D’après Philippe Huysmans

 

 

Au moment où l’avocat Charrière Bournazel (Ligue des Droits de l’homme-Licra…) vient d’être entendu par la Commission parlementaire contre les groupuscules d’extrême droite, énumérant une série de propositions liberticides d’une violence inouïe, nous avons pensé qu’il n’était pas inutile de revenir sur un certain nombre de notions élémentaires indispensables qui doivent nourrir notre réflexion dans notre combat pour la sauvegarde des « libertés publiques ».

Nous publierons prochainement une analyse approfondie sur la déclaration de cet avocat (NDLR).

 

En démocratie, les droits les plus fondamentaux sont :

  • La liberté d’opinion
  • La liberté d’expression

Et si la liberté d’expression est limitée par diverses exceptions, la liberté d’opinion, quant à elle, doit être totale pour qu’existe la démocratie.

Dans les faits, ces libertés sont attaquées de toutes parts, tant par le politique que par les lobbies et les chiens de garde médiatiques, qui reprennent en boucle les mêmes éléments de langage, ce qui rend parfaitement clair qu’on a affaire à de la propagande (antidémocratique).

Vous avez tous lu, ou entendu ceci ?

Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit

 

C’est un sophisme1, et il est d’autant plus pervers qu’il se présente tout auréolé de ce qui pourrait passer pour une sagesse populaire. Il vise ni plus ni moins qu’à faire accepter l’idée du délit d’opinion, le thoughtcrime de G. Orwell dans son roman Nineteen Eighy-Four (1984).

Dans les faits, la loi ne réprime pas le racisme (qui est une idéologie, donc une opinion), mais bien l’expression du racisme. La question ici n’est pas de savoir si l’idéologie raciste serait défendable, mais de comprendre que par essence, le droit s’applique dans le domaine concret de l’action et des faits, il ne peut sonder les cœurs et les reins.

L’exercice de la démocratie ne peut être contraint par l’éthique, parce que cela supposerait des partis-pris idéologiques, des interdits, et la subordination au conformisme, bien peu compatibles avec l’idée même de démocratie. Pire, ce glissement insidieux vise en réalité à abolir la frontière entre le moi (individualité) et le nous (la société) en posant que l’éthique (la doxa)2 prendrait le pas sur le libre-arbitre. Ainsi, le dernier sanctuaire de votre souveraineté en tant qu’individu serait désormais partie du domaine public sous juridiction du droit commun, et la société se rapprocherait un peu plus de ce que sont les ruches des hyménoptères.

Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre (George Orwell).

 

Et de même, sauf à jouer les tartufes, la défense de la liberté d’expression commence précisément par les opinions dissidentes, même (et surtout) si elles n’ont pas l’heur de nous plaire.

Étrangement, quand il s’agit de défendre la liberté d’expression de Dieudonné ou les droits fondamentaux de Tarik Ramadan3, il n’y a plus personne. Ils sont où les grands défenseurs des droits de l’homme ? Ils sont où les chantres de la démocratie ? Elle est où, l’opposition ? Où sont les gauchistes tellement prompts lorsqu’il s’agit de défendre l’Islam ou les réfugiés ? (…) Non, une moitié est vendue à Soros, l’autre crève de trouille, et refuse de quitter une petite zone d’inconfort pour une zone moins confortable encore.

On pourrait dire la même chose concernant Julian Assange, pratiquement oublié de tous, et que nous laisserons crever comme un rat dans sa chambre, quitte à nous fendre de quelques larmes de crocodile, le jour de son enterrement, en rappelant combien c’était un courageux lanceur d’alerte. Pas comme nous, en somme.

Les silences complices, pour contraints qu’ils soient, n’en sont pas moins un aveu de lâcheté, l’espoir un peu puéril qu’en se terrant dans son trou, on échappera au regard du totalitarisme idéologique rampant qui sait se nourrir de pareilles faiblesses.

Police de la pensée et justice médiatico-politique

C’est par la grâce de Dieu que nous avons ces trois précieuses choses : la liberté de parole, la liberté de penser et la prudence de n’exercer ni l’une ni l’autre (Mark Twain).

