Par Antonin Campana

 

Cela a déjà été dit, la longue préhistoire a forgé des différences fondamentales entre les sexes. Au chasseur, l’homme, la nécessité de s’adapter continuellement au terrain, au temps, au gibier, en remettant en cause ses habitudes, en enfreignant même parfois des règles qui, selon le contexte, ne seront d’aucune utilité. A la gardienne du foyer, la femme, l’obligation de reproduire des gestes millénaires pour entretenir la flamme et d’appliquer rigoureusement les méthodes éprouvées pour faire et éduquer les enfants. Pendant des milliers d’années, l’homme a du parfois transgresser les règles, et la femme a du toujours veiller à leur conservation. Grâce à la complémentarité de l’homme et de la femme, une civilisation à la fois stable et innovante a pu émerger.

 

Durant ces dernières centaines de milliers d’années, ces dispositions à la transgression et à la reproduction mimétique n’ont désavantagé aucun des sexes. Ils ont sans doute été d’une grande utilité à la préservation de l’espèce et ont permis la domination d’un environnement hostile.

C’est grâce à l’instinct de transgression que des génies humains, tous des hommes, ont pu conquérir le sommet des montagnes, découvrir les continents les plus lointains, imaginer des philosophies et des religions, bouleverser ce qui était communément admis dans les sciences…. C’est grâce à l’instinct féminin de conservation que la transgression, canalisée, domptée et adoucie, n’est pas devenue anarchie. En bref, savoir transgresser, c’est-à-dire sortir de ce qui est habituel et naturel, est nécessaire si l’on veut évoluer, mais savoir conserver est non moins nécessaire pour évoluer dans le bon ordre.

Le problème est que, sous ses couverts de liberté individuelle absolue, notre société n’admet plus la transgression. Au contraire, elle la sanctionne dès qu’elle se manifeste. L’école, par exemple, ne permet pas à des personnalités transgressives de s’épanouir. Elle donne l’avantage aux élèves qui régurgitent correctement leur leçon, qui appliquent convenablement les règles, qui ne s’écartent pas des enseignements. En bref, elle avantage les filles et désavantage les garçons souvent distraits par des préoccupations qui ne rentrent pas dans le cadre scolaire. Au final, les filles ont de biens meilleurs résultats scolaires que les garçons et commencent aujourd’hui à dominer des secteurs de plus en plus larges de la société. Pire peut-être, les garçons sélectionnés pour accéder aux classes supérieures sont souvent ceux qui manifestent le plus activement des tendances à ne pas s’écarter des conventions et de la chose apprise (sans que cela soit bien sûr une généralité). La sélection pour entrer en faculté de médecine, par exemple, demande plus d’aptitudes à réciter passivement par cœur que de dispositions à l’autonomie et au questionnement : les filles représentent 70% des inscrits en première année.

De la même manière, les hommes sont bien moins armés pour entrer dans la spécialité RH (Ressources humaines) qui demande d’appliquer des règles sans guère laisser de latitude (69% des professionnel RH sont des femmes). En droit, les filles représentent plus de 70% des licenciés. La recherche elle-même, qui autrefois favorisait le génie transgressif masculin, favorise les femmes puisque cette activité se réduit de plus en plus à l’application mécanique de procédures.

En bref, un homme occupera souvent une place dans la société inversement proportionnelle à la puissance de son instinct transgressif. Pour réussir, il lui faudra refouler sa nature, jusqu’à ce que celle-ci, domestiquée, soit devenue socialement acceptable. On retrouvera ainsi à la tête des institutions, soit des hommes psychologiquement féminisés, incapables de s’affranchir des règlements, soit des femmes.

