Le billet d’Eric de Verdelhan

 

« La rapidité avec laquelle les divisions s’emparent, non sans de durs combats, de Toulon et de Marseille assure aux forces alliées un avantage excellent immédiat… Après ces opérations, la 1ère Armée pousse vers le nord au cours de l’automne et de l’hiver et se trouve engagée dans des combats difficiles et continus dans les Vosges ; les formations nord-africaines, particulièrement les Tirailleurs et les Goumiers, jouent à nouveau un rôle essentiel dans la montagne, au prix de lourdes pertes… ».

(Anthony Clayton 1).

 

On a beau être, comme je le suis, un opposant farouche de Micron, on est parfois obligé de reconnaître et même d’admirer les talents d’illusionniste de ce petit homme narcissique.

Il vient encore de nous en faire une belle démonstration en commémorant le débarquement en Provence le 15 août 1944. Ce fut un coup de maître, et disons-le, un coup de génie : sa cote de popularité va remonter en flèche auprès des militaires, qui aiment qu’on honore leurs combats (et leurs rares victoires) ; auprès des Franco-maghrébins (d’Algérie, de Tunisie et du Maroc) qui essaient, depuis des années2, de nous faire croire qu’on les a utilisés comme « chair à canon » pour libérer la métropole ; auprès de « Pieds Noirs » qui sont contents qu’on reconnaisse enfin leur participation à la libération de la Patrie ; et auprès des admirateurs de Sarkozizi, ce nain sautillant qui ne manque pas une occasion de flagorner et de caresser Micron dans le sens du poil. L’andouille de Tulle, lui, a décliné l’invitation ce qui prouve qu’il est un ingrat (et un nain gras).

Des journaleux nous expliquent depuis hier que Micron, par cette commémoration, est dans la suite logique de son « Itinérance mémorielle » à l’égard des poilus de 14-18, et qu’il prend ainsi une dimension de chef d’État « disparue depuis le général De Gaulle ».

Or Micron nous a simplement démontré sa capacité à dire tout et son contraire pour glaner quelques suffrages : il honore l’armée d’Afrique « et en même temps » il fustige le colonialisme et les « crimes contre l’humanité » commis en Algérie. En clair, il racole chez les Musulmans !

C’est une bonne chose que de saluer la libération de notre sol national, mais encore faut-il le faire avec un minimum d’honnêteté intellectuelle.

Je voudrais, par exemple, qu’on arrête d’entretenir le mythe, aussi stupide que mensonger, de « la France libérée par elle-même » et du « premier résistant de France » boutant le teuton hors de France à coups de croix de Lorraine, aidé par les FTP communistes3.

La « barbarie nazie » a été mise à bas par …360 divisions soviétiques, et sur notre sol, par 90 divisions américaines, 20 divisions britanniques et… l’Armée d’Afrique.

Il n’est donc pas exagéré de dire que l’Armée d’Afrique a libéré la France.

Rappelons, pour mémoire, que lors du débarquement en Provence d’août 1944, le général Giraud mobilisa 27 classes de Français d’Algérie. Du jamais vu, même pendant la Grande Guerre !

176.500 furent réellement incorporés. Ils se sont remarquablement battus et leur taux de pertes au feu fut deux fois supérieur à celui des autres unités alliées ayant participé, de près ou de loin, à la libération du sol national. Et tant pis s’il faut, ici, contredire les auteurs du film « Indigènes » mais l’effort demandé aux Musulmans fut moindre : sur 14.730.000 habitants de l’Algérie, 233.000 furent mobilisés soit 1,58% de la population. La majorité était constituée d’engagés volontaires.

L’effort consenti librement par les Musulmans d’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie ET Maroc) fut 10 fois moins important que celui demandé aux « Pieds noirs ».

A partir du 15 août 1944, ce sont environ 260.000 combattants de « l’armée B » du général de Lattre de Tassigny, qui sont arrivés dans le sud de la France. 10 % étaient originaires de la métropole (les « Français Libres » de De Gaulle), 90 % venaient d’Afrique du Nord dont une écrasante majorité pour les départements d’Algérie. (48 % étaient des « Pieds noirs »).

