Par Éric de Verdelhan

 

« Qu’est-ce que les Arabes ? Un peuple qui, depuis les jours de Mahomet, n’a jamais réussi à constituer un Etat. Avez-vous une digue construite par les Arabes ? Nulle part. Cela n’existe pas. Les Arabes disent qu’ils ont inventé l’algèbre et construit d’énormes mosquées. Mais ce fut entièrement l’oeuvre des esclaves chrétiens qu’ils avaient capturés…»

(Charles De Gaulle, lors d’une interview de Cyrus Sulzberger, directeur du « New-York Times »)

 

« Evidemment, lorsque la Monarchie ou l’Empire réunissait à la France l’Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, ou le comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre Chrétiens ! Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs parlant mal le français.»

(Le même, au général Koenig, gouverneur militaire de Paris)

 

Le pays traverse – une nouvelle fois – une période d’attentats islamistes. On a tendance à oublier que les premiers datent de 1995. Nous les devions à l’Algérie qui exportait son terrorisme.

Aussitôt nos hommes politiques donnent de la voix. Leurs rodomontades et leur colère feinte sont généralement beaucoup plus fortes s’ils sont dans l’opposition, sans doute pour faire oublier que, depuis un quart de siècle, ils ont laissé l’Islam intégriste tisser sa toile dans le pays, sans rien faire, sans rien dire, sinon le sempiternel « pas d’amalgame » pour ne pas faire le lit du populisme et du Rassemblement National (ex Front National). On aimerait que ces gens-là fassent profil bas !!!!

Et, comme si la classe politique et les médias à sa botte ne suffisaient pas, quelques grandes gueules, matamores et autres stratèges de café du commerce en appellent à un régime fort, une dictature avec, à sa tête, un général. Le dernier à être plébiscité est le général Pierre de Villiers, coqueluche des plateaux télé depuis la sortie de son dernier livre « L’équilibre est un courage » (1).

Quand il a quitté son poste de CEMA (2), poussé dehors par l’avorton présidentiel, il a commis un bouquin assez indigeste intitulé « Servir » (3). A l’époque, j’ai écrit que ce livre aurait dû s’appeler « Servir la soupe » tant ce brave général y flagornait les hommes de pouvoir. L’année suivante il sortait un autre livre : « Qu’est-ce-qu’un chef ? » (4) qui enfilait les fadaises et les lieux communs propres à toutes les formations en management. Les bonnes pages étant inspirées par « Le rôle social de l’officier » du Maréchal Hubert Lyautey. Je n’ai lu que quelques extraits de son dernier opus et je n’ai absolument aucune envie de l’acheter. Sous Hollande, je disais que la France n’avait pas besoin d’un président « normal ». Elle n’a pas besoin non plus… d’un entraineur de football.

A mon humble avis, le général Pierre de Villiers n’aspire pas à la magistrature suprême. Il doit attendre qu’on lui propose soit la présidence d’un quelconque « comité Théodule » sur l’intégration des jeunes issus de la « diversité », soit un secrétariat d’État voire – pourquoi pas ?- le ministère des Armées. J’ai de la sympathie, de l’admiration et du respect pour Philippe de Villiers, homme aux convictions fortes, créateur du Puy-du-Fou, de « Radio-Alouette », du « Vendée globe » etc… et remarquable historien. En revanche, je ne suis pas enthousiasmé par son cadet. Depuis que je l’ai entendu dire « Moi j’écris moi-même mes livres », subodorant fielleusement que ce n’est pas le cas de son frère aîné, je le trouve même un peu « foireux », pour rester poli.

Ce souhait de certains de voir un général à la tête du pays me remémore l’envolée d’une vague relation : « Il nous faudrait un homme de droite, ferme et à poigne ; il nous manque un De Gaulle. » Aussi, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort (le 9 novembre 1970), parlons-en de De Gaulle « homme de droite » ! Par courtoisie, je n’ai pas dit à ce brave homme (brave, au sens de « couillon ») ce que je pense vraiment de celui qui a fait la guerre embusqué derrière les micros de la BBC, et qui s’est réfugié comme une lope chez Massu, à Baden-Baden en mai 1968.

De Gaulle, un homme de droite ? Laissez-moi rire !!!

Certes, comme Mitterrand, il a été élevé dans une famille proche de « L’Action Française » de Charles Maurras. Le professeur Henri De Gaulle, son père, se définissait comme un « Monarchiste de regrets » : il ne croyait pas à un retour possible de la royauté en France mais il regrettait « le Trône et l’Autel ». Je suis moi-même un « Monarchiste de regrets », donc je peux comprendre.

Dommage que les Français connaissent aussi mal leur histoire, car ils éviteraient de voir des dictatures droitières là où ce n’est absolument pas le cas.

Souvenons-nous, par exemple, de la mémorable raclée de juin 1940.

Dans la panique générale, il a fallu trouver un sauveur. Le 10 juillet 1940, les parlementaires donnaient les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain : Sur 649 suffrages exprimés : 80 parlementaires (57 députés et 23 sénateurs) votent contre les pleins pouvoirs. 569 approuvent (357 députés et 212 sénateurs) soit 87,67 % des suffrages exprimés. 20 autres s’abstiennent. Sur les 569 votants en faveur des pleins pouvoirs, 286 ont une étiquette de gauche ou de centre-gauche et 46 sont sans étiquette. L’histoire, si elle n’était pas complètement pipée, aurait dû retenir que le Maréchal Pétain est arrivé au pouvoir porté par une majorité…de gauche.

