Par Antonin Campana
Il ne faut pas prendre Harari à la légère. Pour Le Point, il est « le penseur le plus important du monde » ; pour The Economist, c’est le premier « vrai intellectuel global du XXIe siècle » (« global, traduisez « mondialiste ») ; pour la chaîne La Cinq (émission La Grande Librairie) « l’intellectuel le plus influent d’aujourd’hui » ; pour le quotidien 20 minutes, « les grands de ce monde ne parlent que de lui ». Harari a été reçu par Angela Merkel, Christine Lagarde, Emmanuel Macron, avec qui il a dîné. Mais, indubitablement, ce qui fait de lui un personnage important est l’influence de ses idées sur le Forum de Davos, et notamment sur Klaus Schwab, dont on dit qu’il est le conseiller principal.
Justement, nous proposons ici un exposé de ses idées. Harari aime discourir et donner des entretiens. Il répète souvent les mêmes choses, dans ses écrits et dans ses interventions orales, et finalement sa pensée, assez pauvre, tourne autour de quelques obsessions (le piratage des humains, la surveillance de masse, le contrôle). Pour faire cet article nous nous sommes basé sur des entretiens (au Guardian en 2018, au Courrier de l’Unesco en 2020…), des discours (celui de Davos en 2020 par exemple) et des passages à des émissions télévisées (La Grande Librairie en 2017 par exemple). Le lecteur intéressé trouvera de nombreuses interventions filmées de Yuval Harari sur Internet (voir par exemple cette vidéo de Vivre sainement dont le travail est excellent).
La connaissance de la pensée de Yuval Harari est aujourd’hui indispensable. Ce personnage est au carrefour du dispositif oligarchique. Et il annonce que dans celui-ci peu de gens auront leur place ! Autant en être conscient.
Voici donc, à partir des propos de Yuval Noah Harari, rapportés fidèlement, l’architecture de cette pensée “nauséabonde“.
« Mon libre arbitre : c’est terminé ! » ou le piratage des humains
La clé de voûte de la doctrine Harari tient en une phrase : le libre arbitre, qui sous-tend la liberté individuelle et donc la légitimité démocratique, est un « mythe » ! Par conséquent, rien ne s’oppose à ce qu’une intelligence artificielle prenne le contrôle du cerveau humain :
« Ce mythe a peu à voir avec ce que la science nous enseigne maintenant sur Homo sapiens et d’autres animaux. Les humains ont certainement une volonté – mais elle n’est pas gratuite. Vous ne pouvez pas décider quels désirs vous avez. Vous ne décidez pas d’être introverti ou extraverti, facile à vivre ou anxieux, gay ou hétérosexuel. Les humains font des choix – mais ce ne sont jamais des choix indépendants. Chaque choix dépend de beaucoup de conditions biologiques, sociales et personnelles que vous ne pouvez pas déterminer par vous-même. Je peux choisir quoi manger, qui épouser et pour qui voter, mais ces choix sont déterminés en partie par mes gènes, ma biochimie, mon sexe, mes antécédents familiaux, ma culture nationale, etc. – et je n’ai pas choisi quels gènes ou famille avoir ».
C’est pourquoi :
« Nous devons abandonner la vision naïve de l’homme en tant qu’individu libre »
En fait Harari réinvente l’eau chaude. Depuis longtemps (toujours ?) les hommes savent qu’ils sont le résultat d’une nature et d’une culture, voire selon certains de la volonté de Dieu. Martin Luther parlait déjà de « serf arbitre » en 1525, cinq siècles avant Harari ! On est ce qu’on est. Certes on aurait pu être différent, mais seul un tyran peut en tirer argument pour enlever à l’individu la liberté de choix et seul un pervers psychopathe peut proposer de substituer à cette liberté fondamentale le « piratage de l’humain » et le transfert de la volonté humaine à une Intelligence Artificielle :
« De même que votre ordinateur est doté d’un programme antivirus qui détecte les logiciels malveillants, nous avons peut-être besoin d’un antivirus pour le cerveau. Votre compagnon IA apprendra par expérience que vous avez une faiblesse particulière – que ce soit pour les vidéos amusantes de chats ou pour les exaspérantes histoires sur Trump – et les bloquera en votre nom »
Pas d’inquiétude, tout se passera bien, il suffit de suivre la science :
« Les humains sont maintenant des animaux piratables. Vous savez l’idée que les humains ont un libre arbitre, [que] quoi que je choisisse dans les élections ou les supermarchés c’est mon libre arbitre : c’est terminé ! Aujourd’hui nous avons la technologie pour pirater les êtres humains à grande échelle. Je veux dire tout est numérisé, tout est surveillé, en cette période de crise il faut suivre la science ! ».
