Richard Roudier

Madame la Présidente,

        A première vue, on aurait pu penser que vous aviez des positions conflictuelles avec les questions d’identité…

        En 2013, lors du référendum concernant la fusion de la région Alsace avec les deux départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin vous aviez fait campagne contre ce projet, applaudissant lors du résultat (négatif) : « l’attachement indestructible des français d’Alsace à la nation française et à la République une et indivisible » oubliant que ce n’était pas le sens de la question qui était alors posée.

        Qui oublierait vos déclarations hostiles, concernant la pose de panneaux routiers bilingues en Bretagne ainsi que plus récemment en janvier 2017 les propos agressifs de Gilles Pénelle, votre représentant dans cette région, vis à vis de l’identité bretonne ?

        En Pays Catalan les attaques récurrentes du FN contre le catalanisme et contre la revendication populaire en faveur de la création d’une Collectivité Territoriale Unique relèvent de la méthode Coué, tandis qu’en Occitanie vos représentants, au moment du « choix du nom » ont joué contre leur camp.

        Aussi, “l’accueil” qui vous a été réservé il y a quelques jours à Ajaccio aurait pu laisser penser que rien n’avait changé dans vos rapports avec la Corse, si ce n’est que vos opposants, qui n’étaient qu’une poignée de crasseux, soutenus par les officiels de l’extrême gauche locale -reconnaissables à leurs stickers- étaient loin de représenter le courant autonomiste.

        Mais divine surprise : l’habituel discours centraliste et jacobin tenu lors de vos précédents meetings avait singulièrement évolué. Certains évoquaient la période électorale, propice à la « pêche aux voix », mais le décorum –drapeau à tête de Maure côtoyant le drapeau tricolore-, et l’hymne national Corse « Dio Vi Salvi Regina », avant la marseillaise, renforçaient, de façon convaincante, le discours sur « la renaissance de la langue et de la culture corse », ce qui fleurait avec une certaine reconnaissance de l’identité.

        Quelques jours auparavant, David Rachline, le patron de votre campagne présidentielle, avait évoqué « la nécessité d’une politique adaptée pour la Corse, compte tenu de son histoire, sa géographie, sa culture et l’ensemble de ses spécificités ». Le représentant en Corse du Front National, Francis Nadizi, rajoutait : « si la présidente du Front National l’emporte, elle ne reviendra pas sur la création d’une Collectivité Territoriale Unique, fruit de la fusion entre les deux départements corses et la nouvelle assemblée qui doit voir le jour en 2018 » rajoutant : « Nous nous opposons clairement à l’indépendance de la Corse qui est une demande ultra-minoritaire. Mais il y a une continuité naturelle entre le nationalisme corse et le nationalisme français ». Ça, c’est du lourd !!!

        Il est vrai que, sociologiquement, le « vote autonomiste » en Corse concerne globalement, et de plus en plus, le même électorat que le Front National. La Corse est la région où le vote frontiste en dehors des présidentielles est le plus faible -il y obtient ses plus mauvais résultats aux élections intermédiaires et locales-. Mais depuis une quinzaine d’années les scores présidentiels du FN ont égalé puis dépassé la moyenne nationale française. En 2012, vous y aviez réalisé un de vos meilleurs scores (tout particulièrement en Corse du Sud) avec plus de 24% des voix, soit 6 points de plus que votre moyenne nationale. Preuve que de plus en plus d’autonomistes se laissent séduire par un vote de “civilisation”.

        Comment expliquer cette porosité, si ce n’est par une proximité identitaire. La Corse subit, elle aussi, une immigration incontrôlée qui a abouti aux tensions intercommunautaires de Sisco et des “Jardins de l’Empereur” à Ajaccio. La progression du vote autonomiste va de pair avec cette invasion ainsi qu’avec la “chariarisation” de la société qui l’accompagne. Avec en point d’orgue, ce signal que les grands médias de propagande ont prudemment passé sous silence :  la Corse – pour des raisons de sécurité (dixit le gouvernement) – a été le seul département français à ne pas recevoir un seul migrant suite au démantèlement de “Calais”…

        Tout ceci étant acté, nous sommes tombés de l’armoire en prenant connaissance de l’article 6 (de vos 144 propositions de campagne) évoquant vos options sur la réforme territoriale :

Conserver trois niveaux d’administration (au lieu de six actuellement) : communes, départements et État. Cette réforme sera un gage de :

• simplification (suppression des doublons et répartition claire des compétences)
• proximité (en donnant plus de poids à des élus que les Français connaissent, comme les maires)

• économies (notamment sur les indemnités d’élus et les frais de fonctionnement)

        1°) Dés lors, pour être en harmonie avec vos déclarations d’Ajaccio, pourquoi ne feriez vous pas une règle du principe général de la Collectivité Territoriale Unique ?

-que ce soit dans le cas d’une région superposée à 1 département (par exemple pour la Guyane ainsi que pour les autres Départements d’Outre-Mer)
-que ce soit dans le cas d’une région superposée à plusieurs départements (Alsace)
-que ce soit pour une communauté d’agglos dans une grande région (Pays basque)

-que ce soit pour un département actuellement englobé dans une grande région (Pays Catalan)

… et plus généralement pour toutes les régions de France qui aspirent à plus de responsabilités -nous avons tous en mémoire deux dossiers, le barrage de Sivens dans le Tarn et l’aéroport de Notre Dame des Landes en Loire-Atlantique qui ont été traités au niveau gouvernemental alors que le simple bon sens indique qu’il s’agit d’une compétence régionale et qu’il  suffirait d’appliquer le principe de subsidiarité.