Je voudrais ici évoquer le cas de Dieudonné, parce que je pense qu’il est exemplaire d’une campagne menée par un lobby, des décideurs politiques et leurs chiens de garde pour détruire socialement et financièrement un homme en dehors de toute procédure judiciaire, de tout cadre légal. Je ne défends pas ses idées politiques, je pense qu’il n’en a guère, d’ailleurs : c’est un homme de spectacle, un amuseur, doué indéniablement d’un rare talent. Vous admettrez avec moi, et cela vaut même pour le dernier des criminels, que lorsqu’un individu a purgé sa peine, il a payé sa dette à la société. Au titre du principe non bis in idem, nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits, et par définition, la sanction est limitée soit dans le temps, soit à une astreinte financière. Rien de tout cela ici, on a une classe politique, des influenceurs et des éditocrates qui poursuivent inlassablement Dieudonné de leur haine implacable comme s’il était désormais exclu de la communauté des hommes, et déchu de ses droits élémentaires. Cela va nettement plus loin que l’ostracisme tel qu’il était pratiqué à Athènes, qui ne visait qu’à l’éloignement temporaire de la cité de personnes jugées dangereuses pour la démocratie. De plus, l’ostracisme était une institution démocratique, en ce sens qu’il fallait 6.000 voix sur un corps électoral de 40.000 pour que le quorum soit atteint.

La question que je me pose ici est de savoir qui sont exactement ces gens qui se présentent comme les gardiens de la morale et les exécuteurs des basses œuvres tout à la fois ? Qui leur a donné mandat ? Qui représentent-ils, à part eux-mêmes et une brochette de parvenus ? Ne voyez-vous pas le danger qu’il y a à laisser une élite décider de qui peut parler et qui ne le pourra plus ? C’est au juge de dire le droit, et la place pour le faire est le tribunal, le reste est une dérive attentatoire à la liberté d’expression, et par extension à la démocratie elle-même.

La liberté d’opinion et la liberté d’expression sont des droits fondamentaux inscrits dans la constitution. Et parce que les abolir signifierait clairement le basculement vers le totalitarisme, les élites ne peuvent les attaquer que par la bande, tout en prétendant les défendre. Mais que sont les droits constitutionnels si l’on n’a pas la possibilité d’en jouir pleinement ?

Censure des médias sociaux

Parce que la situation économique va en se détériorant, parce que la révolte gronde et que le peuple commence à se soulever, ne trouvant plus aucune issue à la désespérance, le pouvoir cherche par tous les moyens à étouffer la contestation. C’est donc très logiquement que la censure s’étend à présent aux réseaux sociaux, sous la pression des « démocrates » de tout poil, au titre de lutter contre les fake news (encore elles) et les « discours de haine ». La France détient d’ailleurs le record peu enviable du plus grand nombre de demandes de fermeture de pages/comptes Facebook, ça ne s’invente pas.

Cette censure s’étend désormais à Twitter, mais aussi à YouTube. Même les intermédiaires de paiement comme PayPal (et Leetchi NDLR) sont sollicités, et ferment les comptes les uns après les autres, en parfaite coordination avec le pouvoir. Il s’agit, encore une fois, de détruire financièrement les opposants si l’on ne parvient pas à les faire taire.

Cela revient à écoper le pont du Titanic avec une flûte à champagne et n’empêchera pas le navire de couler, mais le pouvoir essaie désespérément de repousser le moment où il aura à choisir entre la révolution et la répression sanglante, ce qui fait toujours tache sur la carte de visite d’un État supposément démocratique, vous en conviendrez.

 
Que reste-t-il de notre démocratie dans tout ça ?

 

Les stratégies que j’évoquais nous montrent clairement qu’elles tendent toutes au même objectif :

  • Rendre plus étroit le champ d’expression démocratique.
  • Réduire le vocabulaire ou le pervertir
  • Réduire l’offre politique réelle en posant que certains sujets ne peuvent être débattus
  • Nous abreuver de propagande médiatique au service des puissants
  • Censurer les espaces de liberté qu’étaient les réseaux sociaux
  • Ostraciser les opposants, voire leur mise à mort sociale & économique

 
Comment pouvons-nous lutter efficacement contre ces dérives ?

En retrouvant notre capacité naturelle au dialogue, au-delà des clivages artificiellement posés par ceux qui veulent à tout prix empêcher l’émergence d’une force d’opposition capable de jeter les gouvernements actuels dans les poubelles de l’histoire dont ils n’auraient jamais dû sortir.

