D’après Jean Paul Baquiast

Bruxelles a interdit, mercredi 6 février, la fusion entre le français Alstom et l’allemand Siemens, qui aurait, selon ses termes, créé un « géant du secteur ferroviaire ». Selon un communiqué, la Commission européenne juge ce mariage néfaste pour la concurrence sur le marché à l’intérieur de l’Union.

 

Sous prétexte de favoriser la concurrence, la Commission veut-elle encourager l’introduction sur le rail européen de compagnies étrangères qui veulent capter à leur profit la clientèle des réseaux ferroviaires européens. Autrement dit, veut-elle décourager Alstom et Siemens de ce marché qui présente encore un avenir vu la nécessité de décourager les transports automobiles. Veut-elle que des opérateurs étrangers, anglo-saxons ou russes, s’imposent sur ce marché stratégique en jouant sur de prétendus bas coûts qu’ils s’empresseront de relever dès qu’ils en auront éliminés Alstom et Siemens.

Plus généralement la Commission veut-elle interdire au prétexte de préserver la concurrence tout rapprochement entre des industriels allemands et français déjà en grande difficulté vu la prolifération d’industriels non-européens cherchant à les en éliminer par des politiques de dumping qui seraient inadmissibles par des gouvernements visant à préserver leurs intérêts nationaux. D’ores et déjà la Commission joue le même jeu dans le secteur encore plus stratégique des futurs réseaux 5G où le morcellement de l’offre qu’elle impose permettra au géant chinois Huawai, déjà dominant, d’acquérir un monopole exclusif et permanent dans ce domaine.

Nous nous demandons régulièrement ici au service de quels États ou grands industriels non-européens les membres les plus influents de la Commission, notamment dans le secteur de la concurrence, se sont résolus à se vendre… Se vendre au sens précis du terme car de tels appuis s’achètent avec des dizaines de millions de dollars. Ce sera inévitablement de l’autre côté de l’Atlantique qu’il faudra en premier lieu chercher la réponse. Les économies russes et chinoises ne sont pas encore assez riches pour s’acheter à travers la Commission et les institutions de l’Union les appuis européens nécessaires.

Aujourd’hui, face au quasi-coup d’État de la Commission dans le secteur ferroviaire, le ministre français Bruno Le Maire parle d’une « erreur stratégique et d’une faute politique ». Mais il est plus que prévisible qu’il se contentera de parler. On n’imagine pas Emmanuel Macron menacer Bruxelles d’un retrait de l’Union, un Frexit analogue au Brexit britannique. Il est trop lié aux intérêts du grand capital financier international pour envisager, ne fut-ce que verbalement, une telle sanction aux manœuvres de la Commission européenne.

Quant à l’Allemagne, pénétrée en profondeur par les Américains, elle ne fera rien non plus !!!

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