En temps normal, cela ne pose guère de problèmes. En période troublée, il en va tout autrement. Le taux de testostérone des dirigeants peut alors conditionner la survie du groupe. Voyez la crise sanitaire que nous traversons. Depuis plusieurs semaines, les laboratoires vétérinaires se proposent pour effectuer des tests de dépistages. Nos dirigeants ont refusé jusqu’à ce week-end. La raison ? Des problèmes « administratifs » ! Alors que la situation exigeait qu’on s’affranchisse immédiatement des textes en vigueur (attitude transgressive masculine), nos dirigeants ont préféré appliquer méthodiquement et passivement les règles en la matière (attitude féminine). Prenez l’exemple du professeur Raoult. Je ne sais si la chloroquine est efficace ou pas. Là n’est pas la question. Mais à l’évidence Raoult a une attitude transgressive. Il fait des tests massifs et traite à la chloroquine ses patients, alors qu’apparemment il n’en a pas le droit. Et que lui reproche-t-on ? De s’affranchir des protocoles ! De ne pas suivre les règles, de passer outre ce qu’il se fait habituellement. Comme Napoléon se saisissant d’un drapeau à Arcole ou Ignace Semmelweis qui, malgré la résistance de ses supérieurs, démontra l’utilité pour les obstétriciens de… se laver les mains ? En fait, on lui reproche d’agir comme un homme. Bien sûr, une société ne peut avoir que des Raoult ! Ce serait un enfer ! Mais notre société crève de ne pas en avoir du tout !  Elle crève de s’être féminisée !

Le drame, pour nous, est que notre pays contient aujourd’hui plus d’une seule société : elle en a au moins deux ! Nous ne faisons pas société avec la population des banlieues (et inversement). Alors qu’en est-il de l’attitude transgressive, masculine donc, dans la société des banlieues ? Est-elle aussi peu considérée que dans la nôtre ?

Répondre à cette question est très simple. Il suffit de regarder qui compose la « classe dirigeante » des banlieues. Et pour savoir qui compose la classe dirigeante des banlieues, il suffit de regarder qui y touche les hauts « salaires ». Ainsi, les « patrons » de banlieue touchent 20.000 €, d’autres, des « cadres », 1.650 €, d’autres encore, des « chefs de vente », 535 €, enfin, des « commerciaux » si l’on veut, 150 €. Mais attention, nous parlons « salaires » moyens, et surtout salaires journaliers. Tout ce petit monde vit bien sûr du commerce de la drogue (rapport synthétique L’argent de la drogue en France , 2016, rédigé pour la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives -MILDECA). 1.000 caïds « tête de réseau » emploient directement 250.000 personnes. Mais des centaines de milliers, profitent indirectement du commerce ainsi généré. Comment devient-t-on « tête de réseau » dans les banlieues ? En étant studieux ? En ayant réussi à des examens ? En évitant de « faire des vagues », en montrant sa nature féminine, peut-être ?  Evidemment non. Seuls les plus transgressifs, les plus agressifs, les plus intelligents et les plus imaginatifs peuvent se hisser au sommet et organiser un trafic qui par définition commande de savoir contourner les règles, de transgresser les lois et d’être innovant et réactif face à tous les imprévus. Et le schéma se répète pour les « cadres », les « chefs de vente » et même les « vendeurs » ou les « guetteurs » (90€ par jour). En bref, dans les banlieues, la testostérone commande. A l’ancienne…

Face au corps dirigeant des banlieues et à sa petite armée de trafiquants, nous avons donc un Etat dont les hauts fonctionnaires et les dirigeants politiques sont sélectionnés en fonction de leur capacité à être politiquement correct, à éviter les remous, à ne pas sortir de l’orthodoxie et des conventions, à mimer la médiocrité ambiante. Prenez encore l’exemple de la police, dont les cadres ont été sélectionnés en raison de leur réussite à des concours, puis qui gravissent les échelons à condition de ne pas prendre d’initiatives, de ne pas sortir du moule et de respecter passivement les ordres. Les femmes commencent d’ailleurs à y régner aux échelons supérieurs : près de 25 % des commissaires de police et près de 25 % des officiers de police sont déjà des femmes ! Normal. Quand le processus de sélection est fondé sur la capacité à reproduire des choses apprises, et non sur la capacité à prendre des décisions qui peuvent sortir des attentes de la hiérarchie, ou même de la norme généralement admise, alors la psychologie féminine s’impose, y compris d’ailleurs chez les fonctionnaires masculins.

