Copie d’écran du site internet La Vita Nova

Par Franck BULEUX

 

 

Cette semaine, l’hebdomadaire social-libertaire, L’Obs, vient au secours, dans un long article empreint de sensiblerie et de compassion, des « bébés français bloqués à Kiev », en Ukraine.

L’Obs venant au secours de « bébés », a fortiori « français », semble aussi étrange qu’incongru.

 

Evidemment, on comprend mieux dès les premières lignes de cette enquête de deux pages, il s’agit d’enfants nés « d’une femme porteuse », donc pour parler clairement, de commerce international, de capitalisme fondé sur la livraison de personne humaine. Ainsi, nous comprenons mieux, venant de L’Obs, cette défense de la famille (sic).

Il faut quand même rappeler que cette pratique d’achat de bébé(s), la GPA (gestation pour autrui) est un procédé interdit en France… mais autorisé en Ukraine. L’intérêt de la mondialisation rend possible de faire ailleurs ce qui est interdit chez soi, vous pouvez trouver de multiples exemples en matière de sexualité déviante ou de consommation de stupéfiants en suivant cet adage.

Ces ventes d’enfants (car il s’agit de cela et seulement de cela, sinon il y a l’adoption) sont généralement discrètes. Les « parents » viennent acheter un bébé (dont seul l’homme est père) et repartent en France où ils font constater, et valider, l’existence d’un enfant d’un des deux époux. En effet, même si la loi française interdit cette pratique (pour combien de temps ?), la jurisprudence permet la reconnaissance d’enfants nés d’une mère porteuse à l’étranger, cela pour éviter les « bébés fantômes », c’est-à-dire des enfants sans identité légale.

Et le magazine pour bobos, L’Obs joue sur les mots, il ne s’agit pas d’une pratique illégale puisqu’elle est autorisée en Ukraine, devenu pays du haut-lieu des libertés individuelles mais internationales. On comprend l’empressement de certains de proposer ce pays à l’intégration au sein de l’Union européenne. Voilà un beau cheval de Troie du libertarisme sociétal avancé.

L’Obs interroge un père, Thierry, 54 ans (abonné à L’Obs ?), qui utilise, à dessein, les clichés les plus traditionnels qui soient, pour rendre crédibles son opération : « on est (…) les ravis de la crèche » (sic) ou, en parlant du bébé ukrainien (sa mère est ukrainienne et le lieu de naissance, en Ukraine), « Elle est née le même jour qu’Elisabeth II » (sic, pas la même année, espérons-le…). La crèche et la monarchie britannique au secours d’une pratique totalement illégale et qui nous éloigne de la notion traditionnelle de la famille, au sein de laquelle l’argent n’a pas sa place. La maternité serait-elle devenue un contrat à titre onéreux ?

La Covid-19 a, involontairement, « bloqué » la remise des bébés ; en effet, les acheteurs ne peuvent plus se rendre en Ukraine, la Mecque de l’achat de bébés. C’est une « vraie bataille » indiquent les acheteurs, se souvenant probablement de la magnifique chanson de Daniel Balavoine, sur le divorce, « Mon fils, ma bataille ». Quand on mélange les genres, tout est du domaine du possible.

S’il y a des acheteurs, pas seulement français d’ailleurs, il y a des vendeurs, n’est-ce pas d’ailleurs la condition bilatérale de tout commerce, la rencontre, à un prix donné, de l’offre et de la demande. Intéressons-nous, alors, aux vendeurs. Nous l’avons indiqué, ils se situent, notamment mais pas seulement, en Ukraine.

Sur la Toile, La Vita nova se présente comme le leader de la « substitution » (c’est le terme utilisé…) de bébés. Si c’est le « leader », c’est que, malheureusement, il doit y avoir de la concurrence (NDLR: lire ici les avantages de cette clinique, c’est édifiant !), ce qui explique le coût élevé mais ne parlons pas d’argent, ce procédé n’est pas fait pour les pauvres. Pour information, le « programme de base » s’élève à 32.450 € avec la participation du « donneur d’œuf » (le père sans doute…). Il doit y avoir des programmes plus chers, donc…

Plus intéressant, par rapport à notre société bien-pensante, la société La Vita nova sélectionne, comme de vulgaires pouliches, les « porteuses » (enfin, les mères normalement…).

Et, cerise sur le gâteau, La Vita nova offre à ses patients, « une abondante base de données des jeunes donneuses de races européenne, asiatique et afro-américaine ». Ah, je pensais que le terme « race » n’était plus utilisée que pour les animaux et que, pour les humains, il n’y avait plus de « race » mais une espèce humaine. Ainsi, la race a été supprimée de l’article premier de la Constitution de 1958 voici deux ans. Mais l’Ukraine ne doit pas connaître notre Constitution, ce que l’on ne lui reprochera pas, mais accepte volontiers les clients français, qui s’adaptent d’ailleurs à la loi ukrainienne.

Bref, résumons-nous, le donneur d’œuf, Thierry (hélas, il y en a d’autres) veut aller acheter Océane (le prix du programme de base comprend le fait de donner un nom, cela peut se comprendre) en Ukraine pour contourner la loi de son propre pays. Thierry, qui rejette donc la loi française, est outré parce que la France ne l’aide pas à aller chercher Océane à l’autre bout de l’Europe. Il est très fâché après le président Macron, on le comprend.

Plus sérieusement, vous l’avez compris, ce procédé de commercialisation de bébés, tous regroupés dans une pièce attendant leurs « donneurs d’œuf », est une abjection libérale, car fondée sur l’offre et la demande, dans un pays qui semble totalement à la dérive, l’Ukraine. Aucun politique n’a dénoncé ces pratiques, vantant les races et le règne de l’argent dans les relations entre parent et enfant.

Seule la Covid-19 a permis de parler de ces transactions, pour dénoncer leur lenteur d’exécution ! Demain, le donneur d’œuf récupérera son bien, La Vita nova verra son compte en banque garni (enfin, c’est déjà fait…) et l’Ukraine, par opposition au président russe Poutine, intégrera l’Union européenne. Après-demain, la GPA sera légale et Macron nous expliquera que c’est une décision saine car elle permettra aux structures commerciales, comme La Vita nova, de baisser leur prix.

Un saint homme, vous dis-je !

En Ukraine, la réalité n’est pas la même pour tout le monde…

Pour les bobos….

Pour les autres….

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