Le vieux Maréchal, dans sa grande naïveté, a souhaité une union nationale en confiant des ministères à des gens venus d’horizons politiques différents, à commencer par le socialiste Pierre Laval, chef du gouvernement. On a un peu oublié que les ministres du Maréchal les plus ouvertement partisans d’une collaboration « totale et entière » avec le régime nazi venaient souvent de la gauche : Paul Marion, Marcel Déat, Jacques Doriot, Victor Barthélémy…etc…

Les partis les plus collaborationnistes furent le « Parti Populaire Français » créé par Jacques Doriot, ancien député-maire communiste de Saint-Denis, et le « Rassemblement National Populaire » du député socialiste Marcel Déat, éphémère ministre de l’aviation sous le « Front populaire ».

La droite, favorable à Pétain, va pourtant s’impliquer massivement dans la Résistance. Son premier martyr connu fut l’officier de la « Royale », Honoré d’Estienne d’Orves, fusillé au Mont-Valérien le 29 août 1941. Et on continue à nous dire que le régime de Vichy était fasciste !

Mais, revenons à De Gaulle pour parler du « Conseil National de la Résistance » (CNR), créé par lui en 1943. Le premier Président du CNR sera Jean Moulin, homme de gauche et franc-maçon.

De Gaulle disait vouloir rassembler au sein du CNR des patriotes venus de tous les partis politiques, or quels étaient les hommes d’influence du CNR ? Pierre Villon, du FNR (communiste), Louis Saillant (CGT), Gaston Tessier (CFTC), André Mercier (PCF), André Le Troquer (SFIO), Marc Rucart (Radicaux), Georges Bidault (Démocrates-Chrétiens : centre gauche), Joseph Laniel (Alliance Démocratique : droite modérée et laïque) et Jacques Debû-Bridel (Fédération Républicaine : droite conservatrice et catholique). Debû-Bridel, député, puis sénateur, finira chez les gaullistes de gauche.

Parlons aussi du « Gouvernement Provisoire de la République Française » (GPRF), présidé par De Gaulle à la Libération : pour l’histoire officielle, un gouvernement de coalition. Mais il suffit de voir à qui sont confiés les grands ministères : ministre de l’Armement : Charles Tillon (PCF), ministre du Travail : Ambroise Croizat (PCF), ministre de la Production industrielle : Marcel Paul (PCF) ; Ministre de l’Économie : François Billoux (PCF). Les socialistes seront également bien lotis : ministre de l’Intérieur : Adrien Tixier (SFIO), ministre de l’Agriculture : Tanguy Prigent (SFIO), ministre des Transports et Travaux publics : Jules Moch (SFIO), ministre des PTT : Eugène Thomas (SFIO).

André Malraux aura (déjà !) le ministère de la culture. Vincent Auriol (SFIO) sera ministre d’Etat, tout comme le déserteur Maurice Thorez (PCF). Avant de le renvoyer en France, Staline aurait demandé à De Gaulle « Ne le fusillez pas tout de suite ». Et De Gaulle en fera un ministre d’Etat…

Et puis, quand la 4ème République s’enlise dans le conflit algérien, un véritable coup d’Etat ramène aux affaires « l’ermite de Colombey » qui n’en peut plus de sa longue traversée du désert.

Le putsch – car il s’agit bien de cela ! – du 13 mai 1958 est monté par les gaullistes et la droite nationale s’y associe, persuadée que De Gaulle est le garant de l’Algérie française. Même l’UDCA de Pierre Poujade, qui n’est au Parlement que depuis 1956, se fait rouler dans la farine.

On connaît la suite…La semaine des barricades de janvier 1960, le putsch des généraux d’avril 1961 n’auront servi à rien sinon à remplir les prisons françaises de patriotes – majoritairement de droite – trahis par les promesses gaulliennes.

De Gaulle : un homme de droite ? Non, tout bêtement un opportuniste. J’ai démystifié le personnage dans l’un de mes livres (5). D’autres l’ont fait avant moi, et sans doute mieux que moi. Je pense, entre autres, à Henri de Foucaucourt (6), Roger Holeindre (7) ou Dominique Venner (8).

Mais mon antigaullisme viscéral ne m’empêche pas une certaine honnêteté intellectuelle.

Je reconnais bien volontiers que le fondateur de la 5ème République avait une envergure, une posture et une prestance qui font défaut à l’avorton prétentieux qui occupe actuellement la fonction présidentielle. De Gaulle était encore un chef d’Etat, pas un larbin de Bruxelles ou la marionnette du Nouvel Ordre Mondial.

Sous De Gaulle, il eut été impensable, par exemple, de voir des invertis allogènes éructer des insanités ordurières sur le perron de l’Elysée lors de la fête de la musique, comme en 2018.

Et franchement, je vois mal « tante Yvonne » se trémoussant au son du Tam-tam !

 

 

Notes :

1)- « L’équilibre est un courage » Fayard ; 2020.

2)- Chef d’Etat-Major des Armées.

3)- « Servir » Fayard ; 2017.

4)- « Qu’est-ce-qu’un chef ? » Fayard ; 2018.

5)- « Mythes et Légendes du Maquis » ; Editions Muller ; 2018.

6)- « Naissance du mythe gaulliste » ; Editions de Chiré ; 1984.

7)- « L’homme qui faisait se battre les Français entre eux » ; Editions Héligoland ; 2009.

8)- « De Gaulle, la grandeur et le néant » ; Editions du Rocher ; 2004.

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