Et ailleurs :
« Pour réussir à pirater les humains, vous avez besoin de deux choses: une bonne compréhension de la biologie et beaucoup de puissance de calcul. L’Inquisition et le KGB manquaient de cette connaissance et de ce pouvoir. Mais bientôt, les entreprises et les gouvernements pourraient avoir les deux, et une fois qu’ils peuvent vous pirater, ils peuvent non seulement prédire vos choix, mais aussi réorganiser vos sentiments. Pour ce faire, les entreprises et les gouvernements n’auront pas besoin de vous connaître parfaitement. C’est impossible. Ils devront juste vous connaître un peu mieux que vous ne vous connaissez vous-même. Et ce n’est pas impossible, car la plupart des gens ne se connaissent pas très bien ».
Ou encore :
« Dans le passé de nombreux tyrans et gouvernements ont voulu le faire, mais personne ne comprenait assez bien la biologie. Et personne n’avait assez de puissance de calcul et de données pour pirater des millions de personnes. Ni la gestapo ni le KGB n’ont pu le faire. Mais bientôt, au moins certaines sociétés et gouvernements seront en mesure de pirater systématiquement tout le monde. Nous les humains, devrions nous habituer à l’idée que nous ne sommes plus des âmes mystérieuses. Nous sommes maintenant des animaux piratables ».
Et de rêver :
« Si vous connaissez suffisamment la biologie et disposez d’une capacité de calcul et de données suffisantes, vous pouvez pirater mon corps, mon cerveau et ma vie, et vous pouvez me comprendre mieux que je ne me comprends moi-même. Vous pouvez connaître mon type de personnalité, mes opinions politiques, mes préférences sexuelles, mes faiblesses mentales, mes craintes et mes espoirs les plus profonds. Vous en savez plus sur moi que je n’en sais sur moi-même. Et si vous pouvez me faire cela, vous pouvez le faire à tout le monde. Un système qui nous comprend mieux que nous ne nous comprenons nous-mêmes peut prédire nos sentiments et nos décisions, les manipuler et, en fin de compte, faire des choix à notre place ».
Grâce au piratage des humains, des entreprises et des gouvernements peuvent désormais nous dicter leurs volontés :
« Comment fonctionne la démocratie libérale à une époque où les gouvernements et les entreprises peuvent pirater les humains ? Que reste-t-il des croyances selon lesquelles « l’électeur sait le mieux » et « le client a toujours raison » ? Comment vivez-vous lorsque vous réalisez que vous êtes un animal piratable, que votre cœur pourrait être un agent du gouvernement, que votre amygdale pourrait travailler pour Poutine, et que la prochaine pensée qui émerge dans votre esprit pourrait bien être le résultat d’un algorithme qui vous connaît mieux que vous ne vous connaissez vous-même ? Ce sont les questions les plus intéressantes auxquelles l’humanité est maintenant confrontée ».
Car la technologie progresse :
« Et ce n’est que le début. À l’heure actuelle, les pirates s’appuient sur l’analyse des signaux et des actions dans le monde extérieur : les produits que vous achetez, les lieux que vous visitez, les mots que vous recherchez en ligne. Pourtant, en quelques années, les capteurs biométriques pourraient donner aux pirates un accès direct à votre monde intérieur, et ils pourraient observer ce qui se passe à l’intérieur de votre cœur » ; « Un algorithme peut déjà dire que vous avez un préjugé contre les immigrants, alors que votre voisin n’aime pas Trump (…) maintenant, ces méthodes sont utilisées pour vous vendre des politiciens et des idéologies aussi ».
