Par Antonin Campana

 

Laurent Obertone anticipe la guerre civile à partir d’un banal contrôle de policiers dans une banlieue. Le contrôle tourne mal, un policier perd son sang-froid et tue plusieurs « jeunes ». La cité s’embrase alors, et la France bascule dans le chaos. Bien évidemment, ce scénario est plausible, tant la situation est tendue. Nous en proposons ici un autre, selon un autre point de vue, qui fait intervenir des forces plus souterraines et dont l’élément déclencheur serait les velléités géopolitiques d’Emmanuel Macron.

 

Depuis quelques semaines, le président du régime multiplie en effet les petites phrases et les signes « d’ouverture à l’Est ».

Ainsi, le 19 août, Macron reçoit chaleureusement Poutine au fort de Brégançon.

Le 27 août, lors de son discours aux ambassadeurs, il acte la « fin de l’hégémonie occidentale sur le monde ». Il assure qu’il faut « recréer une civilisation européenne » et repenser les relations et les alliances avec les autres Etats. Il manifeste le désir de se rapprocher de la Russie à qui, par le « dialogue », il veut « offrir », dit-il, une « option stratégique ».

Le 07 novembre dans The Economist, Macron dit que l’OTAN est en état de « mort cérébrale ».

Le 28 novembre, face au chef de l’OTAN venu tout exprès lui remettre les idées à l’endroit, il déclare : « Est-ce que, comme je l’entends parfois, notre ennemi aujourd’hui est la Russie ? Je ne le crois pas ».

Aussi, nous dit la Presse, Emmanuel Macron par sa volonté de « repenser la relation stratégique » avec la Russie, de redéfinir un « projet de partenariat » avec la Russie et d’insuffler une politique de détente avec Moscou, « crispe les Européens ».  Les Européens ? Pas seulement !

Pour le site Dedefensa, il ne serait pas impossible que ce retournement géopolitique soit interprété, du côté de l’Etat profond états-unien, comme une « trahison ». Rappelons en effet que le but de l’Etat profond états-unien n’est en aucune manière d’instaurer un « dialogue » avec Moscou. Son but est d’étendre l’OTAN aux portes de la Russie, de déployer de nouveaux missiles aux frontières de ce pays, de l’encercler de bases de plus en plus proches, de l’affaiblir géopolitiquement, de le sanctionner économiquement, de le diaboliser idéologiquement, bref de le détruire s’il n’est pas possible de l’annihiler. De ce point de vue, Macron, en tant qu’agent du Système propulsé par le Système, est effectivement un traître, puisqu’il propose le dialogue avec un pays qui, pour les globalistes, incarne précisément l’option anti Système.

Donc la question se pose : en admettant que Macron persévère dans son attitude « russophile », et étant donné les mauvaises idées que cela pourrait donner à d’autres pays européens, est-il totalement exclu qu’après plusieurs rappels à l’ordre et à bout de patience, l’Etat profond états-unien décide de se débarrasser de Macron comme il vient de se débarrasser de Morales ?

Impossible ? On sait en effet que le coup d’Etat en Bolivie a été initié par des hauts responsables de l’Armée et de la Police. Or, ces deux institutions ont fait l’objet pendant des années de programmes de formation, d’échange, de recrutement et de noyautage par les Services états-uniens. On sait que la plupart des hauts responsables à l’origine du coup d’Etat ont été formés aux Etats-Unis. Effectivement, rien de tel en France. Rien de tel pour l’Armée et la Police tout au moins. Mais est-on sûr que les Services états-uniens ne se sont pas intéressés à d’autres secteurs clés de « notre » société ?

En 2010, WikiLeaks révélait un rapport « confidentiel » émis par l’ambassade américaine à Paris et à destination du Secrétariat d’Etat aux Etats-Unis. Ce rapport de l’ambassadeur Charles Rivkin, intitulé Embassy Paris – Minority engagement strategy  (Ambassade de Paris – Stratégie d’engagement envers les minorités), expose clairement la stratégie états-unienne de noyautage des allochtones. Notons que cette stratégie a été mise en place bien avant la rédaction du rapport. Ainsi Antoine Menusier, auteur au Bondy blog, décrit (dans un article au titre révélateur : « Les Etats-Unis surveillent les banlieues françaises ») une réunion qui eut lieu le 07 novembre 2007 au sein de l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Menusier est présent avec d’autres « acteurs de la diversité française ». On apprend ainsi :

  • Qu’il existe un « plan » ou un « programme » états-unien, concocté par la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, qui « consiste à développer des liens étroits avec les minorités musulmanes en Europe » ;
  • Que chaque ambassade américaine en Europe a au moins un « collaborateur » dévolu à cette mission, et que celui-ci dispose d’un budget « confidentiel » ;
  • Que « l’ambassade américaine à Paris n’a pas attendu les émeutes de 2005 pour approcher les minorités françaises » ;
  • Que certains leaders de la « diversité » auraient même été approchés par des agents de la CIA ;
  • Que d’autres, tels Karim Zéribi ou Patrick Lozès,  ont été « conviés » aux Etats-Unis par le Département d’Etat.

