Le billet de Robert Langlois

La dévitalisation du commerce traditionnel dans le centre des villes moyennes fait du bruit jusqu’en Amérique. C’est en effet le New-York Times qui vient de consacrer un article à l’abandon du centre ville d’ALBI.

        Les américains sont choqués, ils pleurent la France traditionnelle, celle qu’ils ont aimée. L’ami de D. TRUMP ne vient plus à PARIS, le journaliste du New-York Times pleure sur ALBI et sur la fin d’un monde qui l’avait enchanté.  À New-York on s’alarme, ici on s’en fout. DELGA qui pourtant vient de ce monde ne doit même plus savoir ce qu’il s’y passe. Son monde n’est pas le nôtre, notre monde n’est plus le sien. Elle ne sert strictement à rien…

        À tous les étages nos élus fictifs plastronnent, président, parlementent, touchent des indemnités, achètent la paix sociale, arrosent “à tout va”, bouffent des budgets et s’en foutent.

        Absolument toutes les villes moyennes d’Occitanie sont touchées. Ainsi, partout on peut voir des vitrines fermées, le courrier finissant de pourrir en paquet avec les feuilles mortes derrière le rideau de fer baissé.  Plus un bistrot d’ouvert et bien souvent ceux qui le sont encore sont devenus des cafés maures. Dans certains endroits, on voit plus de maghrébins et de roms aux terrasses que de gascons ou d’occitans, que de catalans ou de béarnais. Les derniers restaurants ouverts font face aux kebabs, le soir tout ferme et chacun se claquemure chez lui de peur de faire une mauvaise rencontre, de prendre un mauvais coup ou tout simplement d’être importuné. À Millau, les soirs d’été, certaines ruelles piétonnes du centre ville sont privatisées par les maghrébins qui y vivent et on doit se serrer pour ne pas les déranger. Ils tiennent le pavé et on n’est plus chez nous.

    Il y a bien longtemps que plus personne ne cherche à s’installer pour commercer dans ces villes, il y bien longtemps que les banques ne prêtent plus pour une ouverture, une création, une reprise ou une cession de commerce dans ces mouroirs du petit commerce. Un ami expert comptable d’ALBI me disait, il y a quelques années, qu’il avait dû accompagner les liquidations judiciaires de quelques unes des plus belles et plus anciennes affaires de la ville et que c’était ce qu’il avait eu à faire de plus pénible dans sa vie professionnelle. Un véritable crève cœur, des affaires  qui étaient là depuis toujours et que des générations d’albigeois avaient fréquentées et que lui-même avait connues depuis l’enfance.

        À Saint Gaudens, des rue entières se sont vidées, partout on voit des panneaux ‘’local à vendre’’,  ‘’bail à céder’’, ‘’Local à louer’’. C’en est au point que la municipalité pour essayer d’atténuer l’effet dévastateur de ce cimetière a fait plaquer des devantures en trompe l’œil pour simuler un semblant d’activité. Ainsi, on peut voir de fausses vitrines de fleuriste, de boulanger, de librairie de marchand de journaux. L’effet est encore plus déprimant car on comprend que c’est cuit et pour longtemps, sinon pour toujours.

        Fini le souvenir de ces villes du Sud-Ouest où l’on prenait l’apéritif ou le café en terrasse en regardant passer les filles, en lisant l’Équipe, le Midi Libre, l’Indépendant ou la Dépêche.        Fini ces dimanches soir où les amateurs se retrouvaient au café des sports pour commenter le match, parler du championnat, se taper dans le dos, se raconter leur semaine, parler de leurs affaires avant de reprendre le boulot le lundi.         Fini, l’artisan, le vigneron, l’employé, le nouveau venu qu’on n’avait jamais vu.

     Fini les petits restaurants familiaux où les habitués venaient tous les jours, les employés de banque, le personnel de la cité administrative, celui de la préfecture ou de la sous préfecture, les gens d’affaire, les voyageurs de commerce ; les gens de la campagne venus régler des affaires à la ville. Où tout le monde se côtoyait se parlait se connaissait ou se reconnaissait. On se passait les nouvelles, on commentait les faits divers, on se voyait, se revoyait.

        Fini ces femmes que l’on voyait faire leurs courses au marché, passer à la boulangerie, bavarder entre elles se raconter les derniers potins, rentrer le cabas plein.

        Fini ces boutiques chic qui de saisons en saisons mettaient en vitrine les dernière collections et faisaient redescendre la mode de Paris en province. Fini les élégantes qu’on voyait passer et qu’on se plaisait à dévisager.

        Fini ce mode de vie traditionnel qui faisait la qualité de vie à la française que les peuples voisins du Nord nous enviaient : anglais, belges, hollandais, allemands qui venaient s’établir chez nous pour y passer leur retraite, qui retapaient les maisons, les fermes, parfois les châteaux… qui parlaient le français avec cet accent délicieux qui nous amusait et qu’on adorait entendre.

        Combien de belles maisons à peine retapées sont devenues vides, les volets clos, les grilles cadenassées, les ronces envahissant le parc. Les étrangers repartent, les jeunes vont à la grande ville, Toulouse ou Montpellier ou plus loin encore quand ils ne filent pas carrément à l’étranger.

        Le fils du pharmacien de Villeneuve sur Lot, venu faire des étude de pharmacie à Toulouse, ne reprendra jamais l’officine de son père. Il préférera prendre un poste dans l’industrie ou ailleurs. Même chose pour la fille de l’assureur de Millau, venue faire son droit à Montpellier, qui ne reprendra jamais le porte feuille de son père.

        Un petit détail qui inquiète quand même nos élus et technos fictifs ; comme nous le dit Marie DELARUE sur Boulevard Voltaire : ‘’ Bercy s’affole : dans les centres-villes qui se meurent, on vote FN ! ‘’

Ah bon ? Ça va finir par faire du monde, beaucoup de monde et, pourquoi pas, une majorité ?
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