Une brève de la Ligue du midi

 

Une cinquantaine de manifestants, représentants les pays du Sahel et même au-delà, a manifesté la semaine dernière à Pau pour demander le départ des soldats français de tout le continent africain, la liberté et une vraie souveraineté.

A bas les marionnettes africaines !

Ces ressortissants des pays membres du G5S (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) mais pas seulement, puisqu’on compte aussi des représentants du Sénégal, et autres pays qui avaient fait le voyage à Pau afin de faire entendre une autre voix de l’Afrique. « Vive la liberté ! Vive l’indépendance ! À bas les marionnettes africaines. À bas le système français ! » ont scandé les manifestants réunis devant la préfecture.

L’ambiance se voulait colorée, festive et pacifique, au son de morceaux de musique africaine. Mais les messages étaient déterminés et clairs. « On veut la fin de la Françafrique, la souveraineté du peuple et de notre monnaie. Terminé le franc CFA et la colonisation » rappelèrent les différents intervenants. « Nous n’avons rien par ailleurs contre le peuple français, ni contre la France. Mais c’est tout un système que la jeunesse désormais rejette. »

 

Dehors les corrompus !

Les chefs d’État africains furent dénoncés comme des corrompus et assimilés à « des godillots africains » se comportant comme « des sous-préfets de la France ». Le néo-colonialisme en prit aussi pour son grade, dénoncé comme « un système de pouvoir, corrompu, entretenu par l’ancienne métropole… comme au temps du colonialisme ».

Première à prendre la parole, Ramata Coulibaly, plus connue sous le nom de Tante Rama, est venue de Gao au Mali pour parler des souffrances des Africains, des écoles fermées, de l’injustice, des morts, notamment ceux qui traversent la Méditerranée.

Des accusations graves

Et puis il y a eu une floraison de questions, alimentées par les « infos » diffusées, vues ou lues sur Internet et les réseaux sociaux, comme celle-ci : « Pourquoi avec tous ses militaires présents au Mali, avec les satellites, les drones, les avions, la France, 5ème puissance du monde, n’a pas encore pu venir à bout de 3.000 djihadistes ? » Il est vrai que cette question souvent posée en France ne manque pas de pertinence.

Pour Ibrahima, venu du Sénégal, cette guerre entretenue, sert les intérêts de la France. Des accusations graves qui montrent combien un fossé s’est creusé entre l’ex-métropole et les nations africaines.

Est-ce que derrière tout cela, certains autres pays comme les États-Unis n’ont pas intérêt à manipuler la vérité et voir la France partir, pour prendre sa place, comme cela se passe déjà dans d’autres pays d’Afrique ? Les manifestants répondent que la France doit s’inspirer de l’attitude de la Chine, qui construit des universités, des routes, des hôpitaux : « Nous ne sommes pas naïfs, les Chinois en ont aussi après nos richesses. Si la France changeait de politique, tendait autrement la main au peuple, établissait des rapports plus équitables, elle pourrait sans doute profiter de l’énergie des Africains. Mais si rien ne change, la nouvelle génération, mieux informée, mieux formée, va définitivement rejeter cette politique », souligne Ibrahima. 

Si l’Etat français n’a pas à tolérer ce genre de manifestation sur son territoire, il est quand même réconfortant d’entendre des voix venues d’Afrique dénonçant le néo colonialisme qui pille les richesses de ces pays et qui dans le même temps favorise le transfert de ces populations appauvries vers « l’eldorado » français.

Si on rajoute à cela les réactions outrées de la population française y compris chez les militaires souhaitant de plus en plus un retrait des troupes de la zone sahélienne, les identitaires ne peuvent que se montrer satisfaits de l’évolution de l’opinion depuis plus d’un demi-siècle sur un tabou absolu.

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