D’après Antonin Campana

 

Un Blanc est-il apte à traduire convenablement un texte écrit par un Noir ? La question semble saugrenue, absurde, dérisoire. Elle a pourtant été posée… et on y a déjà répondu : la réponse est non !

Il y a quelques jours, la néerlandaise Marieke Lucas Rijnveld a ainsi été obligée de renoncer au travail de traduction pour lequel elle avait été choisie. La traduction dont il était question portait sur le poème composé et lu par l’afro-américaine Amanda Gorman lors de l’inauguration de Joe Biden.

Les raisons de ce renoncement ? Elles sont simples : les allochtones installés en pays batave ont exprimé leur « douleur », leur « frustration », leur « colère » devant le « choix incompréhensible » d’une femme blanche pour traduire la pensée, assurément trop profonde, sensible et complexe, d’une femme noire. La porte-parole autoproclamée de ces allochtones, Janice Deul, elle-même Noire et originaire du Surinam, a clairement signifié dans une tribune médiatisée qu’une Blanche n’était pas apte à traduire convenablement un texte écrit par une femme noire !

Rijnveld, par ailleurs « non-binaire » et militante d’une « société inclusive », a dit comprendre « les personnes qui se sentent blessées » (sic !), et a volontairement laissé la place à l’une des dix femmes noires proposées par Deul.

Voilà où nous en sommes.

Il y a actuellement un racisme allochtone tout à fait décomplexé, d’autant plus dangereux qu’il s’appuie sur une pensée très pauvre et très rigide, qui assène avec violence des propos qui sortent du champ de la raison, une pensée sommaire dont la dimension raciste est ouvertement assumée.

Imagine-t-on le tapage, les manifestations, les procès, qui aurait suivi une déclaration du type :

« Un Noir n’est pas apte à traduire convenablement la pensée d’un Blanc » ?

Ou bien :

« Shakespeare, Heidegger (Oui-oui aussi, peut-être ?) ont un entendement inaccessible aux gens trop « colorés » par leur « identité noire » »?

Ou encore :

« Les « études » décoloniales sur la blancheur (whiteness studies) s’annulent d’elles-mêmes car les Noirs ne sont pas en capacité de comprendre les productions intellectuelles des Blancs » ?

Le scandale aurait été légitime. Aussi, le fait que l’inverse n’ait produit aucune réaction montre que le racisme dont nous parlons est un monstre à double face : d’une part le racisme allochtone, d’autre part le racisme du Système. D’une part une Janice Deul qui avilit ouvertement les Blancs, d’autre part l’attitude du Système qui laisse dire et apporte même son aide en faisant la promotion médiatique de cet avilissement (Deul s’exprime dans le de Volkskrant, l’un des principaux Quotidiens des Pays-Bas. Comme nos indigénistes, elle enchaine également les plateaux télé).

Ceux qui connaissent ce blog savent maintenant que ce racisme antiblanc est davantage qu’un racisme ordinaire, pulsionnel et instinctif (même s’il est aussi un racisme pulsionnel et instinctif). Ce racisme antiblanc apparaît d’abord comme une construction du Système, pour le Système. Une construction idéologique nécessaire à la survie du Système et du régime républicain. Avilir les Blancs (par leur reductio ad racismus), pour en faire les boucs émissaires endossant le naufrage de la société ouverte, permet d’épargner et de sauvegarder les valeurs qui fondent ce modèle de société. Cet avilissement systémique légal (historiographique, mémoriel, médiatique, juridique, judiciaire, politique…) apparente davantage le racisme antiblanc à l’antisémitisme du XIXe siècle qu’au racisme superficiel dont se plaignent outrancièrement les allochtones (les pseudos discriminations au logement ou à l’emploi…). Nous avons nommé « antijaphétisme » (prononcer antijafétisme) ce racisme idéologique. Selon nous, l’antijaphétisme a la même fonction « explicative » que l’antisémitisme. Il aura sans doute les mêmes conséquences.

Indubitablement, il y a donc convergence entre le racisme allochtone et le racisme d’État. Les deux marchent ensemble. Doit-on pour autant les mettre sur le même plan ?

Voyons les choses telles qu’elles se sont passées : l’État oligarchique a organisé l’immigration de peuplement. Puis il a expliqué les échecs du vivre-tous-ensemble par le racisme des Autochtones (« les Français sont racistes ») et pour ce faire a construit un système d’avilissement fondé à la fois sur une falsification de l’Histoire et sur une lecture biaisée de l’actualité. Nous avons déjà expliqué tout cela (voyez par exemple les liens ci-dessus).

Les indigénistes, de leur côté, ont récupéré ce système d’avilissement (qui a donc la caution de l’État puisque celui-ci l’a créé et l’enseigne dans ses écoles) afin d’en faire une arme contre les Autochtones. On peut penser que ces indigénistes, manipulés par l’État oligarchique et véritables tirailleurs sénégalais du Système, ont une foi véritable en l’Histoire falsifiée que l’École républicaine leur a enseignée. Or cet enseignement faussaire pousse à croire que le racisme des Blancs est de toutes les époques, y compris de la nôtre, et donc que les Blancs sont ontologiquement racistes (d’où l’ethnomasochisme des Blancs eux-mêmes). Or, si les Blancs sont ontologiquement racistes, tout ce qu’ils produisent, de la philosophie grecque aux mathématiques, devrait être effacé car irrémédiablement souillé par ce racisme qui vient du Blanc comme l’odeur vient du cadavre : c’est ce qui charpente la « cancel culture » qui arrive en France.

