Depuis le 30 mars 2016, Mayotte « Département-Région » français de 376 km2 de l’archipel des Comores est en état quasi-insurrectionnel : barrages, grève générale, chasse aux blancs, meurtres, pillages, dégradations. En contrepoint, des manifestations citoyennes interpellent l’Etat français qui, pour toute réponse, vient d’envoyer 16 gendarmes supplémentaires… Les médias métropolitains se drapent dans un silence méprisant, la ministre des outre-mers est inexistante, quant au président « François Kérosène », il fait le tour du monde pour promouvoir la COP 21.
Avec 7000 naissances par an et une population composée à 40 % de clandestins, Mayotte est devenu un chaudron sous pression tandis que l’Etat reste dans le déni. Déni des conséquences de l’immigration clandestine qui génère l’insécurité, le pillage des terres agricoles, le braconnage des tortues, la mise à sac des forêts, la surcharge des écoles, des hôpitaux et du système judiciaire et carcéral… S’y ajoutent le clientélisme qui préside à l’embauche d’incompétents tant par le Conseil Départemental que par les mairies ainsi que la corruption conduisant à une urbanisation anarchique. Des profiteurs détournent et revendent eau, électricité aux clandestins en toute impunité.
Responsable en grande partie de cette situation, l’ineffable Nicolas Sarkozy qui déclarait en 2010 “Mayotte c’est la France” avant de promettre l’accession de l’ile au statut de département (D.O.M) par un référendum local en 2011. Sarkosy, sans consultation du peuple français, ouvrait encore plus grandes les vannes de l’immigration sans contrôle. Aujourd’hui, Le gouvernement socialiste, champion toutes catégories, de l’invasion migratoire, n’a rien trouvé de mieux que de nommer le 30 juillet 2014 en conseil des ministres, le préfet Seymour MORSY né en 1963 au Maroc. Celui-ci, proche du Parti Socialiste, était depuis 2012 préfet délégué pour l’ égalité des chances auprès du préfet de l’ Essonne. Fortement contesté dans l’île, il semble dépassé à présent par le manque de volonté politique de ses chefs à utiliser les pouvoirs régaliens de l’état.
La situation de Mayotte, si rien ne change, préfigure malheureusement la situation de bon nombre de zones sensibles de la France dans moins de dix ans.
La Ligue du midi
Michel Lhomme, politologue avec l’aide de notre correspondant à Mayotte.
La seconde réunion exceptionnelle organisée par la préfecture en présence du préfet, du procureur et de certains élus, après la marche « île morte » de mardi ne s’est pas déroulée comme prévue.
Pourtant, elle avait pour but de trouver des solutions pour garantir la sécurité des citoyens. Mais le préfet a peut-être perdu son calme et est très vite « monté sur ses grands chevaux », en « faisant la leçon » aux élus sur les sujets d’immigration et d’insécurité. Depuis des mois, le préfet Seymour Morsi cherche à minimiser et éviter dans le traitement de Mayotte la question migratoire qui est pourtant la question. Le procureur a poursuivi la pensée du préfet en y ajoutant un grain de sel malencontreux, par une série de reproches aux élus, notamment en déclarant que ces derniers ne se déplaçaient pas aux audiences solennelles de rentrée judiciaire. Immédiatement, le député Ibrahim Aboubacar a défendu ses collègues en clamant qu’il était « inadmissible que des fonctionnaires s’adressent de la sorte à des élus de la République. » Les élus présents à la réunion ont alors claqué la porte et se sont rendus au conseil départemental pour se concerter et pour décider de la suite des événements. Ils ont immédiatement rédigé une motion envoyée au Premier Ministre, Manuel Valls que nous reproduisons ici .
La réunion n’a abouti à rien. Rappelons que l’État a, depuis longtemps, pour acheter la paix sociale, entretenu les élus, mais que la sécurité est, dans un département, le domaine régalien de l’État et qu’on ne rétablit pas l’ordre en faisant des réunions mais en chargeant, en arrêtant, en jugeant. Pour bien comprendre la politique locale, en gros, les élus ont rédigé publiquement une motion contre le préfet alors qu’en cachette, ils vont lui envoyer le soir même des SMS d’excuses. A Mayotte, nous sommes aussi en Outre-mer.
