Taubira[6]

Par Marc Le Stahler : (Minurme)

    Au Congrès de Versailles, le 16 novembre, Hollande avait annoncé – sous le coup de l’émotion nationale – une mesure pourtant banale (bien que demandée par la Droite depuis longtemps) : la déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux nés en France ayant commis un crime terroriste.

 

    Je ne m’étendrai pas sur l’utilité purement gesticulatoire d’une telle loi, qui ne serait éventuellement applicable qu’après une longue peine de prison, et sous réserve que l’autre « patrie » du criminel n’ait pas pris préalablement une décision du même ordre coupant ainsi l’herbe sous le pied à la France. On peut en effet penser qu’aucun pays sensé n’envisagerait avec plaisir d’hériter d’un terroriste condamné en France pour des faits criminels ! La convention de Genève ferait le reste : interdisant l’apatridie, elle obligerait la France à conserver sur son sol le criminel en question après qu’il ait purgé sa peine ! Mais Hollande, fidèle à son habitude de ne gérer que le court-terme – que dis-je : l’immédiateté (en l’occurrence, flatter dans le sens du poil l’opinion publique pour cause sondagière) n’a cure de ce genre d’objection et envisage même d’inscrire cette nouvelle loi dans le marbre constitutionnel. Passons…

 

    Mais il y quand même un « hic », pour les extrémistes gauchistes, communistes, soixante-huitards et autres ennemis déclarés de la France : c’est que cette loi (finalement peu applicable, on vient de le voir) serait un premier coin placé dans le sacro-saint principe du « droit du sol » (cette fameuse règle qui fait « d’un cheval une vache s’il naît dans une étable », selon la citation attribuée à tort semble-t-il à Montesquieu).

 

    C’est ainsi que l’inénarrable Taubira, de passage en Algérie le 16 décembre, annonce sur une chaîne de télévision l’abandon pur et simple de cette promesse du 16 novembre, en précisant bien qu’il ne saurait être question de porter atteinte à l’intangible principe du droit du sol. On se demande bien pourquoi, soit dit en passant : le droit du sol en France date du début du XIX° siècle et bien des choses ont changé depuis ; par ailleurs, une majorité de pays pratiquent le droit du sang, notamment en Europe, en Asie et en Afrique. Passons, encore une fois…

 

    Le lendemain, Taubira, qui se croyait peut-être, outre Garde des Sceaux, Porte Parole du gouvernement, est vertement désavouée au Conseil des ministres du 17 décembre qui entérine le projet de déchéance de nationalité ! On peut à juste titre se demander ce que signifie cette parodie de stratégie anti-terroriste. Hélas, mes chers compatriotes, c’est qu’il s’agit de toute autre chose que de stratégie anti-terroriste ! Mais de stratégie électorale, tout simplement…

 

    On l’a vu, l’annonce (un peu précipitée) de ce projet a eu lieu dans l’effervescence des 130 morts du 13 novembre. Il fallait vite faire remonter le président dans les sondages. Il parait même, à ce sujet, que le conseiller en communication de Hollande, à l’annonce de la prise d’otages du Bataclan, aurait envoyé un tweet disant en substance « on est en train de gagner la présidentielle de 2017 ». Je n’ai pas vérifié l’authenticité de la source (si quelqu’un peut me la procurer, je prends), mais c’est bien dans la nature de nos personnages…

 

    Ensuite a lieu la levée de boucliers de l’extrême gauche et d’une partie de la gauche radicale. Gêne apparente de Hollande, qui a besoin de deux-tiers des parlementaires (Assemblée Nationale et Sénat réunis) pour faire passer sa réforme constitutionnelle. C’est d’ailleurs en y songeant qu’il a préféré « casser » son aile gauche pour récupérer – c’est la grande mode en ce moment – des voix républicaines pour passer en force. Car, pour la droite parlementaire, sans déchéance de nationalité, c’eût été un gigantesque « NON ». Il y aurait bien – alternative possible – la voie référendaire, mais le Gros Mou est convaincu qu’à toute question posée en cette période trouble, le peuple répondrait un gigantesque « NON » qui signifierait de fait « fous le camp ! ».

 

Il est bête, mais il a quand même encore quelques réactions spontanées de son cerveau reptilien.

 

    Donc, on réintroduit la déchéance de nationalité. Parfait. Mais là, autre problème : Taubira va devoir porter la réforme, ès qualité. Il faut donc la déloger vite fait de la place Vendôme et la remplacer par un godillot fidèle. Mais là, encore un obstacle majeur. On ne peut pas déplaire à l’Indépendantiste à 18 mois des présidentielles. Vous ne voyez pas pourquoi ? Hollande, lui, est en panique à cette simple évocation. La harpie est capable de lui refaire le coup fait à Jospin en 2002 : se présenter ! Et capter au 1er tour les quelques 2 ou 3 % de voix qui lui feront manquer la marche du podium pour la qualification au 2ème tour ! Sa hantise, à Hollandescu. Car il n’a qu’un objectif : parvenir au 2ème tour contre Marine Le Pen et en appeler au sursaut républicain. Ça a marché, ça marchera encore, pense-t-il, hélas peut-être avec quelque raison.

 

    Donc, il va virer Taubira, ou plutôt la muter quelque part où elle ne pourra plus nuire. On parle beaucoup à Paris de la rue de Valois (la Culture) où elle pourra distribuer à volonté des subventions à des artistes en tous genres. Et voilà comment se fait la politique de la France, mes amis. Voila comment, en pleine guerre (vous avez remarqué que tout le monde parle de « guerre » y compris au gouvernement, mais dès qu’on veut se comporter comme l’exigeraient les circonstances – en Corse par exemple -, ça ne passe plus…), le gouvernement réfléchit aux mesures aptes à sécuriser le pays et ses habitants.

 

    Dormez, braves gens, Big Hollande veille sur vous ! 2016 va être chaud.
    Noël aux balcons, Pâques aux canons ?
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