Par dialogue, j’entends de ne plus accepter qu’un banal emprunt idéologique puisse mener à une diabolisation par association. S’il est parfaitement légitime de s’opposer aux idées, il y a grand danger à pratiquer l’ostracisme, le danger de se retrouver atomisés, littéralement. Et les seuls qui ont intérêt à ce que l’opposition reste atomisée sont nos dirigeants actuels, et leurs supplétifs.

En démocratie, la diversité des opinions est un bienfait, pas une tare. On peut parfaitement avoir une sensibilité sociale et remettre en cause l’immigration massive qui ne mènera qu’à la guerre civile que Zemmour appelle de ses vœux. On peut parfaitement admirer Michel Collon pour ses positions contre les guerres néocoloniales et trouver chez Alain Soral des analyses lucides et réalistes. On peut aimer Marx et comprendre Proudhon. On peut être contre l’appropriation des ressources de l’humanité par une petite clique de parasites et comprendre les petits propriétaires terriens et les entrepreneurs. On peut être résolument contre la destruction de la planète par l’homme, être animé d’un esprit authentiquement écologique et considérer que la voiture électrique n’est qu’une farce à l’usage des bobos, et que la « lutte contre le réchauffement climatique » n’est qu’une autre formulation pour « eugénisme tranquille » (tout de suite moins sexy).

Et j’ajoute que si les partis d’opposition actuels s’accommodent ou encouragent pareille dichotomie, ils font le jeu du pouvoir, et ceux qui y sont dans l’espoir d’un grand soir qui ne viendra jamais en sont les éternels cocus.

 
Casser tout pour reconstruire…

… Et peupler ce lieu avec des hommes nouveaux : terriblement seuls, désespérément faibles, parce qu’attachés à rien, et ancrés nulle part.

Une société, c’est avant tout une communauté sur un territoire. Des règles simples et justes, un partage équitable des charges et des bienfaits. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Ce lieu de vie est attaqué de toutes parts, autant pour ce qui concerne le territoire4 que pour ce qui concerne sa communauté (les Français). Pire, tout ce qui pourrait ressembler, de près ou de loin, à une organisation sociale visant la cohésion est systématiquement détruit par les mêmes qui prétendent les défendre : les services publics, les soins de santé, l’enseignement, mais aussi les fleurons industriels (privatisations), les syndicats et jusqu’au noyau familial : aujourd’hui, si vous n’avez pas épousé votre poisson-rouge et que votre gamin de 5 ans n’a pas encore fait son coming-out, vous n’êtes qu’un putain de macho dominateur rétrograde doublé d’un père indigne et homophobe. Tout est à vendre, tout doit partir.

Ne vous y trompez pas, ce lent travail de sape de ce qui constitue le ciment même de la société ne pourrait pas exister sans la complicité des élites, qui ont décidé, main dans la main avec le pouvoir financier international5, d’en finir une fois pour toutes avec ce modèle. Il faut donc casser tout pour reconstruire, et peupler ce lieu avec des hommes nouveaux : terriblement seuls, désespérément faibles, parce qu’attachés à rien, et ancrés nulle part. Ce sera le pouvoir sans partage des multinationales ; sans intermédiaires devenus désormais inutiles, Macron partira à la casse et sera remplacé par une sorte de CEO6 de la filiale « France » et il se trouvera encore des imbéciles pour voter pour… ça.

 

 

Notes :

(1) Sophisme : argument, raisonnement ayant l’apparence de la validité, de la vérité, mais en réalité faux et non concluant, avancé généralement avec mauvaise foi, pour tromper ou faire illusion.

(2) Doxa : ensemble des opinions communes aux membres d’une société et qui sont relatives à un comportement social. Source : Larousse

(3) Libéré sous caution le 16 novembre 2018 après 287 jours de détention provisoire. Est-il permis de penser que le traitement appliqué à l’intéressé (par la justice, mais aussi par les médias) diffère singulièrement par sa sévérité si on le compare à d’autres affaires qui avaient défrayé la chronique (Polanski, Dsk) ? La question n’est pas de savoir si l’on est d’accord avec les idées professées par Tarik Ramadan, mais bien de savoir s’il est un citoyen français comme les autres, un justiciable bénéficiant du droit à la présomption d’innocence, comme tout accusé, dans l’attente de son procès.

(4) Souveraineté : le droit français est désormais subordonné au droit européen

(5) Multinationales, banques, fonds de pensions, spéculateurs…

(6) CEO : Chief Executive Officer. On peut traduire par président-directeur général. Il s’agit de la personne qui occupe le plus haut poste à responsabilité d’une entreprise.

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