L’opération américaine en direction des allochtones des banlieues est connue, même si elle n’entraîne aucune réaction de la part des pouvoirs publics, pourtant sévèrement remis en cause. Ainsi de cet article de BFM TV qui avoue que les Etats-Unis dépensent chaque année 3 millions de dollars dans les banlieues françaises, que chaque année « l’ambassade américaine organise des repas dans les quartiers pendant le ramadan, avec 200 invités », que les cadres allochtones des cités « travaillent régulièrement avec l’ambassade», que les agents états-uniens « sont là sur le terrain (…) pour créer du réseau et permettre aux gens d’exploiter leur potentiel».

Et tout cela serait purement philanthropique et désintéressé ? Qui peut le croire ? Mais revenons au rapport de l’ambassadeur américain Charles Rivkin. Celui-ci nous apprend :

  • Que l’ambassade américaine de Paris a créé une « stratégie d’engagement » qui vise, entre autres, la « population musulmane française ».
  • Que cette stratégie a pour but de « faire progresser les intérêts nationaux des Etats-Unis » (nous y voilà !) ;
  • Que l’ambassade a mis en place un « groupe de travail sur les minorités » et que la stratégie visant les minorités mobilise les « différentes sections de l’ambassade » ;
  • Que le « groupe » en question doit faire un « travail de contact ciblé » pour identifier, repérer et rencontrer les leaders et les groupes influents ; qu’il doit sensibiliser les « minorités » et améliorer les compétences des chefs des minorités qui veulent accroître leur influence ;
  • Qu’il faut faire passer un discours revendicatif sur l’égalité, le droit à la différence, le droit des minorités, l’inclusion sociale… [NB. : L’acteur noir Samuel L. Jackson, chargé par l’ambassade d’aller faire de la propagande dans les banlieues, dira aux jeunes allochtones : « vous êtes l’avenir ! Saisissez votre chance, soyez fort dans votre tête, construisez-vous un réseau, frappez à n’importe quelle porte, dites que ce n’est pas normal que je ne vois pas à l’écran des gens qui me ressemblent ! »].

Où en est le travail de noyautage des banlieues et des minorités par les Services américains ? Nous n’en savons rien. Il n’est même pas sûr que les Services républicains cherchent à contrer cette action ni même qu’ils en aient conscience. Cependant, une chose est certaine, l’Etat profond américain, malgré les bonnes intentions qu’il affiche toujours, est un monstre froid et sans scrupule. Ce n’est sans doute pas sans arrières pensées qu’il s’intéresse depuis plusieurs années aux banlieues françaises. Il a investi dans les banlieues des moyens importants afin de « faire progresser les intérêts nationaux des Etats-Unis ». De quels intérêts s’agit-il et dans quelles perspectives ?

Alors imaginons, un instant, que cet Etat profond américain considère cyniquement qu’en noyautant les cités il se donne un moyen de pression extraordinaire sur le gouvernement français. Imaginons qu’il se dise qu’il pourrait facilement « activer » les banlieues, dans le cas, fort improbable mais on ne sait jamais, où un président français aurait, par exemple, la mauvaise idée de reconsidérer les intérêts géostratégiques de son pays. Imaginons qu’en déversant de fortes sommes aux bonnes personnes, agents allochtones préalablement ciblés et jusque-là « dormants » (caïds de cité, « grands frères », présidents de collectifs…), l’Etat profond américain soit en mesure de déclencher des émeutes raciales, avec à la clé quelques « jeunes » fort opportunément abattus par des tireurs inconnus. Que se passerait-il ?

Le président du régime aurait alors trois solutions : soit composer avec l’Etat profond états-unien pour que celui-ci apaise les « leaders » et les « groupes influents » musulmans ; soit laisser la place à un dirigeant plus en phase avec la politique étrangère américaine ; soit résister, au risque du chaos. Cependant, la situation ethnique est aujourd’hui si explosive, qu’il est fort probable que, dans une telle configuration, la suite des événements échappe à tous, quelle que soit la solution retenue.

Le scénario de politique fiction que nous décrivons ici est celui d’une révolution de couleur tout à fait classique. Ce scénario est « crédible », même s’il est moins plausible que le scénario élaboré par Laurent Obertone. La probabilité que l’Etat profond états-unien ait conçu un tel « plan », « au cas où », nous semble non nulle. Ceux qui croient que l’Etat profond états-unien ne se servirait pas des musulmans pour arriver à ses fins devraient se souvenir de l’Afghanistan, de la Syrie et aussi du 11 septembre. Ceux qui croient que, pour servir ses intérêts, l’Etat profond états-unien ne sèmerait pas le chaos chez un allié devraient reconsidérer l’histoire des Etats-Unis depuis 65 ans. Ceux, enfin, qui croient que l’action potentielle de l’Etat profond états-unien sur les « minorités » de France ne serait pas suffisante pour provoquer un basculement vers le chaos, devraient reconsidérer le fragile équilibre sur lequel repose la paix sociale en France.

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