Par Antonin Campana

 

A ce stade de notre réflexion, nous devons convenir qu’il n’existe en Europe aucune véritable stratégie de mise en résilience du peuple autochtone européen… hormis celle qui est proposée ici ! Cette affirmation peut paraître immodeste, mais elle est néanmoins nécessaire si l’on ne veut pas se mentir et se réfugier derrière des illusions qui usent les énergies et nous font perdre du temps.  

 

L’expression « aucune stratégie », n’est en effet pas une exagération. Nous ne disons pas que les stratégies existantes sont inadaptées, inefficaces voire même dérisoires. Nous disons que ces stratégies n’existent pas. Nous disons qu’il n’y a pas le moindre début de commencement de stratégie, même inadaptée, même inefficace, même dérisoire.  Il n’y a rien. Le vide. Notre peuple est nié, exploité, emprisonné et se fait désormais effacer sans que cela secoue notre apathie ni ne suscite la moindre proposition intelligente ! C’est un fait.

Bien sûr, il y a l’idée de remigration. Mais la remigration n’est pas une stratégie. La remigration est un vœu pieux, un souhait, une prière, une espérance. Personne ne planifie la remigration. Personne n’explique comment et par quel processus un peuple vieux, dissocié et bientôt minoritaire pourra inciter une masse humaine jeune, solidaire et bientôt majoritaire à quitter notre pays. La remigration est une utopie faite de « si » irréalisables et de conditionnels improbables.

Certains espèrent aussi en une terre de refuge, sorte d’État ethnique, que le Système aura la gentillesse de nous laisser. Quelle est leur planification stratégique ? On l’ignore. Peut-être espèrent-ils conquérir cette terre ? Laquelle et comment ?

Tout cela relève de la pensée magique. Croire, revendiquer, proclamer avec force et constance son espérance n’aura aucune incidence sur la réalité et peut même traduire un refus de s’engager dans cette réalité, sans doute trop cruelle pour être pleinement acceptée telle qu’elle est. A quoi cela sert-il de nous cacher la vérité : il n’y aura pas de remigration ! Il n’y aura pas de terre de refuge ! Il nous faudra vivre encore longtemps avec les autres ! Ou plutôt, il nous faudra survive au milieu des autres ! Comment ?

Ici, il y a trois solutions :

Premièrement, on aménage la société multiethnique qui englobe notre peuple, qui le nie tranquillement et le dissout paisiblement, afin que les derniers Autochtones dissociés et réduits à un standard humain universel vivent le moins mal possible. C’est la solution proposée par le Rassemblement National et le Système. Le seul problème est que dans cette optique notre peuple n’existe plus et que les Autochtones résiduels sont des sortes d’insectes sociaux.

Deuxièmement, le projet de ruche multiethnique autorégulée ayant échoué, on laisse la société multiethnique s’islamiser. A terme, notre peuple, nié et dissout dans la ummat islamiyya, n’existera plus et les derniers Autochtones seront des dhimmis soumis aux autorités musulmanes. Evidemment, nous pouvons aussi mobiliser les trois ou quatre Autochtones prêts à l’action et les lancer alors dans quelque opération aussi suicidaire qu’absurde. Nous avons vu en Norvège et en Nouvelle-Zélande à quoi cela servait.

Troisièmement, nous nous engageons dès maintenant dans un long et patient travail de rassemblement, d’organisation et de conscientisation de notre peuple. Nous créons à faible bruit un État parallèle, avec son Gouvernement, son Parlement et ses institutions. Nous créons discrètement une société parallèle, avec ses communautés locales, provinciales et nationales. Nous fédérons les organisations solidaires du destin de notre peuple. Bref, nous nous mettons en ordre de bataille et nous faisons sécession. Peu importe le nombre, quelques milliers tout au plus au début de notre action, plusieurs millions avant peu, pourvu que la dynamique s’installe.

