Le billet de Martin Moisan

Premier constat : le surcroît totalement inattendu de participation n’a profité ni au RN ni à La REM qui, malgré les attaques conjointes de toutes parts, a résisté.

Pourtant, défaire nettement Macron, le fragiliser, et réduire son pouvoir de nuisance, c’est bien le calcul qu’ont fait beaucoup de gens de tous bords, puisque la participation a fait un bond totalement imprévu. Ainsi, nombre d’abstentionnistes antérieurement dégoûtés par l’électoralisme sont retournés voter pour défaire Macron et le fragiliser. L’histoire c’est que ces voix se sont d’avantage portées sur le bloc de gauche que sur le RN, et c’est bien le problème.

Alors, comme nous tous, j’ai visionné ce matin l’angoissante vidéode Pierre Cassen qui fait apparaître que 55 % des gens ont voté pour le bloc libéral, progressiste, immigrationniste et islamo compatible. Et qui du coup porte à croire que c’est bien Macron et non pas notre camp qui a tiré les marrons du feu. Vu comme ça, au lieu d’être fragilisé, il serait au contraire, d’une certaine manière, conforté.

En effet, vu comme ça, c’est la « cata » ; ce d’autant que paradoxe a priori incompréhensible, dans la France périphérique, c’est exactement la même chose qu’au plan global.

Ainsi dans mon village de la périphérie toulousaine, à maintenant 1 heure de route des lieux de travail avec les embouteillages et à 3,60 € de péage aller-retour, on se demande comment il peut encore rester des gens pour voter écolo. Et pourtant voici les résultats dans mon village peuplé aux 2/3 de néoruraux :

Marine Le Pen

Paradoxe hallucinant, avec le surcroît de participation, le bloc des gauches totalise à lui seul 37 % des voix dans la France périphérique. De son côté LR réalise chez nous le score de… 3,7 % en état de mort clinique.

Pourtant la vision effrayante qui consiste à massifier tout le camp libéral, mondialiste, immigrationniste, islamogauchiste et écolos, pour arithmétiquement juste et angoissante qu’elle soit, ne correspond en rien à une réalité politique. En fait ce bloc est profondément divisé et fracturé. Il est sans cohésion politique. En plus ces gens se haïssent entre eux, même s’ils sont capables de s’unir contre nature (y compris contre leurs propres intérêts) pour défaire le RN et Marine Le Pen. Et c’est bien là tout le problème.

Ensuite, à part les écolos, tous les partis de l’ancien monde qui ont participé au pouvoir (c’est-à-dire la submersion migratoire et à la mondialisation) sont massivement rejetés ; ce dont il y a tout lieu de se réjouir. On peut établir le constat de leur mort clinique. Le cas de LR est particulièrement significatif qui suit exactement le même chemin que le PS, les centristes, le PC et les autres avant lui.

Ensuite et c’est extrêmement significatif, le parti pris suicidaire islamogauchiste de Mélenchon s’est retourné contre lui puisque 2/3 de ses électeurs l’ont fui. Nous l’avions parfaitement perçu lors de nos explorations dans les AG de Gilets jaunes et nous l’avions annoncé, la césure à gauche s’est faite sur la question migratoire. Comme prévu, lui aussi finit exactement dans le même cul de basse fosse que le PS et pour exactement les mêmes raisons. L’électorat de gauche est en train de se fracturer sur la question migratoire, il fuit les anciens partis de gauche sans toutefois pouvoir encore assumer un vote identitaire… en fait, sans pouvoir se résigner à voter RN.

À gauche les gens sentent que la politique des portes ouvertes et l’immigrationnisme les ruinent, ils désertent les partis qui l’ont prônée ou mise en œuvre ; mais pas encore au point de franchir le pas et de voter RN, malgré le ralliement public spectaculaire d’un devancier issu de LFI.

Ce n’est donc plus une question d’idées, mais bien une question de sentiment, d’image publique et de personne au RN totalement incompatible avec l’imaginaire de gauche.

Alors l’enseignement majeur de ce scrutin est que, malgré la novation que représente la césure identitaire à gauche et dans la France périphérique, le RN n’a absolument pas profité du surcroît de mobilisation contre Macron. Et c’est bien ce qui pose problème. Malgré la campagne du jeune Bardella qui a sauvé les meubles, le RN plafonne et il y a tout lieu de penser que ce parti ne pourra jamais répondre à l’attente réelle dans le pays d’une fusion des populismes à l’italienne.

Ne pouvant se résigner à voter RN, les gens de gauche sensibilisés à la question identitaire ont voté de manière sentimentale : pour les écolos d’un côté et en s’éparpillant là où leur cœur ou leurs vieilles habitudes les portaient. C’est bien ce qui déprime Pierre Cassen et qui l’angoisse. Et non, ils n’ont pas voté avec leur raison, mais avec leurs sentiments. Le sentiment a primé sur la raison et sur les intérêts catégoriels. Mais attention, ce n’est plus un sentiment positif d’adhésion à la gauche ou à l’écologie qui a commandé, mais bien un sentiment négatif de rejet de la personne de Marine Le Pen, du RN et de leur image publique.

Conclusion : il y a bien un problème RN et surtout un problème Marine Le Pen qui, par sa seule présence, obstrue tout espoir de victoire électorale de l’attente identitaire. Pour d’insurmontables raisons sentimentales liées au passé, jamais les électeurs de gauche ou abstentionnistes sensibilisés à la question migratoire ne viendront voter pour ce parti ou pour cette personne. Pourtant, il existe une réserve colossale dans l’abstention en attente d’une solution politique face à la mondialisation et face à la submersion migratoire. Pour l’instant, cette réserve est en déshérence, sans exutoire politique.

C’est très exactement la raison pour laquelle Macron, en faisant de Marine Le Pen son adversaire personnel lors de ce scrutin sans enjeu, l’a choisie comme candidate de second tour dans la perspective de la prochaine présidentielle. Marine Le Pen est bien la candidate de second tour idéale pour le système. Mitterrand avait assuré la promotion du père et du FN, Macron continue de jardiner le RN et la fille en attente de la récolte électorale pour les présidentielles.
C’est insurmontable : Marine le Pen et le RN sont le repoussoir idéal de second tour ; or la présidentielle est l’élection qui commande toutes les autres.

Tant que Marine Le Pen ne s’écartera pas, il n’y aura aucune solution dans les urnes et le système se prolongera malgré le rejet massif des Français. En attendant, les compteurs tournent et d’élection en élection les remplacistes nous remplacent.

Macron battu, mais résultat désastreux pour la France

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