D’après Cédric de Valfrancisque

« Mali : Sophie Pétronin, dernière otage française dans le monde, a été libérée. Après plusieurs années de captivité, la travailleuse humanitaire âgée de 75 ans, ainsi que l’opposant malien Soumaïla Cissé, ont été libérés… » (« Les Echos », 9 octobre 2020).

Nous n’en finirions pas s’il fallait comptabiliser toutes les fautes, l’amateurisme et les erreurs grossières d’Emmanuel Macron. Certaines de ses erreurs sont irresponsables voire carrément… criminelles, comme, par exemple, la libération de la vieille Sophie Pétronin, le 9 octobre 2020.

Afin qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, précisons, en préambule, que je trouve tout à fait normal qu’un État cherche à récupérer ses ressortissants quand ils sont pris en otage par une puissance étrangère. Nous, Français, avons d’ailleurs une longue expérience dans ce domaine car, pendant des siècles, les barbaresques ottomans ont attaqué des navires chrétiens pour vendre leurs occupants soit comme esclaves, soit contre rançon (1).

Mais en revanche, je suis totalement opposé au fait de risquer la peau d’un seul soldat français pour aller rechercher des gens qui – contre l’avis du ministère des Affaires Etrangères et des agences de tourisme – sont allés volontairement se jeter dans la gueule du loup, que ce soit par bravade ou par inconscience. Nous avons encore en mémoire la mort de deux combattants d’élite de nos Forces Spéciales, tués en 2019, en allant libérer deux invertis « en voyage de noce » (2). Et je suis également contre l’idée de verser des rançons pharaoniques pour pouvoir récupérer ces imbéciles.

Sophie Pétronin, « Mariam » depuis sa conversion à l’Islam, a été enlevée à Gao par un groupe djihadiste associé à Al-Qaïda, le 24 décembre 2016. Elle a été libérée le 8 octobre 2020.

Dans son livre « Il suffit d’un espoir » (publié le 20 mai 2021), Anthony Fouchard raconte ses conditions de détentions et les coulisses de cette affaire d’otage inédite.

Laborantine de formation, Sophie Pétronin se spécialise dans les questions de malnutrition et la médecine tropicale. Elle découvre Gao en 1996 avant de s’y installer définitivement en 2001. Elle dirige dans cette ville, depuis 2004, une ONG qui lutte contre la malnutrition infantile.

Je n’ai aucune sympathie pour ces ONG, financées en partie par nos impôts, et pour tous ces toubibs qui feraient mieux d’exercer leur métier en France, où on manque cruellement de médecins et d’infirmiers, plutôt qu’en Afrique. Nos anciennes colonies ont voulu leur indépendance ; qu’elles assument leur choix. « De notre temps » on n’y crevait pas de faim !

En 2012, des rebelles du « Mouvement National de Libération de l’Azawad » profitent du coup d’état contre le président Amadou Toumani Touré pour s’attaquer à des villes stratégiques du Mali, dont Gao où réside la mère Pétronin. Réfugiée au consulat d’Algérie, elle parvient à s’enfuir alors que les diplomates algériens sont capturés par les rebelles touaregs. Elle arrive à s’exfiltrer du pays grâce à l’aide d’une famille locale qui lui procure déguisement et logistique. Elle racontera cette aventure en détail dans la presse française, car, si la dame ne manque pas d’un certain courage, elle aime que cela se sache. Cet épisode ne la décourage pas, même s’il avait valeur d’avertissement :

« Le risque d’attentat et d’enlèvement visant les Occidentaux est toujours très élevé dans tout le Mali. Nous devons redoubler de prudence », écrit-elle dans un rapport. C’est donc en pleine connaissance de cause qu’elle retourne au Mali l’année suivante pour poursuivre son travail.

Le 24 décembre 2016, elle est enlevée à Gao. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris et confiée à la Direction générale de la Sécurité Intérieure.

En juillet 2017, un groupe djihadiste du Sahel diffuse une vidéo où elle apparaît avec cinq autres personnes enlevées entre 2011 et 2017 au Mali et au Burkina Faso.

Sa détention est revendiquée par le « Groupe de Soutien à l’islam et aux Musulmans », association salafiste liée à Al-Qaïda. Les autres détenus sont de diverses nationalités : Arthur Kenneth Elliott (Australie), Stephen McGown (Afrique du Sud), Iulian Ghergut (Roumanie), Béatrice Stockly (Suisse) et Gloria Cecilia Narváez Argoti (Colombie).

Sophie Pétronin apparaît dans un nouvel enregistrement vidéo diffusé début juin 2018. Elle s’adresse directement à son fils, mais également au gouvernement français.

Une autre vidéo est adressée à sa famille en novembre 2018. Elle n’y apparaît qu’en photo. Son fils, Sébastien Chadaud-Pétronin, se dit alors très préoccupé par son état de santé.

En novembre 2018, il fait le déplacement au Mali pour tenter de précipiter la libération de sa mère. Il interpelle Emmanuel Macron et l’appelle à « clarifier sa position ». Il se montre très inquiet :

« M. Macron a le droit de sacrifier l’otage, en sa qualité de chef des armées, mais le sacrifice est la résultante d’un refus de négociation. Donc il a aussi un devoir de transparence, et je crois que dans la situation d’urgence, où on a tous peur qu’elle soit en train de mourir, s’il y a refus de négociation, je pense qu’il est temps maintenant de l’acter. »

On répondrait bien à ce pathos verbeux que la mère Pétronin est retournée volontairement se jeter dans les griffes des Salafistes, mais ce ne serait pas charitable.