Il n’y a bien sûr pas d’autre solution que la troisième ! Nous avons longuement exposé cette stratégie dans ce blog. Le problème est que le système d’allumage de cette stratégie dépend principalement de ceux qui rêvent aujourd’hui de remigration ou de repli territorial. Il faut donc les convaincre d‘agir dans un sens et dans un esprit radicalement différent. Il faut les convaincre de se mettre au travail, chacun à son niveau, chacun selon ses compétences, pour construire brique à brique, avec d’avantage de constance que d’éclat, une arche-citadelle qui protégera notre peuple dans un premier temps, qui imposera ses droits dans un second temps et qui rendra possible le processus de remigration, mais dans un troisième temps seulement. L’analyse objective de la situation de notre peuple dans le monde réel oblige à envisager un labeur austère, incertain, anonyme et long ! C’est ainsi.

La question que nous pouvons poser est celle-ci : pourquoi sommes-nous restés si longtemps passifs alors que nous constations par ailleurs très lucidement le processus de Grand Remplacement ?  La première idée qui vient immédiatement à l’esprit se rapporte au syndrome de la grenouille ébouillantée (une grenouille plongée dans un bain froid dont on augmente progressivement la température ne songe pas à fuir avant que la chaleur lui soit insupportable. Mais arrivée à ce stade, la grenouille, trop affaiblie, n’est plus en capacité de s’échapper, chose qu’elle aurait faite aisément si on l’avait plongée directement dans une eau trop chaude). Cette parabole signifie qu’un système qui se dégrade de manière suffisamment lente échappe à la conscience et ne provoque aucune réponse, aucune opposition, aucune révolte. Sans doute, la grenouille ressent-t-elle l’augmentation progressive de la température de l’eau dans la marmite comme nous percevons l’augmentation progressive des masses allochtones dans le « creuset républicain ». En fait la grenouille a comme nous une conscience de l’augmentation passée. Mais elle ignore l’augmentation mortifère à venir : elle n’a pas conscience des évolutions futures, sinon elle sortirait d’un bond de la marmite. De la même manière, si nous avions réellement conscience du destin qui nous attend, nous ferions sécession du corps multiethnique qui nous dilue plutôt que de chercher à l’aménager (Rassemblement National) ou à le conjurer par des chimères remigrationnistes que nous savons, au fond de nous-mêmes, totalement irréalisables.

En fait, la grenouille a parfaitement conscience du changement de son environnement, mais elle croit cependant naïvement que celui-ci est causé par l’augmentation de la température de l’eau. Or elle se trompe : le changement de son environnement est causé par celui qui l’a mise dans la marmite puis qui a volontairement soumis cette marmite à une source de chaleur. En fait, la grenouille subit un rapport de domination dont elle n’a pas conscience et dont le changement qu’elle observe n’est qu’une conséquence. Si la grenouille comprenait que sa vie dépend en fait de ce rapport de domination, il est probable qu’elle pourrait extrapoler sa situation future et qu’elle chercherait à mettre fin à sa sujétion en se précipitant hors de la marmite. D’où cette règle que nous proposons : ce n’est pas la conscience d’une situation préjudiciable qui génère la révolte mais la conscience du rapport de domination qui génère cette situation préjudiciable.

Prenons un autre exemple. Le prolétariat au XIXe siècle avait parfaitement conscience de son existence misérable. Longtemps, le caractère misérable de cette existence a été mis sur le compte de la fatalité, du péché qu’il fallait purger, de l’ordre des choses, du manque d’intelligence ou d’instruction, des prolétaires eux-mêmes. De telles approches, proposées d’ailleurs par la classe dominante, ont suffi un temps et ne pouvait qu’engendrer la passivité de la classe dominée. Or des intellectuels (Proudhon, Marx, Sorel…) vont expliquer au contraire que cette existence misérable est la conséquence d’un rapport de domination du prolétariat par la classe dominante (« l’exploitation »). Des militants révolutionnaires vont répandre cette idée et donner conscience aux prolétaires de ce rapport de domination. Dès lors, charité et paternalisme ne suffiront plus. Le prolétariat va s’organiser de manière révolutionnaire pour changer le rapport de domination à son avantage.