L’armée est dans la même situation. Tous les grands officiers qui ont fait la gloire de la France dans les siècles passés ne resteraient pas quinze jours dans cette armée sans se faire virer. Les paras durant la bataille d’Alger, ou les militaires du putsch d’Alger, sont les derniers soldats français à avoir adopté une attitude clairement transgressive. On les juge très mal aujourd’hui. On leur préfère largement ceux qui suivent les manuels et qui, avec une discipline irréprochable, refont les guerres d’aujourd’hui avec les stratégies de la guerre d’avant.  Ici encore, dans l’armée, les femmes arrivent en force et se hissent facilement au sommet, ce qui est significatif de ce dont nous parlons. Elles composent déjà 7,8% des officiers et des officiers généraux !

Dans tous les échelons de l’Etat, le personnel sélectionné pour occuper les plus hautes fonctions est donc celui qui ne s’est pas fait « remarquer ». C’est un personnel forcément médiocre, insipide, sans caractère, aux initiatives prudentes, aux décisions mesurées. C’est un personnel de « bons élèves » et de « premiers de la classe ». Il en faut, certes. Il en faut même majoritairement, mais à condition d’avoir le moment venu quelques de Gaulle (celui de juin 40), quelques Massu, et même quelques Papon. Où sont-ils aujourd’hui ?

Donc, si nous revenons à ces deux sociétés qui sont aujourd’hui « face à face », pour reprendre l’expression de Gérard Collomb, celle des banlieues, menée par des gens sélectionnés pour leur taux de testostérone, et la nôtre, dirigée par des gens sélectionnés selon leur degré de docilité, qu’en sera-t-il le jour où ce face à face se transformera en violence déclarée ?

Depuis deux siècles, au nom de l’égalité, la République a coupé toutes les têtes qui dépassaient, produisant à la chaîne les Macron, les Castaner, les Buzyn, les Salomon, égaux dans leur insignifiance, personnalités des temps « normaux ». Ces gens, poules affolées devant le renard qui survient, sont incapables de faire face à un virus évoluant pourtant de manière prévisible, si ce n’est en se réfugiant derrière des scientifiques, si ce n’est en mentant, en communiquant, ou en se contredisant. Ces produits de l’arasement républicain ne savent pas s’adapter à une situation inédite : ils occupent leurs places grâce à une psychologie féminine conformiste et non en raison d’une capacité à enfreindre les normes habituelles quand la situation l’exige.

Face à leurs homologues des banlieues, capables de stratégie et de réactivité, ils ne pèseront par lourd. Alors ils évitent soigneusement de les titiller, en donnant, par exemple, l’ordre aux forces de l’ordre de ne pas contrôler le confinement dans les quartiers. Ils ignorent que la faiblesse attire la violence. Un pouvoir détenu par des gens comme ceux-là est un pouvoir à prendre. Que feront-ils, ces incapables, lorsque les banlieues viendront le réclamer ? La crise sanitaire, qui ferme les frontières (du Maroc, de l’Espagne et de la France) et assèche le trafic de drogue (il paraît que les stocks sont proches du zéro), pourrait bien précipiter les choses.

Terminons ce petit article sur une note positive : il n’est pas douteux que notre peuple possède encore ses propres personnalités transgressives et que les évènements à venir les révèleront. Il n’est pas douteux non plus qu’on les trouvera plus facilement, ces personnalités, chez les sans grades ou les officiers subalternes qu’au sommet des hiérarchies. Au commencement, elles mettront fin aux délires sociétaux, au féminisme, aux théories du genre et au lobby LGBTQ+.

Faites connaitre notre site, partagez !