rencontrer l’âme sœur et de fonder un foyer solide qui donnera de beaux fruits. La présence des familles nombreuses et joyeuses, avec bien plus de trois enfants, atteste que la famille traditionnelle n’est pas une image ringarde et dépassée. Du reste, la présence de nombreux « sweats » avec le logo La Manif Pour Tous, notamment aux bivouacs, est un clin d’œil évident à cette révolte sympathique et saine qui dure. Le quinquennat de Hollande aura eu le mérite de réveiller cette France trop discrète jusque là.

        Enfin, la crédibilité de la foi chrétienne dans ce monde déboussolé. Voir la participation active de tous ces prêtres et religieuses, souvent jeunes, tous en soutanes, qui cheminent avec les pèlerins, les confessent en route, ou animent des moments de réflexion pastorale, avec simplicité, profondeur et rayonnement, est un immense réconfort pour les participants. Voir ces mêmes clercs se confesser en toute humilité, au hasard des chemins, est révélateur de la solidité et crédibilité de leur foi. Un peu comme si les politiques appliquaient pour eux-mêmes les lois qu’ils votent…

        Le spectacle, car cela en est un, de ces milliers de pèlerins, tous à genoux au moment de l’offertoire ou de l’adoration du Saint Sacrement aux bivouacs, les prières et chants religieux entonnés à vive voix, en canon, et à l’unisson, donnent la chair de poule à plus d’un témoin.

        Il y a sans doute une réponse au nihilisme ambiant et à l’idéologie mortifère de l’islamisme… et le pèlerinage de Paris à Chartres l’atteste de façon éclatante. Pour vous en convaincre, joignez vous à la prochaine édition qui est déjà programmée autour des fêtes de la pentecôte de 2018…

        Chartres sonne, Chartres t’appelle !
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