De nombreux animaux cherchent davantage à mordre le bâton qui les frappe plutôt que celui qui le manie. Machiavel, déjà, en faisait un principe politique. Il expliquait qu’un Prince avisé devait confier à d’autres la répression puis, l’ordre rétabli, qu’il devait fermement châtier ceux qui avaient exercé cette répression. Il s’attirerait ainsi les sympathies du peuple mâté. Car le peuple voit le bâton, mais distingue mal celui qui le tient. La mission du révolutionnaire est au contraire de désigner et de révéler celui qui manie le bâton, plutôt que le bâton lui-même.

Ramené au Grand Remplacement, tout cela signifie qu’il ne sert à rien de dire, de répéter et de montrer sans cesse celui-ci. Tout le monde (sauf les niais et les hypocrites) en a conscience. L’accentuation du processus de Grand Remplacement est comme la misère du prolétaire qui s’accroît, comme l’eau de la grenouille qui se réchauffe, comme le bâton qui frappe : c’est une situation de fait qu’on ressent dans sa chair et qui provoque une souffrance. Mais c’est aussi, et avant tout, la conséquence et le produit d’un rapport de domination subi : la conséquence d’une volonté ! 

Il est donc inutile et contre-productif de s’en prendre aux immigrés (le bâton) même si leur présence génère une souffrance. Il est plus utile et plus révolutionnaire de révéler et de montrer l’entité qui se sert des immigrés pour construire son modèle toxique de société ouverte. En bref, une démarche révolutionnaire révélerait le rapport de domination subi et ignoré, tout en soulignant la conséquence de cette domination, à savoir le Grand Remplacement que le monde voit comme les prolétaires voyaient leur misère. Il faut désigner l’ennemi. Et l’ennemi ce n’est pas le processus de Grand Remplacement, c’est la République qui le met en œuvre. L’objectif est de provoquer une prise de conscience qui implique la révolte, c’est-à-dire une sortie de la marmite, ou du « creuset ».

Ce blog a longuement disserté sur la République, à la fois matrice, modèle et incarnation du Système en France. C’est la République qui a, par ses valeurs universelles, ses principes cosmopolites, son projet s’adressant au « genre humain », sa capacité déclarée à faire « vivre ensemble » des hommes de toutes les origines… jeté les bases de la société ouverte ; c’est la République qui a véritablement installé le cadre politique, social, culturel et institutionnel permettant le Grand Remplacement ; c’est la République qui a organisé et qui organise encore l’afflux de millions d’immigrés, criminalisant ceux qui s’y opposent ; c’est la République  qui nie l’existence de notre peuple et le dissout dans son « corps d’associés » multiethnique… La République est la cause du Grand Remplacement. C’est elle qui établit contre notre peuple un rapport destructeur de domination. Le Grand Remplacement est à notre peuple ce que l’exploitation était au prolétariat ou ce que l’eau bouillante est à la grenouille : la conséquence d’une volonté extérieure qui suppose le consentement passif de l’objet dominé et qui, pour obtenir ce consentement, doit rester hors du champ de conscience de celui-ci.

La tâche du révolutionnaire est donc de révéler aux consciences le rapport destructeur de domination qui produit la situation subie. Préalablement, il doit lui-même comprendre ce rapport de domination ainsi que son lien avec le Grand Remplacement. Il doit comprendre que parler « remigration » sans avoir inversé le rapport de domination n’a aucun sens. Il doit comprendre que la remigration sera la conséquence de cette inversion du rapport de domination, comme la persistance du processus de Grand Remplacement sera la conséquence de la persistance d’un rapport inchangé de domination.

En d’autres termes, puisque c’est par « ruissellement » que la conscience du rapport de domination ira des réfractaires jusqu’au peuple en souffrance, c’est aux réfractaires qu’il faut s’adresser prioritairement. Il faut leur expliquer qu’ils sont aujourd’hui comme des grenouilles dans une marmite d’eau chaude. Ils râlent, mais restent dans la marmite et n’ont aucune conscience de celui qui les y a mis. L’ennemi, ce n’est pas l’eau chaude, c’est celui qui la fait bouillir : nous avons nommé la République.

Quand cela sera compris, une stratégie révolutionnaire de sécession et de renaissance nationale autochtone pourra être menée jusqu’à son terme. Alors, mais alors seulement, la remigration ne sera plus une utopie.

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