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Par Franck Buleux

 

Le président de la République, Emmanuel Macron, qui n’a jamais subi le confinement, ni humainement, ni financièrement, s’est trouvé un nouveau modèle après le socialisme version François Hollande, dont il fut le protégé, notamment en qualité de secrétaire général adjoint de son cabinet élyséen, dès 2012, avant d’être nommé en 2014 ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Mais tout cela est du passé.

 

Depuis, Emmanuel Macron dont la ligne politique est centrale, à défaut d’être centriste, s’est trouvé une nouvelle figure de proue, le général de Gaulle du temps qu’il fut colonel.

En effet, ce dimanche 17 mai, le chef de l’État s’est rendu à Montcornet, où Charles de Gaulle tenta une vaine contre-offensive contre l’Allemagne, à l’été 1940. Jamais un président de la République en exercice ne s’était rendu dans ce village de l’Aisne, qui plus est pour célébrer cette défaite fondatrice du mythe gaullien : la bataille de Montcornet.

Cette commémoration appelle au moins deux remarques, pour nous limiter à celles-ci :

  • d’abord, Emmanuel Macron est « en guerre » contre un virus et il a engagé tout l’appareil de production (une première !) dans son combat. Enfant de la fin des années 1970, il rêve plus de combats qu’il ne compte en vivre. Son idée est de constituer un parallèle incertain entre cette défaite de mai 1940 et l’attaque – Blitzkrieg ? – du Covid-19. Ainsi, il n’hésite pas à franchir le rubicond, mélangeant des combats réels et les conséquences de la mondialisation, dont il fut et demeure l’un des serviteurs les plus zélés 
  • ensuite, la visite dans une commune où sa concurrente, Marine Le Pen, a réalisé 63 % des suffrages en 2017, permet également de rassurer le contemporain, en indiquant la notion de temps long. Le 17 mai 1940 est loin du 8 mai 1945. Macron se prenant pour un héros, en chef de guerre, se projette déjà vers son second mandat.

Si l’on devait retenir les liens entre de Gaulle et Macron (car il y en a !), il n’est pas besoin de se rendre dans la « France des oubliés ». Ils sont l’expression d’une République sans parti puisque l’UNR, en 1958 comme LREM en 2017, sont des mouvements ad hoc, c’est-à-dire fondés pour l’occasion, pour gagner et conserver le pouvoir. Ils se sentent « providentiels », grand bien leur en fasse (au passé pour de Gaulle, au présent pour Macron).

Mais au-delà de cette similitude originelle, opposée à la République des partis (bien qu’ils concourent, selon la Constitution, à l’expression démocratique), un autre point semble les lier, la gestion de crise. En avril 1961, de Gaulle mit en application l’article 16 de la Constitution de la Cinquième République permettant de donner, en période de crise (mais qui définit la crise sinon le parti présidentiel ?), des « pouvoirs étendus. »

Emmanuel Macron, lui, n’a pas souhaité mettre en œuvre l’article 16 mais a fait voter, le 23 mars 2020, la loi d’état d’urgence sanitaire, faisant fi de tous les droits constitutionnels des Français : droit de vote, liberté de circulation, droit de se réunir.… Quant à la liberté d’opinion, je vous laisse découvrir la nouvelle loi dite Avia, du patronyme d’une députée LREM de Paris, qui n’hésitait pas, dès son élection à mordre un chauffeur de taxi pour éviter de régler la course due. Encore étonnant qu’elle n’ait pas essayée de mettre en cause le chauffeur pour agression sexuelle ! Autre débat mais tellement emblématique d’un parti justement dénué de toute base théorique, soumis à l’autorité et à l’élection d’un homme seul.

Donc, l’état de crise sanitaire a balayé toutes nos valeurs, peut-être parce que nos valeurs ne sont pas si ancrées que cela, alors… Même pas la moindre riposte d’un hypothétique groupe anti-confinement comme aux États-Unis ou en Allemagne. La protection sanitaire a aussi valeur constitutionnelle, paraît-il. Certes mais qui définit l’état de crise sanitaire ? Sur quels critères objectifs ? Le pouvoir aidé en cela par la caste médicale. Au demeurant, le président Macron nous l’a rappelé il y a peu, il vient d’une famille médicale. Donc, il sait. Je ne le savais pas promoteur de l’inné.

Ainsi, comme en 1961 contre les généraux d’Alger, Macron, en 2020, porte atteinte aux libertés fondatrices de la République, en se fondant sur une crise, dont la réalité est l’incapacité de gestion de celle-ci par les services hospitaliers. Donc, ce n’est en rien une crise sanitaire mais une crise liée à la gestion des hôpitaux par les pouvoirs publics.

Comme je l’écrivais plus haut, nos deux chefs d’État ont au moins eu le privilège de prouver aux Français qu’ils n’étaient pas si attachés que cela à un certain nombre de valeurs que l’on pensait intouchables, comme la vache sacrée hindoue. En revanche, en commémorant la défaite du colonel de Gaulle en mai 2020, Macron prend le risque, mesuré, de perdre la bataille.

Cela étant, l’enfant de 1977 a sans doute plus été bercé par les monstres des dessins animés télévisuels que par je ne sais quelle volonté de vaincre un ennemi réel.

En regardant, aux journaux télévisuels qui ne manqueront pas de le passer en boucle, le président Macron dans l’Aisne, vous penserez plus à Miguel de Cervantes. Vous savez l’auteur de Don Quichotte, celui qui se battait contre des moulins à vent, qu’il prenait pour des géants maléfiques.

 

 

Nota :

Ce qui nous a particulièrement frappé hier dans cet éloge paradoxal d’une défaite, c’est le vide autour du Président, quelques militaires aux ordres, un préfet, en rase campagne comme pour éviter tout risque de se confronter au peuple et comme si le pouvoir était nu. Or, il l’est certes, mais il a toujours la force pour lui et cela les Français non dupes mais encore anesthésiés aux journalopes ne l’ont pas encore réalisé, à savoir que le pouvoir ne semble plus tenir qu’à un fil et se délite dans toutes les administrations. 

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