En tout cas, fait exceptionnel, Le Monde a fait hier soir un article sur « Mayotte île morte ». Plusieurs milliers de personnes ont effectivement participé mardi matin à une marche à Mamoudzou pour dénoncer la violence et l’insécurité dans l’île, dans le cadre d’une mobilisation citoyenne baptisée « île morte ». Les participants, dont des familles, des salariés d’entreprises privées, des groupes de toutes origines, ont effectué une boucle dans le centre-ville, passant notamment devant la préfecture et le conseil départemental. Les manifestants, dont certains agitaient le drapeau français, ont entonné ensuite une Marseillaise. Parmi les banderoles et pancartes, on pouvait lire: « Halte à la violence » et « Mayotte en sous-France ». C’était pour certains leur première manifestation, preuve que le bouchon du laxisme généralisé est sans doute allé ici trop loin.
D’autres manifestants étaient plus vindicatifs et agitaient une banderole, sur laquelle était accrochée la photo de ce restaurateur de 38 ans, décédé des suites d’une agression par un jeune de seize ans vendredi soir. Sur les pancartes, de simples mots: « Plus jamais ça. J’accuse Hollande et Valls pour non assistance à population en danger« .
Comme on le sait par nos divers articles (Metamag a envoyé un correspondant sur place), Mayotte a été secouée pendant plus de quinze jours par un mouvement social avec barrages de routes mais aussi pendant plusieurs nuits par des violences urbaines, orchestrées par des jeunes cagoulés, qui ont notamment détruit de nombreuses voitures. Une réunion de crise s’était déjà tenue lundi à la mairie de Mamoudzou sous l’égide du préfet Seymour Morsi, un préfet très, trop « politique » sans doute, ancien directeur de cabinet de Paul Quiles et d’Elisabeth Guigou, ancien préfet pour l’Egalité des Chances de l’Essonne et socialiste engagé. Cette réunion visait à permettre la coordination des services de l’Etat, des municipalités et des associations autour des problématiques conjointes de la sécurité et de la jeunesse. Franchement, il était temps !
Les Mahorais comme les nombreux métropolitains présents sur l’île sont à cran.
Les agressions, les vols marquent le quotidien des habitants. La plupart des gens y vivent maintenant cloîtrés, dans des appartements totalement grillagés mais où les voleurs n’hésitent pas parfois à démonter les toits en taule voire à défoncer carrément les murs pour tout dévaliser. Nous avons de nombreux témoignages en ce sens. En deux nuits, 85 voitures ont été incendiées et les gens n’osent même plus sortir pour aller au travail. Les scènes de ces derniers jours sont tout de même surréalistes : des blindés de la gendarmerie traversent les villages, un hélicoptère tourne en permanence avec des projecteurs la nuit et lance des lacrymogènes pour faire fuir les groupes de délinquants et puis parfois, une chasse impromptue aux « m’zungus » (les blancs) lancée par des jeunes.
Personne n’a dénoncé ce racisme anti-blanc en haut lieu. L’île par ailleurs déjà très sale croule sous les immondices parce que le ramassage d’ordures ne se fait plus, les magasins sont pillés, les rayons se vident. En plus de la crise économique, il y a sur l’île aux parfums les dissensions ethniques (entre mahorais et anjouanais), les guerres de villages et de quartiers et puis le gros tabou de la gendarmerie: la drogue et fait nouveau, la drogue dure, la «chimique», comme on dit aussi là-bas. Or, comment sur un aussi petit territoire, l’État a-t-il été incapable de s’attaquer immédiatement à ce trafic dès qu’il est apparu ?