L’humain piraté par une intelligence artificielle qui lui dictera les choix qu’il fera est l’avenir de l’humanité. Comment certains peuvent-ils refuser cette évolution merveilleuse ? se demande Harari :
« Au lieu d’explorer ce qui nous attend au-delà de l’illusion du « libre arbitre », des gens du monde entier se retirent maintenant pour trouver refuge avec des illusions encore plus anciennes. Au lieu de relever le défi de l’IA et de la bio-ingénierie, beaucoup se tournent vers des fantasmes religieux et nationalistes… ».
Ici, il nous faut faire le lien avec un rapport du Forum de Davos, dont nous avons déjà parlé dans un article (Dormez tranquilles : Davos va « externaliser » votre libre arbitre). Ce rapport pointe comme Harari la méfiance de certaines personnes envers la technologie et préconise « l’externalisation » des décisions personnelles. La liberté de décider de nos choix personnels en matière de données numériques (données qui sont fondamentales dans le processus de piratage de l’humain selon Harari) serait ainsi confiée à un « tiers de confiance » (une intelligence artificielle) qui prendrait des décisions en notre nom : « nous regardons vers l’avenir, vers l’agent artificiellement intelligent qui permet à un tiers autonome de prendre des décisions en notre nom », est-il écrit dans ce rapport.
Qui influence qui : Harari qui influence Davos ou Davos qui influence Harari ? Ou bien plutôt travaillent-ils ensemble ?
L’objectif du piratage de l’humain : la fin de la vie privée et le contrôle de la population
Désormais, énonce Harari, pour la première fois dans l’histoire, il est possible d’annuler l’idée de « vie privée ». Et les gens, explique-t-il doctement, seront même volontaires pour sacrifier leur vie privée sur l’autel de leur sécurité :
« Mais il y a quelque chose pour la première fois dans l’histoire, c’est qu’il est possible d’éliminer complètement la vie privée. Ça n’a jamais été possible avant et c’est possible maintenant. Quelque chose de fondamental a changé ! Quand les dictateurs ont toujours rêvé d’éliminer la vie privée, surveiller tout le monde, tout le temps et savoir tout ce que vous faites et pas seulement tout ce que vous faites mais aussi tout ce que vous pensez et tout ce que vous ressentez. Que ce soit un tyran de la Grèce antique, ou que ce soit Staline, ils en ont toujours rêvé. Ils n’ont jamais pu le faire car c’était techniquement impossible. Maintenant ça l’est ! »
Ça l’est, et cela se fera :
« Les gens vont être volontaires pour abandonner leur vie intime, leur intimité, pour avoir les meilleurs soins, parce que finalement les données qui sont un développement important sont des données biométriques de l’intérieur de votre corps, c’est le point clé. La grande invention sera le capteur biométrique. Quand les gens vont commencer à porter des capteurs biométriques sur ou dans leur corps, tout le temps, cela va être vraiment le déclenchement de cette révolution. Et pourquoi les gens acceptaient de porter des capteurs biométriques sur leur corps et de donner ces données aux gouvernements ou aux entreprises ? En raison de la santé ! On va leur promettre, avec de bonnes raisons, que si vous acceptez ça nous pourrons identifier par exemple le cancer quand il n’est qu’au tout début. Nous pourrons immédiatement identifier à quel moment il y a une épidémie qui se répand et isoler les premiers qui sont atteints. Ce n’est pas un mensonge, ils vont être capables de fournir des soins de santé nettement meilleurs qu’auparavant et ça va convaincre la plupart des gens d’abandonner leur vie privée en échange ».
L’important ce sont les données sur les gens, toutes leurs données. Car les données conditionnent la surveillance de masse :
« Et nous commençons déjà à voir l’émergence de tels régimes de surveillance totale dans des endroits comme le Xinjiang. Dans des endroits comme mon propre pays, en Israël, nous avons ce grand laboratoire de surveillance appelé les Territoires occupés, où vous avez 2.5 millions de cobayes pour savoir comment surveiller et contrôler complètement une population avec très peu de soldats. Quand on regarde les chiffres, c’est incroyable le peu de soldats dont on a besoin pour contrôler des millions de personnes, si vous avez leurs données ».
