Le billet de Franck BULEUX

 

Il y a bien longtemps que les hommes publics sont privés de vie privée. Et alors ?

 

Les médias font aujourd’hui semblant de s’offusquer que l’absence de vie privée soit liée à un déni de démocratie. Mais l’homme (ou la femme) agit dans un cadre global, non en fonction de la nature de sa vie. L’exercice public n’est que la représentation de la vie privée

Lorsqu’Antoine Pinay, président du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) et fondateur du Nouveau franc (NF) fut empêché de se présenter contre le Général en 1965, c’est parce que les services gaullistes avaient des informations sur la vie privée du maire de Saint-Chamond. 

Lorsque Georges Pompidou, Premier ministre de Mon Général, fut inquiété dans l’affaire Markovic, avec Alain Delon, sans doute par les mêmes services (Service d’action civique, SAC), il s’agissait bien de la vie privée de l’élu du Cantal. 

Plus tard, Mitterrand comme Giscard ont alimenté les ragots et les histoires sentimentales, les sous-entendus comme les réalités politiques, la Francisque pour l’un délivrée par le Maréchal Pétain, le soutien de l’extrême droite pour l’autre en 1974. 

L’homme public devient propriété du peuple, c’est ainsi. La figure du président de la République, depuis la réforme constitutionnelle de 1962, avec l’élection au suffrage universel direct, en fait une représentation du peuple, une incarnation même.

Mais au-delà du président de la République (le divorce de Sarkozy, la séparation de Hollande puis son changement de compagne), chaque homme ou femme publique devient possession du peuple. 

Toute notoriété entraîne un contrôle populaire, dans le plus pur style anglo-saxon. Les réseaux sociaux n’ont pas mis en place ce processus, ils l’ont accéléré.

Dès 1988, Jean-Marie Le Pen était traîné dans la boue car son épouse contestait les conditions financières de leur rupture et apparaissait, en tenue de soubrette, dans Play-Boy mais c’était Le Pen, et contre le leader du Front national, tout était permis.

Aujourd’hui, plus de 30 ans après, les médias condamnent les révélations de ces mêmes-médias contre les élus de la République. Logique… Paris-Match est invité à l’arrestation des personnes ayant permis de démontrer l’obscénité crasse de Benjamin Griveaux mais les médias condamnent la levée de ce secret. Mais enfin qui est en cause ? La personne qui dévoile son intimité (l’ancien ministre grivois) ou la personne qui reçoit des photos, des « nudes » comme l’on dit ? 

Dans la République En marche ! la personne qui reçoit des « nudes » est mise en examen. Mais ne s’agit-il pas d’un abus de machisme, de testostérone ? Où sont les associations de défense des femmes ? Entendons-nous, vous adressez des photos pornographiques à des tiers et c’est le tiers qui est responsable ! Mais quelle est cette conception de la société, tout-à-fait contraire aux droits des femmes ?

La conception du droit selon Benjamin Griveaux permet donc d’adresser toute sorte de photo à d’autres et à porter plainte si ces personnes en font état… 

Il s’agit véritablement d’un abus caractérisé permettant à nos édiles d’assouvir leurs besoins les plus primaires. C’est Benjamin Griveaux qui devrait être mis en examen, pour exhibition, pour provocation sexuelle, pour comportement indigne d’un représentant de la République.

Faut-il que notre société soit tombée bien bas pour qu’elle ne réagisse pas à ce fait divers, préférant s’interroger sur la Russie, Vladimir Poutine plutôt que sur le comportement inadapté d’un des proches du président Macron… 

Le complot est une tarte à la crème permettant de s’exonérer de sa propre responsabilité. Il n’est question, ici, que de l’attitude d’un homme envers une femme, une attitude désobligeante et dénuée de toute relation sociale « normale ». Vous savez, cette relation que tous appellent « parité ».

La vie privée de Griveaux n’existe plus. Elle n’est que la vitrine de ses choix publics. Il serait probablement temps de s’intéresser à lui plutôt qu’à sa victime, qui n’a fait que recevoir ses propres désirs pour les assouvir.

La République et ses représentants n’ont plus d’ambition pour les citoyens, il ne reste plus que la satisfaction d’intérêts primaires, grégaires. Griveaux est le représentant emblématique de ce type d’homme politique dont l’intérêt pour la chose publique se limite à son plaisir personnel. 

Le plus grave n’est pas là mais il est intéressant, voire consternant, que la plupart des politiques, plutôt que de s’indigner contre ce type de fait, préfèrent soutenir le Griveaux grivois. Pourquoi ? Parce que ce type de méthode est l’expression de la vie politique ?

 

Alors si cela est le cas, il est grand temps de faire le ménage dans notre personnel politique.

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