Le billet de Bernard Dussept
La loi des séries vient de frapper notre contingent militaire au Mali.
De Hombori à Ménaka il y a 650 kilomètres de sable dans cette boucle du Gourma-Rharous, coincée entre le fleuve Niger et les falaises de Bandiagara peuplées chichement de 100.000 agriculteurs Songhai (on prononce sonrai) et de touaregs avec un petit peuplement dogon au sud.
Je l’ai parcouru de long en large et en travers car à l’entrée de cette région, 100 kilomètres après Mopti, se trouve un immense troupeau d’environ 500 éléphants de la sous espèce sahélienne, des monstres d’un poids de 5 tonnes et de 5 mètres de haut avec des chicots pour défense car elles sont usées au fur et à mesure par la dureté du sol.
Je m’ingéniai à retrouver ce troupeau dans ces dizaines de milliers de kilomètres carrés pour observer la vie sauvage dans ces étendues sahéliennes semi désertiques, en circulant hors-pistes.
Cela pour dire que la densité de population permet à ce troupeau (le plus au nord de toute l’Afrique avec celui du Tchad) d’y vivre.
Alors poser des engins explosifs sur les pistes est un jeu d’enfants pour les djihadistes qui ont l’appui de la population ou tout du moins une bienveillante neutralité.
Encore plus facile que de faire dérailler un train en 1944 du coté de Limoges…
Car notre armée au Mali est perçue comme une armée d’occupation, dans la droite ligne de la colonisation et l’AQMI (Al Qu’Aïda au Maghreb Islamique) a su depuis longtemps unir par le sang des mariages et des enfants les djihadistes aux populations locales comme les émirs algériens l’ont fait avec les grandes familles Touaregs de la région de Kidal.
Alors, notre force Barkhane, tant qu’elle restera dans ces contrées, constatera que la guérilla est impossible à éradiquer, surtout que dans l’armée française actuelle, voulue par le pouvoir, il n’y a plus de « centurions « et les « léopards » sont dans les taillis à l’affut et n’habillent plus nos soldats.
S’il vous plait, dites-le à vos chefs avant d’être broyé dans votre véhicule. Il n’y aura pas de corps à corps …
Une armée est faite pour se battre et pour vaincre. Son boulot n’est pas de jouer à « Vigipirate » ou Zorro dans les villes de l’Hexagone.
Ses soldats et officiers doivent être soutenus par le peuple tout entier, quel que soit les interventions, les lieux et les ordres.
En combattant l’Islam, depuis plusieurs décennies au Liban, en Afghanistan, en Lybie, au Mali, en Syrie ou au Niger, les gouvernements français successifs ont accepté des pertes humaines et lorsque « on est en guerre », forcément il y a des morts et des blessés.
Durant une guerre révolutionnaire (Indochine et Algérie) et une guerre de religions, on doit adapter les unités, les moyens d’actions, la stratégie et la psychologie selon l’ennemi et le terrain.
Il s’agit donc plus de guérilla que de guerre « conventionnelle » avec une détermination sans failles.
Ce n’est pas le cas.