Le 14 décembre 2018, Macron répond aux accusations du sieur Chadaud-Pétronin :

« L’État continue d’agir sans relâche pour retrouver notre compatriote. Une telle démarche pour réussir exige le professionnalisme et la discrétion. » Le fiston Pétronin est soutenu par Ingrid Betancourt, retenue pendant six ans en otage en Colombie entre 2002 et 2008. Elle est à ses côtés à Paris lors du point presse qu’il donne le 14 décembre 2018 et rappelle le rôle joué par Nicolas Sarkozy quand elle était captive des FARC : « J’ai su plus tard qu’il appelait tous les jours (en Colombie) pour faire pression. » Pour une fois, les gesticulations sarkoziennes ont servi à quelques choses, ça méritait, en effet, d’être souligné (3).

Sébastien Chadaud-Pétronin, sur divers plateaux télé, estime qu’Emmanuel Macron lui manifeste « le même mépris que celui qu’il a affiché face aux Gilets jaunes ». Il affirme, entre autres, que le ministère des Affaires Etrangères n’a pas donné suite à la proposition des ravisseurs de libérer sa mère en novembre 2018. Le 26 décembre 2018, il déclare à RTL, au sujet de sa mère, que les ravisseurs « ne veulent pas la garder en raison de son état de santé qui se détériore » et qu’Emmanuel Macron est « le seul à avoir le pouvoir de vie et de mort sur ma mère ».

Le ministère des Affaires Etrangères souhaite, et on peut le comprendre, « davantage de discrétion et de professionnalisme » pour mener à bien cette négociation. Et voilà que Jean-Pierre Pétronin, époux de l’otage, sort du bois pour concéder que son fils « n’était pas compétent » pour mener les négociations. « Pour aller plus loin, peut-être qu’il faut s’en remettre au gouvernement mais il faut vraiment que ça se fasse très, très rapidement », ajoute-t-il.

Le 14 mai 2019, lors de l’hommage national rendu aux deux Commandos de Marine tués lors de la libération des deux otages français en « voyage de noce », Macron déclare : « Je pense à Sophie Pétronin aux mains de ses ravisseurs. Nous ne l’oublions pas » et assure que « jamais notre nation n’abandonne ses enfants ». Le 1er avril 2020, la famille annonce que le gouvernement lui a transmis une preuve de vie récente de l’otage. Pendant près de quatre ans, le fils Pétronin n’a pas cessé de chercher sa mère, en multipliant les déplacements au Sahel. Selon Anthony Fouchard, ses démarches ont été en grande partie financées par l’État Français, donc par nos impôts.

Sophie Pétronin est finalement libérée le 8 octobre 2020. En contrepartie, l’état malien libère deux cent prisonniers présentés comme des Djihadistes déjà condamnés pour des actes terroristes (ou en cours de jugement) mais dont l’identité demeure inconnue. Pour rassurer l’opinion, qui s’inquiète à juste titre, on nous dit que la plupart d’entre eux sont des « combattants de base » et « quelques chefs précédemment capturés par les Français ». Dans ce conflit sans fin au Mali, combien de soldats français ont été ou seront attaqués, blessés ou tués par ces « combattants de base » ?

Sophie Pétronin débarque sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay le 9 octobre 2020, avant de rejoindre la Suisse où réside son fils, car ce monsieur, qui demandait tant à l’état français vit en Suisse où je présume qu’il paie moins d’impôts qu’en France ?

A peine libérée, elle déclare : « Pour le Mali, je vais prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d’Allah, parce que je suis musulmane. Vous dites Sophie, mais c’est Mariam que vous avez devant vous ». En entendant ses propos, on a vraiment l’impression qu’on nous a pris pour des billes, d’autant qu’elle dédramatise ses conditions de détention et déclare vouloir retourner au Mali.

Cette pantalonnade pourrait s’arrêter là, mais nous apprenions, la semaine dernière, que la dame Pétronin était activement recherchée par la Gendarmerie malienne (4).

Dans un message adressé à « toutes les unités de Gendarmerie », les autorités maliennes demandent de « rechercher très activement Sophie Pétronin ». Sa présence a été « signalée vers Sikasso » (près de la frontière burkinabé, à 375 km au sud-est de Bamako). Ordre est donné « en cas de découverte », de « l’appréhender et la conduire sous bonne escorte à la Direction générale de la Gendarmerie nationale à Bamako ». Les motifs de cet avis de recherche ne sont pas précisés.

« Mariam » Pétronin est retournée au Mali retrouver ses frères musulmans… Et bien qu’elle y reste. Qu’elle soit en liberté ou en prison, on s’en fout !!!!

Nous ne saurons sans doute jamais combien a couté la rançon payée pour la faire libérer ?

Nous ne saurons pas non plus ce que sont devenus les 200 Salafistes libérés en échange de cette vieille dame indigne ? Ni combien de soldats français se heurteront demain à ces combattants ?

Nous nous souviendrons, en revanche, des fanfaronnades de Macron : « jamais notre nation n’abandonne ses enfants » certes, mais la vielle gamine a fait l’école buissonnière…

Et j’ose espérer que le fiston franco-suisse n’aura pas l’indécence et l’impudeur de nous demander d’aller la récupérer.

Notes :

1)- C’est d’ailleurs l’un des motifs de notre débarquement en Algérie en juillet 1830 : faire cesser la piraterie et le pillage de nos bateaux.

2)- Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, du commando Hubert.

3)- Mais nous ne saurons jamais ce qu’a coûté la libération d’Ingrid Betancourt ?

4)- Document diffusé vendredi 29/10 au soir par des journalistes maliens.

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