Et à Davos (2020) : « Lorsque vous avez suffisamment de données, vous n’avez pas besoin d’envoyer de soldats pour contrôler un pays ».
Tout repose en fait sur la « sagesse de l’algorithme », religion du futur (le « dataisme »), car l’homme n’est qu’un algorithme :
« Les êtres humains ne sont finalement que des algorithmes biochimiques et si vous avez suffisamment de données et de puissance de calcul, vous pouvez hacker les algorithmes humains et à ce moment-là vous pouvez contrôler et manipuler les gens »
La place du covidisme dans le piratage des êtres humains
Harari pose donc que la liberté individuelle est un mythe et que cela justifie un piratage des individus par notamment l’implantation de capteurs biométriques sous la peau. Ce piratage réorganisera de manière adéquate les pensées et les sentiments des individus, conformément à ce qu’attendent les entreprises et les gouvernements. Puisque le libre arbitre n’existe pas, autant le leur confier directement, n’est-ce pas ? Ils en feront bon usage, n’en doutons pas. Harari nous explique que c’est au nom de leur santé que les gens accepteront de se faire implanter des capteurs biométriques dans le corps (après ce que nous avons vu des gens durant la « pandémie », nul doute qu’il ait raison). Aussi, pour arriver à ses fins, Harari compte bien profiter des « crises » et autres « catastrophes ». Jacques Attali et Klaus Schwab ne le contrediront pas. Et il précise :
« On dit souvent qu’il ne faut jamais laisser passer une bonne crise parce qu’une crise c’est aussi l’occasion aussi de faire de bonnes réformes qu’en temps normal les gens n’accepteraient jamais, mais en temps de crise, vous voyez, on a une chance, alors allons-y (…) Le vaccin nous aidera bien sûr, il rendra les choses, vous savez, plus gérables »
La fausse pandémie est ainsi l’occasion d’une rupture civilisationnelle qui verra s’installer un « régime de surveillance » :
« Les gens pourraient regarder en arrière dans 100 ans et identifier l’épidémie de coronavirus comme le moment où un nouveau régime de surveillance a pris le dessus, en particulier la surveillance sous la peau, qui, je pense, est peut-être le développement le plus important du 21 siècle. Cette capacité à pirater les êtres humains pour aller sous la peau, collecter des données biométriques, les analyser et comprendre les gens mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes, je crois que c’est l’évènement le plus important du 21 siècle ».
Le moment covidien est donc un tournant qui accélère l’asservissement des populations :
« Nous assistons actuellement à la création de nouveaux systèmes de surveillance à travers le monde, aussi bien par des États que par des entreprises. La crise actuelle pourrait marquer un tournant majeur dans l’histoire de la surveillance. Tout d’abord parce qu’elle pourrait légitimer et normaliser le déploiement massif d’outils de surveillance dans des pays qui les ont rejetés jusque-là. La deuxième raison est encore plus importante : cette crise pourrait entraîner une transition radicale de la surveillance « sur la peau » à la surveillance « sous la peau ».
Après les injections, viendra le puçage des populations… :
« Le covid est capital parce que c’est ce qui convainc les gens d’accepter, c’est ce qui légitime la surveillance biométrique totale. Si on veut stopper cette épidémie, nous ne devons pas juste surveiller les gens, nous devons surveiller ce qui se passe à l’intérieur d’eux, sous leur peau »
Ce qui nous mènera directement vers une « gouvernance mondiale » :
« Une des options mentionnées par certaines personnes est que seule une catastrophe pourrait ébranler l’humanité et ouvrir la voie vers un véritable système de gouvernance mondiale. Ils disent qu’on ne peut pas le faire avant la catastrophe. Mais nous devons commencer à poser les fondations pour que nous puissions réagir rapidement lorsque le désastre se produira ».
Les élites vont bientôt avoir des capacités divines
Le piratage de l’humain, la surveillance de masse, la capacité de dicter aux gens leur conduite sans même qu’ils en aient conscience, donnent aux élites une puissance démiurgique dont Harari se félicite :
« En piratant les organismes, les élites acquièrent le pouvoir de réorganiser l’avenir de la vie elle-même. Parce qu’une fois que vous pouvez pirater quelque chose, vous pouvez généralement aussi le concevoir ».
