Par Franck BULEUX –Metainfos

 

En cette période troublée, toujours élargie tant en durée qu’en obligations elles-mêmes, s’il y a bien un élément qui nous manque en référence à la trilogie républicaine, c’est celui de liberté.

 

La fraternité, appelons-la plus prosaïquement la solidarité, est organisée par les pouvoirs publics en fonction de l’impôt recouvré, lui-même fixé par la loi. La solidarité à la base se limite à des applaudissements au moment où arrive, dans les foyers, l’information quasi-officielle, les « 20 heures » de TFI ou de France 2. Ce symbole en matière horaire est intéressant, il appelle le public, après deux ou trois battements de mains à allumer la lucarne magique, comme disait le bien nommé « Jacouille la fripouille », alias Christian Clavier dans le premier « Visiteurs » et à absorber les paroles des « journalistes », ceux qui lisent les prompteurs préparés dans la journée par les rédactions.

L’égalité est prônée, chaque jour, par des personnes qui vivent de manière dérogatoire. À longueur de temps, de Pascal Praud à Gilles Bouleau, on entend le fameux slogan : « Restez chez vous ! » par des personnes qui sont à l’extérieur de chez elles toute la journée, dans le style : « Surtout, ne faites pas comme moi ! ». Quant à l’égalité entre un ami qui me disait, certes à 86 ans, être confiné à Cannes dans d’agréables conditions et d’autres confinés sans balcon, dans les étages d’une tour, laissez-moi rire.

Mais revenons-en à la liberté, ou plutôt aux libertés. Car la subjectivité de la notion de « liberté » n’est rien en rapport avec les libertés, celles que nous pouvons réaliser de manière quotidienne, le seul fait de sortir, de voir un ami, d’aller chez un commerçant… J’éprouve, à ce sujet, un goût très nuancé à l’encontre des règles imposées par ce gouvernement d’extrême centre.

Certes, le confinement que l’on nous impose a probablement une justification sanitaire et, de toute façon, il faut être solidaire de tous ceux qui luttent contre la pathologie nouvelle, soit qu’ils soient eux-mêmes atteints, soit qu’ils participent à l’éradication de la pandémie, en qualité de personnel médical. Mais notez au passage que ces règles liberticides (comment les appeler autrement ?) ne sont pas liées à la gravité intrinsèque de la maladie mais à l’impossibilité, pour le secteur hospitalier, de suivre le nombre de malades en réanimation (éventuelle).

C’est clairement le manque de moyens suffisants et appropriés en matière de services publics qui génère ces règles et non la gravité, en elle-même, de la maladie. Il faudrait, il faudra l’asséner auprès du grand public, mais chaque jour, les journalistes (sic) font l’apologie de la politique d’enfermement (entre nous, heureusement que le président de la République s’appelle Emmanuel Macron et non Marine Le Pen, sinon vous auriez vu si les personnes fragiles ne seraient pas dans la rue ! Mais le débat n’est pas à l’uchronie politique. Mais imaginez, l’espace d’un très court instant, la « une » du quotidien « Libération » : « Marine Le Pen supprime le Ramadan ! »…).

Sur le fond de cette politique de confinement, de nombreuses questions se posent. Ainsi, la dictature médicale (il y a de nombreux soirs qu’un dénommé Salomon a remplacé Édouard Philippe, de quel droit tient-il cette investiture médiatique ?) serait-elle plus supportable que les dictatures policières, idéologiques ou militaires ? Certes, le pouvoir médical n’a fait que se substituer aux indigences du pouvoir politique qui préfère se cacher derrière leurs avis d’experts pour imposer les décisions que ces derniers suggèrent. L’exercice du pouvoir a changé de mains. La querelle mandarinale à propos du professeur Raoult prouve à l’évidence que, comme dans tout pouvoir, il y a compétition et lutte de factions. La caste médicale a imposé le confinement, l’absence de masques (de toute façon, il n’y en a pas pour toutes et tous) puis son port, le scepticisme à l’égard des tests (de toute façon, il n’y en a pas non plus…), maintenant le souhait de leur généralisation… À chaque fois, bien évidemment, avec l’aplomb de la vérité scientifique. Toujours le postulat, jamais l’hypothèse ! Demain, ou après-demain, le tracking, la surveillance des citoyens via Internet et votre propre et indispensable téléphone mobile, sera mis en place pour nous… protéger des personnes infectées. Heureusement que les personnes infectées n’ont pas une caractéristique spécifique… Imaginez, pour les plus anciens d’entre vous, si cela avait été possible (ce qui ne l’était heureusement pas…), qu’un politique ait proposé cela en 1983-84 lors du développement massif du SIDA, notamment dans les backrooms parisiens. Quelle horreur, le fichage des malades ! Moins de quarante ans après (période de quarantaine intellectuelle ?), tout passe auprès du public. Oui, mais parce qu’il n’y a pas de discrimination ! Si l’on veut, les personnes âgées de plus de 65 ans y ont échappées belle, merci Brigitte Macron, qui approche les 70 ans.

Mais ne voit-on pas que la caste médicale encourage le pouvoir politique à remettre en cause la liberté fondamentale de circulation des citoyens ? La médecine suggère, le pouvoir politique obtempère. Si les exigences sont trop difficiles, comme pour les plus de 65 ans (qui votent plus que les autres, notons-le aussi), le président Macron va faire appel à leur « responsabilité » : en d’autres termes, cela signifie, pratiquer la politique de sa propre mise en cause, une sorte de remords national-gérontologique : « Si je sors, je mets en péril la communauté… et surtout les jeunes, l’avenir de la France ». Donc, toi la personne de 70 ans, tu n’es pas la bienvenue hors de ton domicile. Une crécelle, peut-être pour les entendre arriver ? Non, la présence de rides suffira. Brigitte Macron, quant à elle, augmente les crèmes pour le visage et le cou, elle finira bien par faire… 64 ans. En même temps, expression qu’ils aiment à répéter, vivre à l’Élysée (et au Touquet, parfois) n’a rien d’une sinécure.

La brutalité du confinement, le 16 mars, a provoqué une panique morale et parfois physique (départ de Parisiens par exemple, presque un exode pour certains…). Ce confinement ressemble plus à des contraintes non étudiées à des mesures brouillonnes, instantanées et globalisées.

L’opinion a donc perdu sa liberté en une soirée. Sans doute la retrouvera-t-elle « progressivement » mais les pouvoirs publics ont compris qu’ils pouvaient transférer le pouvoir à une caste médicale à tout moment. N’oubliez pas le Covid se nomme « 19 », sans doute existera-t-il un Covid-20 et plus, si affinités.

La Liberté guidant le peuple est une huile sur toile d’Eugène Delacroix réalisée en 1830, inspirée de la révolution des Trois Glorieuses. Elle est souvent présentée à nos élèves, pour leur montrer qu’un peuple peut se soulever, barricades comprises, contre un pouvoir liberticide.

 

A partir du 16 mars 2020, je pense que nous pouvons passer ce chapitre assez rapidement. Cela fera du temps pour rester chez soi.

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