        2°) Vous dénoncez les actuelles régions qui “sont actuellement trop grandes et qui voient leur identité diluée” et vous avez raison ; on pense immédiatement à l’Alsace, mais aussi à l’Auvergne intégrée dans une région-monstre avec Rhône-Alpes, ce qui a fait sauter le verrou, qui fonctionnait depuis un millénaire entre pays de langue d’Oïl et pays de langue d’Oc constituant un des piliers fondateurs de la France. Pourquoi ne pas créer au centre du pays une grande région “Montagne” englobant l’Auvergne, le Limousin et la Lozère ? Véritable poumon vert, dédié au tourisme, à l’économie de montagne, à l’industrie de précision.

        Quant à l’Occitanie pourquoi ne pas envisager un passage de 13 à 10 départements en rabotant au nord la Lozère, à l’ouest les départements gascons et à l’est les cantons qui se sentent provençaux ?

Quant à la reconnaissance de l’identité, s’il y a bien une région qu’il faut traiter en priorité, c’est bien la Bretagne, amputée, depuis la loi de décentralisation, du département de la Loire Atlantique.

        3°) Vous dites vouloir faire des économies, et nous applaudissons à deux mains ! Mais en supprimant les régions, vous ne ferez qu’effleurer le problème. Sachez que le département du Gard, à lui seul, a un budget presque équivalent à celui de l’ancienne région Languedoc-Roussillon. L’ensemble des départements pèsent très lourd avec un budget de 75 milliards d’euros et un endettement de 30 milliards, soit le déficit annuel de la France.

        Quant aux économies sur les indemnités des élus (ce qui part d’un bon sentiment) je vous rappelle qu’il y a 2 fois plus de conseillers départementaux que de conseillers régionaux.

        Rappelons enfin que ce sont les départements qui sont le siège de la gabegie, de l’inefficacité et du clientélisme.

        4°) Vous prétendez que les départements protègent nos identités locales, mais il n’en est rien. Le département de Loire-Atlantique, rattaché aux « Pays de Loire » -région taillée à la hache pour un affidé de François Hollande-, n’est pas un “plus” pour l’identité, mais une plaie béante au flanc de l’identité bretonne. Nous n’osons penser que vous avez été guidée dans votre choix pro-départemental par le souvenir des révolutionnaires de 1790 qui, dans le but d’éradiquer les cultures locales, ont voulu détruire les provinces en instaurant les départements qui étaient à l’origine 81 (9 fois 9) … il y en a même qui voulaient instaurer des départements “de forme carrée” et éradiquer “par le feu et le sang” l’identité vendéenne.

        5°) Pour terminer ce survol des institutions

– Nous notons que vous avez souhaité réduire de moitié le nombre de parlementaires tant à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat, c’est un bon début, mais vous auriez pu profiter de l’occasion pour transformer ce dernier, dont l’efficacité est nulle et le coût exorbitant, en une chambre du “Pays réel” représentant les professions, les terroirs et les forces vives de la nation.
– Quant aux communes, que vous chérissez à juste titre, nous pensons qu’il serait sain de mettre en route un plan de fusion, sur la base du volontariat, des 36.000 communes de France en particulier en zone rurale -dont la moitié a moins de 500 habitants-, selon le principe : “il n’y a pas de commune s’il n’y a pas d’école”, qui outre le fait de réaliser des économies d’échelle revivifierait la “France périphérique”.

– Enfin il faut se dresser, vent debout, contre le développement pernicieux des métropoles et autres “villes-mondes” qui détruisent toutes nos identités.

        « Madame la Présidente, au moment où notre Civilisation subit ces attaques incessantes qui visent à son avilissement et à sa destruction, il convient de mobiliser le camp des Patriotes, quels qu’ils soient, sans oublier personne. Le temps des discours et des demi-mesures est révolu ! Il existe parmi eux des identitaires attachés à leurs régions, des âmes fidèles à la France conscientes que « la Patrie est le bien de ceux qui n’ont rien » et des amoureux de l’Europe-Civilisation en qui ils voient la matrice commune de notre Haute-Culture. L’Europe, pas l’abominable Union-Européenne !

        Les Identitaires de la Ligue du Midi ont accueilli avec satisfaction votre attitude et vos déclarations sur la Corse, vous devez persévérer -n’oubliez pas que vous êtes en meeting samedi 15 avril en Pays Catalan- et aller plus loin dans cette direction, vous avez tout à y gagner !

        Face à ces défis immenses que nous devons relever ensemble sous peine de disparition pure et simple, nous devons plus que jamais pratiquer cette vertu qui nous fait si cruellement défaut : la solidarité de combat avec les nôtres.

        Soyez assurée, Madame la Présidente que, si parfois il peut exister des différences d’appréciation sur tel ou tel sujet, nous serons à vos côtés pour défendre l’essentiel : notre identité.

       Richard Roudier
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