« Dans les décennies à venir, l’IA et la biotechnologie nous donneront des capacités divines pour réorganiser la vie et même créer des formes de vie complètement nouvelles. Nous sommes sur le point d’entrer dans une nouvelle ère de vie inorganique façonnée par le design intelligent, notre design intelligent ».
L’intelligence artificielle décidera de notre vie :
« Parce qu’à mesure que nous nous appuierons sur l’IA pour prendre des décisions à notre place, l’autorité passera des humains aux algorithmes. Et cela a déjà commencé. Dans un avenir proche, des algorithmes du même type pourraient nous dire où travailler et qui épouser, et aussi décider ou non de nous engager pour un travail, de nous accorder un prêt et de demander à la banque centrale d’augmenter notre taux d’intérêt ».
Nous sommes donc à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle, plus importante que la première. Les élites sont maintenant capables de créer des « humains », ravalés par Harari au rang de « produits », et non plus seulement des biens matériels comme autrefois :
« Lors de la révolution industrielle du XIXe siècle, l’humanité a essentiellement appris à produire toute sorte de choses comme des tissus, des chaussures, des armes, et des véhicules. Cela a suffi à un petit nombre de pays qui ont mené cette révolution suffisamment vite pour subjuguer tous les autres. Ce dont il s’agit aujourd’hui c’est d’une seconde révolution industrielle mais cette fois le produit ne sera ni des tissus, ni des machines, ni des véhicules ou même des armes. Cette fois-ci le produit obtenu sera les humains eux-mêmes. Nous apprenons essentiellement à produire des corps et des esprits. Les corps et les esprits seront d’après moi les deux principaux produits de la prochaine vague de tous ces changements… ».
Ceux qui refuseront de produire des corps augmentés et des esprits contrôlés, c’est-à-dire qui refuseront le transhumanisme, disparaîtront :
« …et si un fossé se creusent entre ceux qui savent produire des corps et des esprits et ceux qui ne le savent pas, alors ce sera bien plus conséquent que tout ce que nous avons pu connaître dans l’histoire jusqu’à maintenant, sauf que, cette fois-ci, si vous ne faites pas partie de la révolution de façon suffisamment rapide, il y a des chances que vous disparaissiez ».
Pain, jeux et dépopulation
Si les élites savent produire à foison des corps augmentés et des esprits contrôlés, de véritables cyborgs totalement dévoués, au contraire des masses humaines instables et toujours susceptibles de s’en prendre à leur personne, se pose alors la question de l’utilité de ces masses :
« Une fois que vous savez comment produire des corps, des cerveaux et des esprits alors la main d’œuvre bon marché en Afrique ou en Asie du Sud, et où qu’elle soit, ne vaudra tout simplement rien. Encore une fois, il me semble que la plus grande question qui se posera dans les prochaines décennies sur le plan économique et politique, sera quoi faire de toutes ces personnes inutiles ».
Les personnes inutiles (ou ailleurs les « humains inutiles ») formeront une « classe inutile » :
« Ceux qui échouent dans la lutte contre l’inutilité constitueraient une nouvelle « classe inutile » – non pas des gens inutiles du point de vue de leurs amis et de leur famille, mais du point de vue du système économique et politique. Et cette classe inutile sera séparée de l’élite toujours plus puissante par un fossé lui aussi en constante croissance ».
Donc que faire de ces inutiles ? Et de répondre :
« Je ne pense pas que nous ayons un modèle économique pour cela. Ma meilleure hypothèse, et cela reste une présomption, est que la nourriture ne sera pas un problème car avec ce genre de technologie nous serons en mesure de produire de la nourriture pour tout le monde. Le problème, en revanche, reste la problématique de l’ennui. Que faire avec ces gens, comment vont-ils trouver un sens à leur vie alors qu’ils sont insignifiants et n’ont aucune valeur ? A ce stade, ma meilleure suggestion serait d’avoir recours aux drogues et aux jeux vidéo ».
