D’après Olivier DAMIEN (Commissaire Divisionnaire Honoraire)
Membre du Collectif “Confiance en la justice“
Rarement une affaire criminelle aura concentré en un seul et même passage à l’acte tous les errements, toutes les faiblesses, toutes les erreurs et toutes les lâchetés de notre société.
L’assassinat, en Vendée, du père Olivier Merle par un migrant rwandais en situation irrégulière depuis 2012, et déjà mis en cause dans l’incendie volontaire de la cathédrale de Nantes est, en effet, la parfaite synthèse de tout ce que notre société aura construit de pire. Voulue par une classe politique qui désormais (mais déjà depuis un certain temps) ne contrôle plus rien, cette fuite en avant, vers toujours plus de droits pour les délinquants et les criminels, toujours plus de considération pour les contempteurs de notre pays et toujours plus de laxisme dans la conduite des affaires de l’État, a fini par produire un monde où les valeurs de la République n’ont plus cours, et où les minorités les plus perverses font désormais la loi.
Ce criminel venu du continent africain, et aujourd’hui fort opportunément hospitalisé en service psychiatrique, avait au moins trois raisons pour ne pas pouvoir commettre son forfait.
D’abord, parce que faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis 2019, il n’aurait, si celle-ci avait été mise à exécution comme le prévoit la loi, jamais pu incendier l’église nantaise en juillet 2020 et encore moins massacrer le religieux qui, ou par naïveté ou par bonté d’âme, avait accepté de l’accueillir au sein de sa communauté. Mais l’on sait que les OQTF sont rarement exécutées en France. A peine 10 à 15 % d’entre-elles sont mises en oeuvre (contre plus de 50 % en Allemagne), parce qu’entre une justice plus que complaisante à l’égard des migrants et une administration qui refuse d’y consacrer les moyens nécessaires, ces mesures ne servent tout bonnement plus à rien. Enfin, la volonté délibérée de nos gouvernants de ne pas vouloir négocier avec les pays concernés le retour de leurs délinquants, achève de rendre totalement inopérantes des décisions qui sont dorénavant vides de sens.
Deuxième raison qui aurait pu permettre d’éviter ce drame, la santé mentale d’un individu pourtant connu pour son passé psychiatrique. Interné à l’hôpital Georges Mazurelle à la Roche-Sur-Yon pendant un mois en juillet 2020, l’homme était ressorti sans autre forme de procès, et surtout, sans que quiconque n’attire l’attention de qui que ce soit sur les risques évidents qu’un tel individu faisait courir à la collectivité.
Troisième anomalie enfin, comment un incendiaire, qui encourait pourtant une peine criminelle pour avoir volontairement mis le feu à un bâtiment public, pouvait-il déambuler librement, uniquement astreint à un contrôle judiciaire plus que léger qui lui enjoignait de pointer seulement deux fois par mois auprès d’un service de gendarmerie. Sa place, compte tenu de sa personnalité et de la gravité des faits, n’était-elle pas tout simplement en prison dans l’attente d’être jugé ?
Cet événement dramatique révèle en réalité un triple fiasco. Tout d’abord, celui d’une immigration incontrôlée qui permet à n’importe quel étranger, en dépit de nos lois, de rentrer illégalement et de se maintenir sans la moindre difficulté sur notre sol et de se rendre éventuellement coupable des pires exactions. En second lieu, l’absurdité de notre politique de santé mentale. Totalement négligée par les pouvoirs publics, complètement démunie en termes de moyens et de personnels, encadrée par une législation contestable, la psychiatrie, de l’aveu même des professionnels concernés, est aujourd’hui en totale déshérence. Enfin, incapable de séparer le bon grain de l’ivraie, la justice, par des décisions toutes aussi incompréhensibles que scandaleuses, laisse en liberté des individus aux profils criminels avérés pour s’acharner parfois sur de pauvres hères dont la seule faute a été d’être au mauvais en endroit au mauvais moment.
Incontestablement, notre univers quotidien est devenu kafkaïen. Gouvernés par des politiciens hors-sol plus prompts à « fliquer », taxer, pénaliser et contrôler les citoyens dans leur vie quotidienne, ils s’avèrent incapables de les soigner, de les sécuriser et de respecter leurs plus élémentaires libertés. Ainsi, la loi ne sert-elle plus à préserver l’intérêt général, mais devient un instrument de contrôle social à géométrie variable qui épargne les malfaisants et contraint les honnêtes gens. Face à de telles dérives, rappelons-nous ce que Montesquieu écrivait il y a près de trois siècles :
« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice ».
On sait ce qu’il advint par la suite !
Olivier DAMIEN
Commissaire divisionnaire honoraire
Ancien secrétaire général du syndicat des commissaires de police