D’après h16

 

Les bobards gouvernementaux s’empilent et ne permettront pas de calmer l’agacement qui monte de tout le pays.

Décidément, comme je l’évoquais il y a quelques jours, ce qui se passe actuellement au Canada mérite mieux que les petits entrefilets de plus en plus nerveux d’une presse française toujours à son meilleur niveau en termes de propagande : non seulement le mouvement ne faiblit pas outre-Atlantique, mais on voit même frémir quelque chose du côté européen.

Comme le relate assez discrètement Libération, des mouvements s’organiseraient donc au moins en France, en Belgique et dans d’autres pays européens pour tenter de reproduire ce qui se passe actuellement au Canada.

Sans grande surprise, le quotidien insiste bien vite sur la différence de situation française par rapport à la canadienne : il ne faudrait pas qu’on puisse imaginer une seule seconde le moindre soutien ou la plus petite sympathie du journal des apparatchiks pour quelque chose qui ressemble à un mouvement du peuple, cette engeance un peu sale (qui « pue des pieds » comme le dirait un certain chroniqueur). Malgré tout, l’observation des plumitifs de l’épave sur-subventionnée n’en reste pas moins assez exacte : il y a bien une différence assez forte entre les camionneurs français et leurs homologues canadiens ; ces derniers sont très souvent propriétaires de leurs véhicules et indépendants, là où les Français sont souvent salariés et simples conducteurs de camions, ce qui signifie que pas ou peu de camions prendront part aux manifestations.

Mais en tout cas rassurez-vous : il y a bien peu de chance (de risque ?) que ce qui s’est passé au Canada se reproduise en France.

Pas seulement parce que les propriétaires de véhicules ne sont pas les mêmes et pas seulement parce que l’esprit français qu’on a pu évaluer lors du mouvement des Gilets jaunes n’est pas tout à fait de même nature que l’esprit canadien qui motive actuellement ce qu’on observe à Ottawa – pour le dire sobrement – mais aussi et surtout parce qu’en France, les manifestations populaires ne sont pas du tout encadrées de la même façon selon qu’elles peuvent ou non servir l’agenda du pouvoir.

Autant au Canada, les forces de l’ordre doivent composer avec le droit constitutionnel à exprimer un désaccord, surtout si cette expression se fait sans violence et sans destruction, autant il n’en va pas de même en France : alors que les mouvements de camionneurs ont toujours été synonymes de blocages tendus et de soupe à la grimace pour les gouvernements qui y furent confrontés, le ministre de l’Intérieur, un certain Gérald  Darmanin, a clairement et immédiatement appelé à la plus grande fermeté. Pour lui, c’est très clair :

« Nous mettons les moyens de renseignement et d’action si jamais des gens voulaient bloquer la liberté des uns et des autres, surtout un accès à la capitale. […] Les gendarmes sont très mobilisés, nous prendrons nos responsabilités pour ne jamais laisser entraver la liberté de circulation. »

Eh oui : s’il n’était clairement encadré comme il se doit, ce genre de mouvement pourrait devenir subitement visible pour une bonne partie des Français, au contraire des manifestations du samedi, facilement occultables par des médias serviles qui n’ont pas eu trop d’efforts à faire pour ne pas les évoquer. Et donner de la publicité, même involontairement, à un mouvement de protestation, ce serait risquer de montrer qu’il n’y a plus du tout d’assentiment majoritaire des Français à l’ensemble des interdictions, vexations et autres avanies que le gouvernement leur fait inutilement subir.

C’est donc sans surprise que le mini-ministre entend écraser toute mobilisation dans l’œuf : subitement, la liberté de circulation devient importante pour lui qui se montrera extrêmement ferme face aux possibles manifestations… Liberté de circulation qu’il a pourtant largement contribué à saboter et à réduire à sa plus simple expression  chaque fois que possible ces dernières années, depuis les confinements à base de cerfas auto-vexatoires jusqu’aux restrictions de déplacements plus ou moins débiles empilées aux frontières en fonction du vent politique du moment.

De façon intéressante, la fébrilité du ministre de l’Intérieur est d’autant plus palpable qu’à mesure que se rapproche l’élection présidentielle, le bilan de sa politique se fait plus pressant : en réalité, les petits marquis du pouvoir actuel ont une trouille bleue d’une redite des Gilets jaunes à quelques semaines du premier tour.

Non seulement, tout dérapage ou toute gêne serait immédiatement la démonstration de l’impotence réelle du ministre de l’Intérieur et des clowns à seringue qui sévissent au pouvoir actuellement, mais en plus, au-delà de ce fichu bilan sécuritaire évident que ces mouvements vont rappeler – bilan dont tout le monde sait qu’il est très mauvais, pour le dire aimablement – cela pourrait servir de plateforme à tous les autres mécontentements…

Et ils sont nombreux : finances du pays dans un trou abyssal, services publics en berne, pouvoir d’achat détruit, déclassements divers du pays avec des rangs mondiaux de la France en matière de santé ou d’éducation si mauvais qu’ils vont inévitablement peser dans la campagne d’un putatif candidat Macron, bref, il devient absolument indispensable de tout faire pour camoufler tout ce qui peut l’être et de construire une dynamique, n’importe laquelle vaguement positive, pour redorer le blason du patron.

Manque de bol, les efforts à consentir sont si importants que même les journalistes de cour ont du mal et la moindre question un peu piquante dérape vite. Confronté à son bilan, Darmanin a d’ailleurs complètement perdu son sang-froid :

Zut, malgré d’abondantes et gourmandes turlutes de Gérald à destination du chef de l’État, il semble bien que personne n’y croit : les chiffres officiels sont si mauvais que les ministres, Darmanin comme les autres, perdent rapidement leurs moyens.

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