Le billet de Martin Moisan

 

On commence à prendre peur dans les étages, et c’est peut-être de là que reviendra la raison. 

 

À la fin du printemps le pouvoir croyait avoir maté la révolte populaire des gilets jaunes. Castaner avait matraqué, éborgné, les juges avaient emprisonné. Les nervis de l’ultra gauche avaient vidé les cortèges par la violence créant ainsi la demande d’ordre. Le président avait anesthésié une partie de l’opinion avec son monologue marathon. Les élections européennes étaient passées et la droite orléaniste étaient venue au secours du pouvoir déserté par son électorat de gauche. Ouf, c’était la fin du cauchemar et on croyait avoir repris la main. L’attelage brinqueballant était sorti du gué et on allait donc pouvoir accélérer à fond et profiter de l’effet de sidération pour passer les réformes qui fâchent : assurance chômage, retraites, lois sociétales sur la PMA et faire voter les traités scélérats.

 

Rien n’est réglé, au contraire, les raisons du mécontentement se sont envenimées

Pourtant, malgré cet apparent soulagement, absolument rien n’a été réglé des problèmes de fond qui minent la société française et qui ont jeté dans la rue des centaines de milliers de personnes dont on n’entendait jamais parler. En particulier, la question migratoire qui obstrue le paysage politique a été complètement évacuée alors que par ailleurs les français n’ont rien vu venir de ce qui leur avait été promis pour améliorer leur situation. Au contraire, entre prélèvement à la source et serrage de vis sur les prestations sociales, leur pouvoir d’achat a encore été laminé, tandis que les prix des biens de consommation courante flambent. Enfin, la signature du pacte de Marrakech qui ouvre toute grandes les portes du pays et organise le dépouillement des français au profit des nouveaux venus a encore accéléré l’invasion dont chaque français peut mesurer à l’œil nu qu’elle est en train de submerger le pays. Même s’ils n’en sont pas encore à pouvoir le formuler publiquement, cette fois-ci, ils ont bien compris qu’on était en train de les dépouiller pour habiller les nouveaux venus.

Et donc le feu continue de couver sous la cendre et l’incendie menace de reprendre de plus belle.

La contestation est en train de changer de forme, elle se personnalise

Les gens ont compris que les défilés en centre-ville ne servaient rien, ils ont compris que tout se passait à Paris et qu’une fois le coup raté à l’acte 4, rien ne serait plus possible. En effet, pris de panique suite à cet épisode, le pouvoir a considérablement durci la répression. Les moyens extrêmes du totalitarisme ont été employés pour mater la rébellion, au point que la presse et les observateurs étrangers s’en sont émus. (Même si la presse, aux ordres des ultra-riches, a dorénavant perdu son rôle de contrepouvoir – NDLR). Des lois liberticides ont été votées interdisant toute contestation sur les réseaux sociaux et même dans certains cas de manifester. Les activistes ont été fichés, inquiétés, traqués, emprisonnés. La marmite est cadenassée, la soupape de sécurité a été fermée ; et donc, la pression monte dangereusement sans trouver d’échappatoire.

Aucun moyen de se faire entendre, des corps intermédiaires désavoués incapables de jouer leur rôle stabilisateur et un pouvoir forcené qui ne veut rien lâcher et qui au contraire se crispe dans l’autoritarisme, l’arrogance et la provocation.

Résultat : faute d’exutoire, faute d’être entendue, la colère s’est transformée en haine et la haine s’est focalisée sur la personne de Macron et par contact sur tout ce qui lui est proche ou qui le soutient. Le président est systématiquement hué lors de ses sorties publiques : finale du championnat de France de Rugby, sortie ridicule du palais de l’Élysée en chef de guerre juché sur le command car. Chaque fois que Macron sort et malgré le cadenassage du périmètre, il est hué. Et maintenant, par simple contact, ce sont les députés LAREM qui sont directement visés là où ils sont, c’est à dire dans leur département d’origine, dans leurs permanences et sans doute bientôt à leur domicile personnel. Tout ce qui vient de MACRON est détesté, tout ce qui touche Macron est haï et donc les députés qui sont ses créatures et qui le soutiennent sans nuance se retrouvent maintenant en première ligne et c’est sur eux que se cristallise désormais la haine.

Quoi de plus naturel en somme ?

Pour la plupart sortis du néant, sans expérience politique et devant tout au seul Macron, les députés LAREM supportent le régime et votent les lois comme au plus beaux jours du centralisme démocratique. Le parlement est devenu une chambre d’enregistrement qui ne représente absolument pas l’opinion majoritaire ni l’intérêt supérieur du pays. Par ailleurs, l’opposition est inexistante et personne n’interpelle plus le pouvoir au parlement. Les français ont le sentiment de ne plus être représentés, de ne plus être écoutés, d’avoir été trahis. À cela s’ajoutent les affaires qui les contrarient au plus haut point. S’ils ont toujours supporté que les princes se gobergent, c’était à condition qu’ils fassent leur travail et surtout qu’ils protègent les intérêts supérieurs du pays. Or là, non seulement ils ne les défendent plus, mais ils les bradent. Tout cela est littéralement insupportable. Et donc, les français ont nettement le sentiment que non seulement ils se sont faits gruger lors de l’élection présidentielle et lors des législatives dans la foulée, que ce pouvoir est très mal élu, qu’il est illégitime ; mais que dans le même temps, plutôt que de chercher un compromis conforme à l’intérêt général et acceptable par tous, il impose de manière forcenée une politique qui ne convient qu’aux seuls ultra-riches et aux vainqueurs de la mondialisation, qu’il submerge le pays sous la migration et qu’il organise le dépouillement de la classe moyenne de souche ; écrasant le peuple et le défiant sous sa morgue.

Les députés dernier rempart contre la dictature, directement sous pression

Ces sont donc maintenant les députés LAREM derniers supporters de ce pouvoir haï qui vont se retrouver en confrontation directe et personnelle avec le peuple ; ou du moins la partie du peuple qui n’a plus rien à perdre et qui agit pour compte de la majorité silencieuse et opprimée. Cette mise en regard ne se fera pas dans les urnes, mais physiquement, là où ils sont. Qui sème le vent récolte la tempête. Il n’y a plus de débat démocratique dans ce pays, plus d’opposition, plus d’exutoire à la contestation pacifique. La situation est telle que le pouvoir l’a faite : verrouillée et explosive, et il en est le seul responsable.

Certains députés l’ont sans doute compris, un peu tard, et tentent de se désengager. Les plus avisés ont refusé de voter la mise en place du CETA. Ils ont bien fait et ils seraient encore mieux avisés de parler à leurs collègues et de les inviter à se désolidariser du pouvoir exécutif avant que les choses ne se gâtent vraiment. Par la violence encore contenue, les français leur font comprendre qu’ils ont intérêt à se désolidariser de ce pouvoir dictatorial et à jouer leur rôle, justement démocratique. Tous les contre-pouvoirs ayant été broyés, ils sont le dernier contre-pouvoir face à la dictature. Soit, ils s’en désolidarisent, soit il se pourrait qu’ils aient à affronter l’Histoire dont on sait qu’elle peut basculer dans le tragique.

La peur est parfois bonne conseillère, souhaitons tous qu’elle le soit.

Faites connaitre notre site, partagez !