Le billet de Daniel Pollett

 

Le livre de Juan Branco, Crépuscule*, frappe le lecteur par son actualité à laquelle on ne saurait échapper, la cruauté de sa réalité factuellement vérifiable, le cynisme des acteurs, d’autant plus qu’il est écrit par un homme du milieu -le terme est choisi sciemment- devenu paria à grands risques pour lui.

 

Ces politiciens issus d’écoles élitistes essentiellement par un hermétisme de principe, aussi par la fortune, la corruption et le copinage, sont facilement donneurs de leçons et précepteurs de morale. Ils vont chercher dans tous les acquis de branches professionnelles des avantages prétendument indus ou n’étant plus d’actualité, alors qu’eux-mêmes ne manquent pourtant pas de privilèges exorbitants payés par ces contribuables auxquels ils ne cessent de trouver de nouveaux impôts à payer et des avantages à supprimer. L’auteur expose que : « Derrière l’accumulation des privilèges se masquent souvent des situations de déshérence familiale extrême, où l’ambition forcenée déstructure et déshumanise à marche forcée » … Comme dans « Dallas » ? Ajoutons le gauchisme exponentiel parasitant toute saine réflexion et on ne s’étonnera pas d’entendre les propos les plus délirants tenus par de jeunes prétendants à la politique, à la sociologie ou au journalisme. 

L’auteur décrit ce qu’il nomme une « fabrique au consentement » issue d’un tri sélectif des journalistes et des mécanismes de désinformation nécessaire au futur élu (Macron) pour qu’il octroie sans protestation des postes éminents à des gens dont il sait et leur dit qu’il sait qu’ils ne sont autour de lui que pour cela. Sinon, comment expliquer ce regroupement de candidats venus de partout et de nulle part pour former un mouvement politique issu de même ? 

Parlant de l’un des hommes les plus riches de France, il expose que celui-ci lui a annoncé dès 2014 que Macron était le futur président de la République. Le même a pris le contrôle financier -et donc décisionnaire- d’un des journaux les plus lus afin « qu’ils cessent de l’emmerder ». Indifférent à l’intérêt général, il déstabilise la direction, laisse attendre des financements conduisant à une autocensure de fait puisque, comme le disait Bonaparte, « la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit ». Ensuite, pourquoi déranger celui par qui on a été arrangé ? De plus, l’auto-censure est davantage surveillée horizontalement, entre confrères, que verticalement par la hiérarchie, ne permettant pas à quiconque d’une équipe de remettre en cause la servilité instituée en vue de proroger les acquis collectifs. L’auteur précise par la suite que s’il a été ainsi informé à propos de Macron, d’autres ont dû l’être aussi afin de prévenir tout conflit d’intérêts avec une possible candidature d’envergure. Vous avez dit « démocratie » ? 

Tel ministre incompétent nommé par pur calcul politicien s’entoure immédiatement d’une équipe surtout destinée à le protéger plutôt qu’à servir le Bien commun. Des salaires démesurés octroyés à de jeunes ambitieux sans expérience professionnelle sont assurés singulièrement autant par des ministères que par des entreprises dépendant des commandes publiques, avec échanges réciproques de ces serviteurs zélés assurant une couverture de réseaux relationnels d’importance. 

On ne s’étonnera pas que Macron se retrouve ainsi, après avoir été élu grâce à une pure spéculation médiatique, entouré d’inconnus devenus subitement un prétendu renouveau du personnel politique.

Dans un pays où dix individus possèdent 90% de la presse écrite, il est inévitable que tout cela soit publiquement présenté comme étant une normalité bienfaisante, autant que l’amitié entre un riche patron de presse et le candidat Macron en quête de financements électoraux soit cachée. Surtout quand le maintien de la fortune du premier dépend des décisions politiques prises par le second. 

L’ascension électorale de Macron s’explique par cette orchestration médiatique réalisée par des fortunés assistés de jeunes loups ayant tous en commun un manque total de vision, de morale, de talent et, surtout, de volonté de servir le Bien commun, conduisant inévitablement à la privatisation des actifs et à la mutualisation des passifs : ils ne sont là que pour se servir eux-mêmes. 

En matière de corruption, de trafics d’influence et de désinformation des services publics payés par le contribuable et des médias subventionnés, outre des règlements de comptes par-dessus la Direction de France-télévision (dont on ne plaindra pas la directrice qui trouve qu’il y a là « trop de mâles blancs de plus de cinquante ans ») on ne trouve aucune remise en cause du traitement médiatique de Macron, bénéficiaire de plus de huit-mille articles entre Janvier 2015 et Janvier 2017. Soit autant que pour l’ensemble des candidats de la Gauche, alors que durant cette période rien de remarquable ne se manifestait dans son action politique. L’amitié inavouée entre Macron et quelques milliardaires dont la fortune pourrait faire vivre plusieurs nations explique cette fulgurante ascension anticipée et servie par des médias pratiquant l’auto-censure autant que l’idolâtrie. Cette complaisance du milieu journalistique envers les puissants commence à relever de la criminalité, tant des millions de vies sont altérées, voire perdues, à cause de cette politique inhumaine destinée uniquement à protéger quelques fortunes privées au détriment du peuple et du pays. 

L’auteur conclut en appelant à la destitution de l’usurpateur élu par défaut, par corruption et par méconnaissance, et à l’établissement d’un véritable système institutionnel permettant aux Français de retrouver, enfin, leur souveraineté de peuple responsable. Après la lecture des désastres énumérés, on ne peut que souscrire à cette nécessité, à cette urgence légitime et absolue.                                                                                                                                                       

 

 

*Crépuscule, Juan Branco, Massot Éditions, 2019, 312 pages.

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