gilets jaunes

 

Le billet d’Antonin Campana

 

Le mouvement des « Gilets jaunes » mérite qu’on s’y intéresse d’un point de vue autochtone ou autochtoniste car il traduit sociologiquement une exaspération des natifs.

 

Ce mouvement, on l’a dit et répété dans tous les médias, s’enracine dans la « France périphérique » décrite par le géographe Christophe Guilluy. Il est symptomatiquement boudé par ce que nous avons nommé la « petite noblesse » de nouveau régime. Cette « petite noblesse » autochtone, environ 10 millions d’individus, qui habite les beaux quartiers et les centres des grandes métropoles profite pleinement de la mondialisation, capte l’essentiel des richesses du pays et soutient donc le régime-Système de manière indéfectible. Les Allochtones des banlieues quant à eux, 15 à 17 millions d’individus, ne se sentent pas concernés par ce mouvement, soit parce qu’ils ne travaillent pas, soit, lorsqu’ils travaillent, parce que des transports quasi gratuits sont mis à leur disposition. Reste donc cette France périphérique délaissée, celle des Gilets jaunes : une France populaire blanche comme on peut le voir sur toutes les images !

Le mouvement des Gilets jaunes est donc un mouvement à 99% autochtone. C’est d’ailleurs ce qui ne plaît pas à certains commentateurs, d’où leur remarque raciste sur le caractère « populiste », ou d’extrême droite, de celui-ci : ce qui est trop blanc et pas assez métissé est toujours suspect.

Indéniablement, et il serait erroné de ne pas prendre en compte cette dimension, le mouvement des Gilets jaunes est aussi un mouvement identitaire. Certes, l’élément déclencheur a été l’augmentation des prix du diesel et de l’essence, mais il ne faut pas ignorer que bouillonne en dessous ce sentiment d’être marginalisé tant économiquement, socialement, culturellement, que sociétalement. Les délocalisations, l’immigration de peuplement, la remise en cause des modes de vie, l’insécurité culturelle, le déclassement… constituent le terreau de la révolte.

Qui sont ceux qui participent au mouvement ? Les gros bataillons sont essentiellement constitués des électeurs de Marine Le Pen, des électeurs blancs de Mélenchon (la France insoumise est de fait, coupée en deux par une frontière identitaire) et de ceux qui ne participent plus aux élections (les « abstentionnistes »).

Cette agitation autochtone est selon nous révélatrice d’un malaise identitaire et d’une évolution vers une prise de conscience d’appartenance. Cependant, en elle-même, elle ne sert à rien.  Ce qui condamne par avance le mouvement des Gilets jaunes est qu’il ne s’inscrit dans aucune planification stratégique : ce n’est qu’une « jacquerie » et un mouvement d’humeur spontané.

Pourquoi la « planification stratégique » ? Gene Sharp, le concepteur américain des révolutions de couleur, donne l’exemple d’une personne qui veut faire un voyage. Cette personne va, explique Sharp, définir son moyen de transport (la voiture, le train, l’avion, le bateau ?), va regarder si elle dispose de suffisamment d’argent (dans le cas contraire, elle va imaginer un moyen de s’en procurer), va décider où manger et où dormir si le voyage est long, va s’enquérir des documents nécessaires (passeport, visa ?) et de comment les obtenir, et va prendre des dispositions pour pallier son absence durant le voyage (qui va garder le chien ?). Cette planification que tout le monde fait lorsqu’il s’agit de voyager est rarement faite par les représentants de mouvements politiques et sociaux. C’est la raison, selon Sharp, de leurs échecs.

Le mouvement des Gilets jaune est dans la situation d’un homme qui un beau matin quitterait son domicile pour visiter la Chine sans passeport ni moyen de transport, avec 20€ en poche. Certes, cet homme causerait l’émoi dans sa famille mais quelles seraient ses chances d’atteindre son objectif ?

De ce point de vue, le blocage des routes est un « coup », même pas un engagement tactique puisque l’engagement tactique n’a de sens que s’il s’inscrit dans une stratégie globale qu’il est en charge de faire progresser.

En résumé :

  • Le mouvement des Gilets jaunes est un mouvement principalement composé d’Autochtones
  • C’est donc un mouvement qui exprime des préoccupations sociales mais aussi identitaires
  • Ce mouvement n’est pas organisé et ne s’inscrit dans aucune stratégie à long terme. Ces chances de régler le malaise global de la population autochtone (nous ne parlons pas ici du prix des carburants) sont quasi nulles. Le ressentiment qui s’ensuivra n’en sera que plus âpre.

En conclusion, du point de vue autochtoniste, nous pouvons dire que ce mouvement montre le désarroi grandissant d’une population autochtone assujettie par le régime-Système. Ce désarroi n’aboutira à rien s’il n’est pas mis en forme par la fraction consciente du peuple autochtone. Mais, incontestablement, les digues mentales qui empêchaient l’avènement d’une conscience nationale autochtone commencent à se fissurer. Tout dépend désormais de la volonté des Réfractaires, c’est-à-dire des Autochtones solidaires du destin de leur peuple. Sauront-ils enfin organiser leur peuple ? Je vois à l’instant sur BFM-TV qu’une trentaine de manifestants ont bloqué les Champs-Élysées tout à fait légalement, puisqu’ils se sont contentés de traverser et de retraverser des passages piétons. Imaginez un instant ce que serait le mouvement des Gilets jaunes si un État parallèle autochtone l’inscrivait dans le cadre d’une stratégie globale de libération autochtone !   

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