menace turque-ottomane

La saga historique de l’été par Erick Cavaglia

 

A partir de 1 300, la domination des Turcs ottomans succède à celle des Seldjoukides.

Leur État situé en Anatolie occidentale s’agrandit continuellement par conquêtes de provinces byzantines puis balkaniques, serbes, hongroises, valaques, moldaves, albanaises…

L’armée ottomane belliqueuse et très bien organisée, remporte de nombreuses victoires aux XIV et XVème siècles :

Par le système de la devchirmé, de jeunes Chrétiens des Balkans sont raflés, islamisés de force, transformés en janissaires – infanterie de choc du sultan.

Ainsi les Serbes sont-ils vaincus à Kossovo en 1389 ; les armées alliées à Nicopolis en 1396, Stanislas Jagellon à Varna en 1444. Les conquêtes ottomanes culminent avec la prise de Constantinople en 1453 par sultan Mehmet II.

Au XVIème siècle, sous Soliman le Magnifique, c’est l’apogée de la puissance : les Hospitaliers sont chassés de Rhodes ; les Hongrois battus à Mohacs en 1526, Vienne est assiégée une première fois en 1529.

Les Turcs veulent également lutter contre les Vénitiens et les Espagnols en Méditerranée par l’intermédiaire de leurs vassaux barbaresques qui opèrent depuis Tunis, Alger et Tripoli.

Au XVIIème siècle, ils s’attaquent à la Pologne en s’appuyant sur leurs vassaux Tatars.

 

La réactivation de l’esprit de Croisades et les premières défaites

 

Nicopolis 25 sept.1396 (Bulgarie) : Le Basileus Manuel II Paléologue, le roi de Hongrie Sigismond 1e et le Pape Boniface IX demandent une nouvelle croisade pour les repousser les Ottomans au-delà du Bosphore.

Hongrois, Valaques, Français sous Sigismond de Luxembourg et Jean sans Peur (12.000 hommes) comte de Nevers, fils de Philippe II de Bourgogne, tentent de s’opposer aux 15.000 Ottomans du sultan Bayezid 1er.

Français et Anglais qui observent une trêve dans la Guerre de Cent Ans répondent à l’appel (seuls les Français participent à raison de 10.000 soldats et 100 chevaliers).

Cette Croisade réunit : Allemands, Alsaciens, Flamands, Tchèques, Transylvains, Valaques, Chevaliers Teutoniques menés par leur grand prieur Frédéric de Hohenzollern.

Mais elle subit une cuisante défaite qui marque la fin définitive des croisades pour l’Europe occidentale. Les nations des Balkans doivent désormais compter sur leurs propres forces face aux Ottomans qui s’emparent de Constantinople un demi-siècle plus tard et subir l’occupation de ces derniers jusqu’au début du XXème siècle.

Varna 10 novembre 1444 (Bulgarie) : Les Croisés d’Europe centrale et orientale sous le commandement de Ladislas Jagellon, roi Pologne et de Hongrie s’opposent aux forces du sultan Murad II. La République de Venise et le Pape Eugène IV soutiennent l’entreprise.

Des contingents hongrois, roumains, polonais, tchèques, bosniaques, croates, serbes, bulgares, russes, un contingent français sous les ordres du légat du Pape Julien Cesarini, Vlad Dracul, des Byzantins, des Génois combattent côte à côte.

Ils essuient une nouvelle défaite.

 

Le temps des Victoires : Malte 1565

 

Formidable position stratégique en méditerranée, la petite île de Malte possède des rades magnifiques. Située à 90 km au sud de la Sicile (27 X 15 km), Malte gène le trafic musulman.

Lorsque Soliman le Magnifique envoie Mustapha Pacha et l’amiral Piali soutenu par Dragut, corsaire musulman s’en emparer avec une armée ottomane  de 40.000hommes  dont 6.000 janissaires, 9.000 spahis, 4.000 Iayalars (fanatiques religieux spécialisés dans les attaques suicides excités par le haschisch), 6.000 marins et corsaires, il se heurte à  la détermination d’une  poignée de combattants européens dirigée par Jean Parisot de la Valette, Grand Maître de l’Ordre de St Jean de Jérusalem dernier des grands ordres religieux militaires rescapés des croisades depuis 1557. Originaires de tous pays d’Europe, ses membres ne devaient allégeance qu’au Pape, ce qui les rendait suspects aux dirigeants des jeunes États souverains. Chassés de Rhodes 1522, ils reçoivent de Charles Quint Malte en fief en 1530.

