Le billet de Daniel Pollett

« L’heure des loups », film documentaire de Marc Khanne tourné en 2015l a le mérite de donner la parole aux différents protagonistes et de présenter les réalités. Une qualité rare…

Il a été présenté, suivi d’un débat avec le réalisateur, au cinéma du Vigan, dimanche 11 Août.

Les loups sont revenus en France depuis l’Italie, montant dans les Vosges, investissant le Mercantour, franchissant le Rhône sur les ponts comme tout un chacun et proliférant maintenant en Cévennes, et particulièrement dans l’Aveyron, grande terre d’élevage.

On voit dès le début le résultat d’une attaque de loups sur un troupeau de brebis, l’éleveur devant abattre une brebis irrécupérable traînant ses viscères sous ses pattes. On perçoit le désarroi des éleveurs confrontés à un ennemi insaisissable, rusé, puissant et causant même des dommages sans but alimentaire.

Il est expliqué que les terres pastorales de l’Aveyron sont classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO de par leur spécificité agropastorale issue de plusieurs siècles d’élevage soigneusement transmis de pères en fils, garant de la biodiversité végétale. Si les données changent, le classement de l’UNESCO sera retiré avec ses divers avantages.

On voit des manifestations de citadins bien éloignés des réalités campagnardes, revendiquant des « droits » pour les animaux, pour le loup en particulier.

Un écologiste défenseur du loup se donne la peine d’aller monter la garde nocturne d’un troupeau pendant que dort le berger. Mais cette expérience isolée, comme les autres exposées dans le film, ne résout rien au danger mortel du loup.

Il est fait référence au Parc National de Yellowstone, aux USA, où on laisse divers prédateurs proliférer, mais il n’est pas garanti que cette expérience sur 9.000 km2 soit transposable en France, d’autant plus qu’il n’y a pas d’élevage dans ce parc.

On peut rêver, on peut expérimenter… la conclusion des éleveurs est que rien n’a jamais réussi à empêcher le loup de multiplier stress, dégâts et mort chez les éleveurs et dans les troupeaux. Aussi beaucoup pensent-ils devoir changer de métier, abandonner l’élevage traditionnel pour laisser la place aux grandes entreprises agro-alimentaires multinationales dont on connaît déjà les méfaits, la nocivité pour notre santé, les conditions de vie animale dans leurs emprises et l’absence de toute considération écologique. Pourtant, le loup reste une espèce protégée, il est interdit de le tuer même en cas d’attaque -ou alors dans des circonstances très particulières.

En ces temps de contestation écologique tous azimuts empreints de multiples contradictions, on oublie combien nos ancêtres ont souffert du loup (comme de l’ours), comment ils ont dû le combattre et le chasser sans relâche, on oublie même les hommes, femmes et enfants dévorés par lui ; la preuve en étant qu’un politicien local conteste au cours du débat que cela ait pu arriver. Sans doute manque-t-il beaucoup de culture historique, n’a-t-il pas lu le remarquable livre d’ Émilie Carle « Une soupe aux herbes sauvages » narrant presque un siècle (le XXe) de vie dans le Briançonnais, avec plusieurs parties consacrées aux ravages des loups.

Cessez de rire charmante Elvire, chantait Serge Reggiani. Aujourd’hui on n’a toujours pas compris qu’il est des espèces incompatibles avec notre mode de vie et même avec notre vie. Ce sont les mêmes qui défendent le loup et la société multiculturelle, malgré leurs ravages respectifs dont ils se croient à l’abri. Les combats de nos ancêtres contre tous les prédateurs avaient bien des raisons d’être. En ces temps de déraison, les loups ne sont plus dans la bergerie, ils sont partout dans la nature, ils investissent toutes les contrées, même les plus petits villages. Seuls les inconscients -et ils sont nombreux- trouvent encore de singulières raisons de les défendre.

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