Harari se pose la question des humains inutiles, insignifiants et sans valeur, et y répond en s’englobant dans un « nous » qui montre bien qu’il ne parle pas seulement en son nom propre mais qu’il s’inscrit dans un projet collectif, probablement celui de Davos :
« Et la grande question politique et économique du XXIe siècle sera de savoir pour quelles raisons avons-nous besoin des humains ? Ou du moins, pour quelles raisons avons-nous besoin de tant d’humains ? »
Voilà un homme qui s’interroge froidement et publiquement sur l’utilité de conserver toute la population terrestre, voire l’humanité elle-même ! Au journaliste qui lui demande s’il a la réponse à cette question, il répond :
« Actuellement, nous estimons que le mieux est de faire en sorte qu’ils soient heureux avec des médicaments et des jeux sur ordinateur »
« Actuellement, nous… » : autrement dit, les choses pourraient changer à l’avenir, tout dépendra des désirs de ce collectif (« nous ») et de l’utilité qu’il trouvera à conserver autant d’humains inutiles ! Quoi qu’il en soit, les propos d’Harari montrent bien que la mise en œuvre de la dépopulation est a minima objet de discussion dans certains cercles, et même sans doute que l’élimination des « personnes inutiles » a déjà commencée : « si vous ne faites pas partie de la révolution, il y a des chances que vous disparaissiez ».
En conclusion…
Yuval Harari constate que la technologie rend possible, désormais, de contrôler les humains grâce à des capteurs biométriques et à des sortes d‘antivirus implantés dans le corps, dont la fonction sera de détecter les idées non conformes (les « faiblesses ») et de les bloquer. Il nous assure que cette révolution est en marche, que ceux qui la refuseront, se réfugiant dans le nationalisme ou un passéisme moyenâgeux, disparaîtront.
Cette révolution, fondée sur l’accumulation de données sur les personnes (« le pétrole de l’économie moderne », selon Boris Johnson) permettra une surveillance de masse avec très peu de personnel. Ce sera la fin de la vie privée, et cela sans contraintes excessives car les gens seront volontaires pour abandonner leur vie intime, croyant tirer des capteurs un bénéfice pour leur santé.
De ce point de vue, le covid a été l’occasion de créer de nouveaux systèmes de surveillance et de préparer la population à l’idée de capteurs sous la peau. La capacité à pirater les êtres humains par des capteurs sous la peau, dit Harari, est le développement le plus important du XXIè siècle.
Cette révolution, qui en donnant aux élites la capacité de produire des humains augmentés et contrôlés qui, avec l’intelligence artificielle, se substitueront aux travailleurs humains traditionnels, pose un problème : que faire des humains devenus inutiles ? Harari propose que dans un premier temps on les laisse chez eux (avec une sorte de RSA ?) et qu’on les abreuve de drogues et de jeux vidéo pour qu’ils se tiennent tranquilles. Puis il pose la question, semblant annoncer un terrible processus de dépopulation : « pour quelle raison avons-nous besoin de tant d’humains ? », et que faire de ces gens « alors qu’ils sont insignifiants et n’ont aucune valeur ? ». Au fait, soit dit en passant, qui est ce « nous » ? On aimerait bien savoir ce qu’il recouvre exactement !
Quoi qu’il en soit, seul un psychopathe profond et dangereux peut poser froidement et à plusieurs reprises, dans des contextes différents, une telle question. Le problème pour nous, les humains inutiles, est qu’Harari n’est pas un simple professeur d’université. Il connaît tous les puissants de la planète, les Gates, les Obama, les Schwab, les Lagarde, les Macron, les Merckel… Tous l’accueillent comme l’un des leurs et l’encensent : « les grands de ce monde ne parlent que de lui ! ». Ni eux, ni les médias au service de ces gens ne s’interrogent sur les relents, un peu totalitaire et génocidaire quand même ! qui émanent des propos et des écrits de Yuval Harari. En désignant ce conseiller de Klaus Schwab comme le « penseur le plus important du monde », les élites consacrent ses écrits et ses pensées. Elles montrent, ces élites, qu’elles se sont ralliées au projet qu’il expose, qu’elles en sont partie prenante, et même, probablement, qu’elles en sont à l’origine.
Drogues, jeux vidéo et injections fatales : c’est ce qu’ils nous promettent, à nous les inutiles, les déplorables et les sans-dents. Nous voilà prévenus : préparons-nous !