D’après Bruno Levy

« Si tu as un adversaire, tu ne dois pas respecter ce qu’il dit, mais respecter son droit de le dire ».

Je viens de regarder une vidéo émouvante sur cet homme noir, Daryl Davis, qui se lie d’amitié avec un membre du KKK, sans (bien sûr) l’approuver pour faire triompher le dialogue et le respect sur la haine. Ce qu’il dit sur le racisme et la lutte contre l’ignorance est très frappant.

Attention à ne pas voir le fascisme partout

C’est l’exact opposé de l’anti-fascisme que nous voyons se répandre partout, notamment en France.

Avec l’invasion impitoyable de la Russie prétendument motivée par la dé-nazification, je pense que le moment est venu de reléguer les accusations de fascisme aux cas bien documentés et bien sûr justifiés auxquels elles doivent être attribuées… mais pas plus.

Les personnes qui utilisent ces accusations ne respectent pas les autres. Ces antifascistes sont à l’intolérance ce que Poutine et sa dé-nazification sont au totalitarisme : identiques. Ce court-circuitage consistant à faire taire les autres et leur dissidence au nom d’un soi-disant anti-fascisme doit cesser pour le bien des autres et pour son propre bien.

Pour donner un exemple : en France, nous sortons d’une élection où certains nous expliquent que la démocratie a gagné parce que Marine Le Pen a perdu et que, de ce fait, « le fascisme a perdu ».

J’ai voté contre Marine Le Pen parce que son programme est très fortement dirigiste, parce que je trouve qu’elle parle de la France en termes à la fois approximatifs, autoritaires et peu enthousiasmants, parce que ses positions sur l’Ukraine sont inacceptables, parce que son programme économique est rétrograde et mènerait à la ruine, par ce qu’elle est une sur-étatiste insensée… mais je suis désolé, pas parce qu’elle est fasciste : elle n’est ni Mussolini ni Hitler, il faut arrêter de dire n’importe quoi…

Je ne dis pas ça par amour de la vérité, mais parce que je pense que cette accusation de fascisme permet de diaboliser l’adversaire et de laisser sous la table les vrais problèmes comme par exemple que Macron est aussi fortement dirigiste, qu’il parle de la France de manière insincère (il a même dit que la culture française n’existait pas). Il est un sur-étatiste insensé au programme économique inacceptable et sans beaucoup de principes autres que ceux de rester au pouvoir ; ses positions sur l’Ukraine sont par contre beaucoup plus acceptables que celles de Marine Le Pen – raisons ultimes de mon vote.

Qu’auriez-vous voté si, toutes choses étant égales par ailleurs, c’était Marine Le Pen qui était pro-Ukraine et Macron qui avait été pro-Russie avec toutes les conséquences que cela implique sur l’extension de la menace totalitaire russe en Europe et le risque réel de vassalisation de l’Europe qui lui est lié ? C’est un scénario impensable ; je le sais bien, mais je pose quand même la question : auriez-vous voté pour le combat de la liberté en Ukraine ?

Je suis bien conscient que ce n’est pas le fruit du hasard si Marine Le Pen soutient Poutine, mais il est utile d’observer comment cette question nous amène à nous poser des questions sur notre propre valeur et les vraies raisons de soutenir ou combattre une personne. N’est-il pas préférable de clarifier les raisons de combattre Marine Le Pen que de ne pas les examiner sous le prétexte facile qu’étant fasciste elle ne devait pas être élue ?

Critiquons Le Pen pour de vraies raisons

En d’autres termes, en votant contre Marine Le Pen parce qu’elle est soi-disant fasciste, nous passons à côté de l’opportunité d’examiner les véritables raisons pour lesquelles il faut la combattre. Je n’ignore pas le passé plus que trouble de certaines personnes autour d’elle, mais franchement, qui n’est pas également troublé par les liens plus que suspects des salafistes qui ont été maintenus au pouvoir des autorités de l’Islam de France ces cinq dernières années ?

Mon point n’est pas d’excuser l’intolérance des soutiens de l’un par rapport à celle des soutiens de son opposant, mais de souligner à quel point cette conviction que chacun de nous peut facilement acquérir sur le fascisme de l’autre nuit à notre capacité d’observer ce qui se passe du côté de ceux que l’on soutient.

Bref : les antifascistes d’aujourd’hui ne se battent que pour maintenir leur zone de confort, ce qui n’est pas très glorieux. Faisons mieux que cela en arrêtant de procéder par des anathèmes qui ne font qu’exprimer notre « excommunicateur » intérieur… Si mes propos vous choquent et vous révoltent et font de moi à vos yeux un vil fasciste, ou à tout le moins, l’un de leurs alliés objectifs, je vous invite à vous demander si ce n’est pas vous qui n’avez pas suffisamment analysé les sources de votre intolérance.

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