Ordre hospitalier voué à recherche médicale et à la formation de médecins doublés de soldats et excellents marins, il est divisé en huit groupes appelés « langues » ou « nationalités » ; trois françaises : Auvergne, Provence, France ; deux espagnoles : Aragon et Castille ; plus Allemagne, Italie, Angleterre jusqu’à la rupture d’Henri VIII avec la Papauté.

La Valette de Provence, est présenté comme un surhomme pour sa force physique et mentale et son érudition : il parle français, italien, espagnol, grec, arabe, turc. Capturé par les Turcs il fut envoyé aux galères. Animé d’une foi inébranlable, il proclame à ses hommes à la veille de la bataille : « La Grande bataille de la Croix contre le coran doit être livrée maintenant ».

Le Pape soutient la foi des défenseurs en promulguant une bulle accordant l’indulgence plénière à tous ceux qui meurent en combattant les musulmans. Retranchés dans les forts St Ange, St Michel et St Elme, 600 chevaliers originaires de toute l’Europe, 4.000 fantassins espagnols et italiens ainsi que 3.000 irréguliers maltais attendent le choc. Ils disposent du fameux feu grégeois (mélange de salpêtre, de soufre, de poix, de résine, de térébenthine).

Après trois mois de siège (18 mai- 11septembre), cette légion étrangère européenne résiste toujours à l’élite de l’armée et de la flotte ottomanes et déplore la perte de 7.000 Espagnols, Italiens, Maltais et 250 chevaliers lorsqu’ arrivent les renforts venus de Europe septentrionale.

Les pertes turques s’élèvent à 30.000 hommes, Soliman meurt l’année suivante, la Valette trois ans après. Dragut, pirate barbaresque, surnommé « épée de l’islam » est tué le 18 juin par un boulet tiré du fort St Ange.

 

Malte, cette île inconnue, ce rocher calcaire, est devenue l’île des Héros et le Rempart de la Foi.

 

Lépante 1571

 

1566 : Antonio Ghislieri devient le Pape Pie V. Il multiplie les efforts pour faire triompher l’idée de Sainte Ligue, véritable croisade, afin d’enrayer la menace turque sur l’Europe divisée. Sa prodigieuse obstination parvient le 20 mai 1571 à faire signer un pacte d’alliance entre Venise, l’Espagne et la Papauté contre les Turcs et les Maures d’Alger, Tunis et Tripoli.

L’Italie, presque entièrement sous influence espagnole fournit des contingents avec l’aide de Gênes, Naples, la Savoie et la Sicile.

La non-participation française est liée aux guerres de religion, mais Charles IX avait aussi « Grand dessein » de servir de médiateur et de pacificateur entre Occident et Orient. En fait, depuis la Bataille de Pavie en 1525, la France est l’alliée déclarée du Grand Turc. Cependant, la présence fort peu compensatoire de deux fils de France à Lepante est à signaler : le Chevalier de Romégas et le marin Louis Balbis de Berton de Crillon, futur compagnon d’arme de Henri IV.

La formidable armada est commandée par Don Juan d’Autriche, fils naturel de Charles Quint et Barbara Blomberg, humble bavaroise de Ratisbonne. Bâtard, demi-frère de Philippe II d’Espagne, il a 26 ans et sous son autorité 300 navires dont 208 galères de combat, 6 galéasses de Venise, 50 frégates, 25 gros transporteurs et quelques galiotes et brigantines.

La flotte de Pie V est commandée par l’amiral Marc Antonio Colonna, l’infanterie embarquée par le général Onorato  Caetani. Les Vénitiens sont aux ordres de Sébastiano Veniero et Agostino Barbarigo.

L’Infanterie espagnole est composée des fameux tercios (piquiers, rondachiers et arquebusiers) et comprend également des mercenaires expérimentés italiens et allemands.

Les forces ottomanes commandées par Ali Pacha et Ullugh Ali (Uchali), corsaire algérois regroupent 229 galères de combat, 13 galiotes et 1 galion, soit 243 navires de guerre.

 

La victoire est remportée par la Ligue qui perd 8.000 hommes et 15 navires pour 96 navires coulés, 130 capturés, 25.000 ottomans tués, 5.000 capturés, 12.000 galériens chrétiens libérés. La participation à la bataille de Miguel Cervantès Savedra l’auteur de Don Quichote est à signaler.

 

Le pape Paul VI remit aux musulmans un des rares étendards encore préservés conservés à Venise dans le cadre du dialogue interreligieux, véritable marché de dupes. Toute l’étendue de la trahison d’une part du clergé catholique actuel envers notre civilisation est symbolisée par cet acte.

 

(A suivre…)

Lire le chapitre II : ICI

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