Pour relativiser les choses, il faut se souvenir que le 6 juin 1944, les « Français libres » qui débarquèrent ce jour-là étaient…170 : les « bérets verts » du commando Kieffer.

La 2ème DB du général Leclerc – celle qui est entrée dans l’histoire – n’a débarqué qu’en août 44, presque deux mois plus tard, sur le sol de France.

Et, aussi glorieuse soit-elle, ce n’était jamais qu’UNE division.

On va me dire que j’oublie « le poids considérable de la Résistance ». Non, je n’oublie rien et j’ai un profond respect pour les vrais résistants. Ceux qui n’ont pas attendu les deux débarquements pour voler au secours de la victoire4. Mais la Résistance, d’après l’historien Basil H. Liddell Hart, a représenté l’équivalent de deux divisions ; deux… sur les 500 venues à bout du Nazisme.

Il faut se souvenir aussi que lors de la Libération, l’armée a réussi à incorporer – péniblement – moins de 100.000 résistants alors que, sur les trois départements d’Algérie, le général Giraud avait mobilisé 300.000 hommes.

Pourquoi nos manuels d’histoire nous parlent-ils si peu de l’Armée d’Afrique ?

Sans doute pour faire oublier qu’après une guerre gagnée militairement, le 19 mars 1962, la France a lâchement, tragiquement, honteusement, abandonné les « Pieds Noirs » et les Musulmans venus la libérer en 1944…

Si Micron veut être honnête, il doit rendre hommage aux « Pieds Noirs » pour l’effort consenti pour libérer la métropole. Il doit aussi reconnaître les bienfaits de l’œuvre française en Algérie et demander pardon de l’avoir qualifiée de « crime contre l’humanité ».

Mais, s’il voulait être honnête, il ne serait pas président de la « Ripoux-blique » !

Notes :

1)- « Histoire de l’Armée française en Afrique » d’Anthony Clayton, (Albin Michel, 1994).

2)- En particulier depuis la sortie du film de propagande « Indigènes » réalisé par Rachid Bouchareb, en 2006. Avec ce film, Jacques Chirac découvrait, parait-il, le rôle des Musulmans dans la libération de la France.

3)- J’ai traité ce sujet dans mon livre « Mythes et Légendes du Maquis » (Editions Muller, 2018).

4)- Pas les salopards-revanchards qui punissaient la « collaboration horizontale » à coup de tondeuse !

 

Note de la rédaction :

Un lourd bilan et une répartition des pertes méconnues :

Puis, un endoctrinement continu et le rouleau compresseur hollywoodien réécrivent l’Histoire…

Qui a le plus aidé à battre l’Allemagne ?

Un sondage mené par l’Ifop en mai 1945, sur l’ensemble du territoire français désormais libéré (et confirmant un sondage de septembre 1944 auprès des Parisiens), a montré que les interviewés apparaissent bien conscients du rapport de force et du rôle des alliés dans la guerre, et ce malgré la censure et la difficulté sous l’occupation à accéder à une information fiable.

Ainsi, une très nette majorité (57 %) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national, ne recueillent respectivement que 20 % et 12 %. (N.B. Il ne s’agit évidement pas ici de minorer l’importance de l’effort accompli par les USA, tant industriel qu’humain)

Mais ce qui est proprement sidérant est que cette vision de l’opinion publique s’est inversée de manière très spectaculaire avec le temps, comme l’ont montré deux sondages réalisés en 1994, en 2004 et en mai 2015.

C’est tout de même formidable : en 1945, les Français qui ont vécu sous la censure ont bien compris qui a vraiment battu l’Allemagne, mais 70 ans plus tard, c’est une Histoire totalement différente qui est dans nos esprits !

Source : Les Crises, un blog créé par Olivier Berruyer.

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