Llorenç Perrié Albanell “Resistència”

       Depuis quelques jours la Guyane est le théâtre d’une montée de colère alimentée par des revendications qui ne sont pas trop éloignées de celles que l’on peut retrouver en Catalogne du Nord. Parmi celles-ci nous noterons quelques exemples :

        Une demande de fermeté envers l’insécurité galopante, liée à plusieurs facteurs. La Guyane a une frontière poreuse que les déshérités des pays voisins (Brésil, Surinam), attirés par les avantages sociaux d’une République française aux abois, n’hésitent pas à franchir illégalement.  S’ajoute à cela le trafic de drogue et l’augmentation de la pauvreté due à l’accroissement de la population immigrée au détriment des autochtones (emploi, logement, scolarité etc…)

        Nous voyons là une similitude avec le Pays Catalan qui, en plus de détenir un triste record en matière de chômage, est devenu une zone de passage, d’échange et de trafics en tous genres, générant son lot d’insécurité, certes moindre qu’en Guyane, mais de plus en plus préoccupant.

        Désenclaver certaines zones, santé et localisme

Une des revendications phare des collectifs guyanais en grève est la création de zones franches ainsi que la transformation de l’hôpital privé de Kourou en hôpital public.  La Catalogne du Nord, en avance sur ce type de revendications, à commencé un travail en ce sens pour les hauts cantons par la création, couronnée de succès, de l’hôpital transfrontalier de Puigcerdá, même si la création de zones franches n’est malheureusement pas inscrite au calendrier des élus en charge de ce territoire.

        Revendication identitaire

La culture autochtone et sa revalorisation  est au cœur des préoccupations, et cela malgré un climat social tendu. Ce qui prouve une fois de plus que la question identitaire n’est pas une question secondaire ou un hobby à ranger sur l’étagère des souvenirs folkloriques comme certains voudraient nous le faire croire. La question identitaire est “l’alfa et l’oméga” de tout ensemble communautaire aspirant à un devenir collectif.

       Réforme institutionnelle

Le mille-feuille administratif, en Pays Catalan comme en Guyane, est devenu indigeste. La création d’une Collectivité Territoriale Unique (alors que dans les deux cas, on a une région  superposée à un département)  est désormais inscrite aux revendications des collectifs mobilisés. La lenteur des services en question et l’impuissance du préfet sur les questions  essentielles liées au développement territorial ne laisse plus l’ombre d’un doute sur les limites du jacobinisme,  la lenteur des services administratifs et le rôle inutile du préfet. Cette volonté d’inverser la chaîne décisionnelle est désormais nettement palpable.

        En revanche, et c’est une première, nous noterons la déclaration de la ministre de l’outre-mer, Ericka Bareigts, qui, mégaphone en main, du haut du balcon de la préfecture de Cayenne, a « présenté ses excuses au Peuple Guyanais ». Des propos évidemment qui, à un niveau ministériel, engagent le Gouvernement. Deux précisions donc à apporter à ce dernier point.

        Premièrement nous aurions aimé également qu’un ministre de la République s’excuse auprès des corses, des basques, des bretons, des catalans etc… tout en les qualifiant de « Peuple ». Peuples qui luttent depuis des décennies pour une reconnaissance culturelle et territoriale. Nous voyons là une différence de traitement qui soulève une interrogation.

        Ensuite il est curieux que l’on refuse à ces peuples la qualité même de peuple, alors que ces derniers bénéficient encore d’une homogénéité ethnique, culturelle et historique. Ce qui n’est pas le cas de la population guyanaise dont la composition ethnolinguistique est très diversifiée. On y compte plus de 25 groupes ethniques différents ; amérindiens, européens, descendants des anciens esclaves africains, caraïbéens… Nous noterons également que sous la poussée de l’immigration les natifs deviennent minoritaires.

        Le jacobinisme vivrait-il ses dernières heures ? L’impasse dans laquelle il se situe nous laisse à penser que oui.
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