D’après Breizh-info

 

Interrogé le 9 mars sur les propositions environnementales du Rassemblement national, le garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti a critiqué le localisme prôné par Marine Le Pen, en percevant du racisme derrière cette économie de proximité…

Éric Dupont-Moretti : « Ça commence par le localisme, ça finit par le racisme »

Amateurs de circuits courts ou simples partisans d’une décentralisation de l’appareil d’État français seront-ils bientôt accusés de racisme ? Si vous ne voyez pas encore le rapport, le ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti a déjà établi un lien de causalité. Invité au micro d’Europe 1 le 9 mars, il est alors interrogé par Sonia Mabrouk sur les propositions de Marine Le Pen en matière d’écologie tandis que les députés RN devaient faire part le même jour de leur « contre-projet » sur l’environnement.

Le garde des Sceaux avait visiblement prévu quelques slogans chocs avant son intervention mais, à trop privilégier la forme, il est passé à côté du fond. « Recycler le plastique c’est merveilleux, mais recycler des vieilles lunes, ce n’est pas la solution », répond-il dans un premier temps. Avant de dériver vers une critique du localisme, suspect à ses yeux de conduire au racisme.

Décrivant ce localisme comme étant « une vision microscopique des problèmes environnementaux », Éric Dupond-Moretti poursuit : « En réalité, on sent là l’ADN du Front national – pardon, du Rassemblement national. Le localisme, c’est l’autarcie, le repli sur soi, la fermeture, d’accord ? Et la xénophobie n’est jamais très loin de tout ça. » Avant de conclure avec une autre formule se voulant synthétique : « Ça commence par le localisme, ça finit par le racisme. »

« Mon ministère sera celui de l’antiracisme et des droits de l’Homme »

Avec de telles déclarations, il n’est pas certain que l’entreprise d’ouverture à droite entamée par Emmanuel Macron depuis quelques semaines en vue de la présidentielle 2022 atteigne son objectif. En tentant de culpabiliser aussi grossièrement les partisans du localisme et de l’économie de proximité, le ministre de la Justice s’est attiré des critiques y compris à gauche. Tout en manquant totalement sa cible concernant Marine Le Pen et le RN.

Au regard de la posture prise par Éric Dupont-Moretti pour tenter de discréditer la candidate du Rassemblement national, ce dernier n’est semble-t-il pas le seul à vouloir « recycler des vieilles lunes » en utilisant l’accusation proférée par la classe politique française de droite comme de gauche depuis des décennies à l’encontre du FN puis du RN, à savoir le racisme. Mais cet argument censé jouer les épouvantails auprès des électeurs aurait de moins en moins d’impact sur la population si l’on en croit deux sondages parus en ce début d’année 2021. Ceux-ci font état d’un duel serré entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’ils étaient amenés à s’affronter au second tour de la prochaine élection présidentielle : 52-48 en faveur du Président sortant lors de la première enquête d’opinion, 53-47 lors de la deuxième.

Replacés dans ce contexte, les propos du ministre de la Justice pourraient donc bien refléter une certaine panique dans les états-majors de LREM. Ils s’inscrivent toutefois dans la continuité de son discours lors de son arrivée au ministère en juillet 2020. Éric Dupont-Moretti, en se présentant comme « un garde des sceaux de sang-mêlé », ajoutait alors que son ministère serait « celui de l’antiracisme et des droits de l’Homme ». Droits de l’Homme dont sera bientôt exclue la possibilité d’acheter des produits locaux ?

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