Du côté autochtone maintenant, le racisme allochtone, racisme légal puisque jamais puni, déclenche soit un comportement ethnomasochiste de soumission (notre traductrice néerlandaise), soit incompréhension et colère. Une colère qui s’exprimera contre les allochtones en général, et les indigénistes en particulier.

On se retrouve donc avec une configuration à trois acteurs, conforme au triangle de Karpman. Elle est la suivante :

D’un point de vue allochtone :

  • Victime : les allochtones
  • Bourreau : les Autochtones
  • Sauveur : l’État oligarchique

D’un point de vue autochtone :

  • Victime : les Autochtones
  • Bourreau : le racisme allochtone
  • Sauveur : l’État oligarchique

Rappelons ici que l’État oligarchique a créé la situation conflictuelle en installant des allochtones au milieu des Autochtones. C’est bien lui qui a permis aux millions de Janice Deul de s’installer sur les terres ancestrales des Européens.

Rappelons également que c’est l’État oligarchique qui, par son discours et à seule fin de se préserver, a persuadé les millions de Janice Deul que les Blancs sont ontologiquement racistes.

Pourtant, malgré cette responsabilité écrasante, l’État oligarchique, cause de tous les problèmes, est regardé par tous comme la solution à ces mêmes problèmes !

Autochtones comme allochtones attendent de l’État-Sauveur des actes, des lois ou même des sanctions exemplaires contre le groupe adverse !  C’est le principe même du triangle de Karpman : un acteur furtif (ici l’État oligarchique) développe un discours manipulatoire (« les Blancs sont racistes ») qui oppose et neutralise les deux autres acteurs (ici les allochtones et les Autochtones). L’État oligarchique, au-dessus de la mêlée et bénéficiant de la confiance générale, peut alors poursuivre tranquillement sa destruction des nations.

On ne peut donc mettre sur le même plan le racisme d’État et le racisme allochtone. Le second dépend étroitement du premier. La fonction du racisme allochtone, en tant que racisme supplétif, consiste essentiellement à créer du chaos et de l’instabilité au profit de l’État oligarchique. Il entre dans le plan oligarchique de containment de la population ethno-européenne, population dangereuse par sa culture de la liberté. C’est une diversion, un leurre, il vaut mieux en être conscient : voir la muleta de serge rouge, mais pas celui qui l’agite, se révèle dramatique pour le taureau (notons ici, entre parenthèse, que l’État oligarchique aimerait sans doute que des Autochtones excédés réagissent violemment à l’égard des allochtones racistes. Ceux qui tomberaient dans ce piège donneraient à l’État un permis de légiférer durement contre les Autochtones. Aux États-Unis, l’irruption dans le Capitole est ainsi le prétexte d’une loi sur le « terrorisme domestique » qui promet de s’exercer contre les seuls Blancs conservateurs). Il faut donc étudier le racisme allochtone, le comprendre, le combattre parfois, mais sans trop perdre son temps. L’essentiel n’est pas là, il se passe ailleurs, au niveau de l’État oligarchique : le racisme allochtone est un racisme engendré par le Système, contrôlé par celui-ci et surtout permis par celui-ci. Il protège et sert l’État oligarchique.

Pour sortir du triangle de Karpman et le rompre, les Autochtones doivent donc viser prioritairement l’État oligarchique, même s’il leur faut aussi dans le même temps se protéger du racisme allochtone.

Ici les Autochtones semblent avoir seulement deux possibilités : la voie électorale, et la révolution. La voie électorale est une impasse car l’État oligarchique contrôle les élections. La violence révolutionnaire est une absurdité car aucune force ne peut vaincre frontalement l’État oligarchique. Celui-ci, à l’appel de la population apeurée, en profiterait d’ailleurs pour augmenter immédiatement son pouvoir de coercition.

Que ce soit contre l’État oligarchique ou contre des allochtones déjà organisés, les rapports de force ne jouent donc pas en faveur des Autochtones. Ceux-ci sont trop dissociés pour peser. Cette faiblesse nous indique une troisième solution : les Autochtones doivent se rassembler et s’organiser silencieusement, il leur faut fonder un État parallèle qui les mette en ordre de bataille. Ensuite, mais ensuite seulement, les rapports de force ayant changé, ils seront en capacité de faire valoir leur droit au respect et à la dignité.

On sait que révéler le triangle de Karpman est destructeur pour celui-ci. On sait également que ce dévoilement exige une puissance de communication importante. Seul un peuple autochtone uni derrière ses propres instances représentatives pourra acquérir une telle puissance.

Y-a-t-il un autre chemin ?

Faites connaitre notre site, partagez !