À Mayotte, près de la moitié de la population a moins de 18 ans. 6.000 mineurs vivent seuls et sans toit. Personne ne parle non plus de la situation des jeunes filles, des viols très nombreux sur des mineures. Leur progression serait de 50 % en 2015. En fait, contrairement d’ailleurs à ce que nous avons dit, le mort de samedi est le deuxième mort de Mayotte puisque un élève avait été assassiné, il y a un mois, dans un collège, tué par d’autres élèves. Le rectorat, dans le déni complet des réalités, ne soutient pas son personnel, l’envoyant au charbon presque sans pitié. Un nombre croissant d’expatriés prennent d’ailleurs en ce moment la décision de partir. Rappelons aussi tout de même qu’une base de la Légion étrangère est installée à Petite-Terre et que l’on est en état d’urgence. Elle est donc mobilisable même si effectivement, on passe dans ce cas à un autre régime parce qu’on a, nous dit-on, amené des renforts à Mayotte mais le chiffre fait maintenant sourire toute l’île : ce ne sont que seize gendarmes alors que comme l’indiquait le patron de Kwezi, le groupe média le plus indépendant de Mayotte, « il faudrait une cavalerie ».
L’État se moque-t-il du monde ? Ou veut-il abandonner Mayotte en laissant pourrir la situation jusqu’à l’irrémédiable ce qui serait la plus grande des lâchetés ? Près de Mtzamboro, l’État a bien investi depuis des années des millions pour un dispositif militaire de radars capable de détecter tous les jours, les « kwassas-kwassas », les barques des passeurs qui font traverser le lagon illégalement aux migrants de l’Océan indien. Pourquoi alors le trafic des « kwassas-kwassas » n’a-t-il jamais cessé ? A quoi servent donc ces radars ? Par ailleurs, en devenant département, Mayotte dispose des fonds structurels de l’Union Européenne et peut même faire fonctionner le dispositif Frontex. Pourquoi la demande d’une aide européenne d’urgence n’a-t-elle pas été activée ? Il y a d’autres îles dans l’océan indien : les Seychelles, Maurice qui sont indépendantes et qui se débrouillent assez bien. Il y a bien sûr dans ces îles aussi des inégalités criantes, un fossé entre riches et pauvres, mais il existe aussi au moins une forme d’équilibre.
Les Comores ont un nouveau Président
Enfin, Mayotte n’est-elle pas avant tout comorienne et le problème de Mayotte peut-il être posé sans mettre sur la table la question du développement comorien ? Aussi en traitant de Mayotte, nous nous devons de préciser que le deuxième tour des élections présidentielles comoriennes s’est déroulé récemment plus exactement le dimanche 10 avril. Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a salué vendredi soir le peuple comorien pour avoir accompli son devoir civique de manière pacifique en participant au deuxième tour des élections du Président de l’Union des Comores et des Gouverneurs des Îles de Grande Comore, Anjouan, Mohéli. (Il aurait pu ajouter Mayotte si l’on s’en tient aux actes de l’ONU ).
Comme toujours, les résultats de ces élections ont été contestées par le vaincu et en particulier, suite à des troubles violents qui se sont déroulés sur l’île rebelle d’Anjouan. Le candidat du pouvoir battu, le vice-président Mohamed Ali Soilihi, dit Mamadou a déposé un recours au Conseil Constitutionnel. C’est son adversaire, Azali Assoumani, ancien putschiste au pouvoir de 1999 à 2006 qui a donc été élu nouveau Président de la République Islamique des Comores. Le colonel Azali Assoumani a été élu avec 40,98 % des voix selon des résultats rendus publics vendredi 15 avril par la Commission électorale.
Enfin et pour couronner le tout, Mayotte se trouve sérieusement menacée ce soir par Fantala, une masse cyclonique astronomique qui vient de passer en catégorie 5 et qui se rapproche très dangereusement de ses côtes. Par sa force et son intensité, Fantala risque de marquer l’histoire cyclonique du bassin Sud-ouest de l’Océan Indien. Aussi, le préfet n’est-il pas prêt de dormir ! Qui dit cyclone dit bien sûr alerte rouge et écarlate, ravages de la nature, inondations et bangas (habitats traditionnels des adolescents mahorais) rasés mais aussi sans doute pillages des maisons et des magasins par les hordes de jeunes.
Qu’on se rassure, seize gendarmes supplémentaires ont été envoyés à Mayotte…
Source: METAMAG