Chronique de Paysan Savoyard

 

Selon les médias du pouvoir, en annonçant la date du 11 mai pour sortir du confinement, M. Macron « vient de donner un horizon aux Français », qui  peuvent enfin « apercevoir la fin du tunnel ». Or la réalité n’est pas du tout celle-là : l’annonce de la date du 11 mai signifie avant toute chose que la durée du confinement vient d’être doublée. La mise à l’arrêt d’environ un tiers de l’économie et la période pendant laquelle des atteintes majeures sont portées à la vie quotidienne et à la liberté essentielle d’aller et venir ne seront pas d’un mois mais de deux.

 

Après un mois de confinement, la situation reste la même : nous n’avons toujours pas le matériel et les fournitures nécessaires

La situation est en fait pratiquement la même qu’il y a un mois : nous n’avons toujours pas de matériel et la situation de carence continue de présider aux décisions prises.

Face à l’épidémie le gouvernement a, pendant des mois, réagi de façon molle et en retard sur les événements. Il a d’abord nié qu’un risque pouvait exister pour la France. Il s’est ensuite contenté de recommander de tousser dans son coude et de se laver les mains, avant de déconseiller les rassemblements et de demander aux personnes habitant dans des zones d’infection de bien vouloir limiter leurs déplacements. Pendant toute cette période le virus a circulé librement. Pendant toute cette période les autorités ont affirmé que le système de santé était prêt.

Jusqu’au jour où, dans l’Est et en Ile-de-France, les malades ont commencé à arriver en masse dans les hôpitaux, qui ont presque immédiatement atteint le point de saturation. C’est seulement à ce moment que le gouvernement a commencé à prendre des mesures véritables. Il a interdit les rassemblements les plus importants, puis la totalité des rassemblements, pour enfin décider le confinement de la plus grande partie de la population à compter du 16 mars, toutes mesures destinées à éviter qu’une proportion trop importante de la population ne tombe malade en même temps et ne vienne déborder le système hospitalier.

Il existait une autre stratégie pour ralentir la progression de l’épidémie, choisie par d’autres pays, tels que la Corée du Sud ou, en Europe, la Suède : ne pas confiner la population mais l’équiper de masques et la tester massivement de façon à mettre en quarantaine au plus vite les personnes infectées et contagieuses. L’Allemagne, elle, a choisi d’accompagner la politique de tests systématiques d’un confinement souple. La France ne pouvait choisir cette stratégie pour une raison simple : elle n’avait pas de matériel. Elle ne disposait en quantité suffisante ni de masques, ni de tests ni même de gel hydro-alcoolique. Le nombre de lits de réanimation était lui aussi en nombre limité. Dans ces conditions, le gouvernement a été réduit à retenir la solution du confinement massif et prolongé : cette stratégie est bien sûr la plus lourde de conséquences sur l’économie, le social et l’état de santé psychique de la population.

Un mois plus tard, nous en sommes toujours au même point. Il n’y a toujours pas de masques en nombre suffisant pour équiper la population. Il n’y a toujours pas de tests en nombre suffisant pour procéder à un confinement sélectif. Le nombre de lits de réanimation a été augmenté, mais les capacités hospitalières restent à la limite de la saturation, malgré l’envoi de malades à l’étranger. Autrement dit nous avons été incapables en un mois de fabriquer sur place ce dont nous avons besoin et nous restons presque totalement dépendants de l’étranger, en particulier de la Chine. En ajoutant un mois de confinement supplémentaire, le gouvernement espère manifestement que ce nouveau délai permettra de se procurer le matériel nécessaire, sans doute pour l’essentiel en l’achetant à l’étranger.

On rappellera que la France est pourtant, depuis 2018, le pays du monde où l’on paie le plus d’impôts, de taxes et de charges sociales. On rappellera également que les défenseurs du Système expliquaient jusque-là que ce niveau record de prélèvements nous permettait notamment de disposer de « l’un des meilleurs systèmes de santé du monde » …

Les décisions qui viennent d’être annoncées par M. Macron ne rassurent pas sur la cohérence de la politique conduite

Les décisions qui viennent d’être annoncées par M. Macron conduisent à se poser différentes questions, qui sont autant de nouveaux sujets d’étonnement :

On peut se demander tout d’abord pourquoi il est décidé de commencer le déconfinement par la réouverture des écoles alors que les enfants, à qui on ne peut demander de respecter les fameux gestes barrière, risquent d’être des vecteurs actifs de diffusion de l’épidémie.

M. Macron, deuxième interrogation, a annoncé que seraient testées après le 11 mai toutes les personnes présentant des symptômes ainsi que toutes les personnes fragiles. Pourtant, si l’on a bien compris la politique des pays pratiquant des tests massifs, il devrait s’agir de tester, non pas seulement les malades présentant des symptômes, mais la plus grande partie possible de la population générale, de façon à placer en quarantaine les personnes infectées.

Troisième interrogation. Les autorités des différents pays ont toutes expliqué que la limitation des déplacements était l’un des moyens privilégiés de contenir la propagation du virus, ce qui au demeurant tombe sous le sens. Pourtant M. Macron vient d’annoncer que les frontières de la France avec les autres pays européens resteraient ouvertes et que donc les personnes venant des pays voisins, y compris les plus infectés, pourraient continuer à entrer. Au contraire, comme nous le verrons plus loin, les autres pays européens ont eux décidé depuis longtemps de fermer leurs frontières avec leurs différents voisins, dont la France, ou du moins de contrôler et de restreindre fortement les entrées sur leur territoire. A ce jour aucun de ces Etats n’a annoncé son intention de rouvrir ses frontières. Seule la France, donc, persiste dans son sans-frontiérisme idéologique. Or la question des frontières revêt probablement une importance capitale : c’est ainsi que dans des pays comme Singapour ou la Corée du Sud, qui avaient semble-t-il réussi à enrayer l’épidémie, un certain redémarrage se produit aujourd’hui en raison de l’entrée sur le territoire de ressortissants de ces pays venant de l’étranger.

De nombreux autres pays prouvent qu’il était possible de faire beaucoup mieux

Tout en admettant aujourd’hui que des erreurs ont pu être commises, Macron affirme pour se défendre que, confrontés à un virus inconnu, tous les pays ont été confrontés aux mêmes difficultés. C’est faux. Jusqu’à présent en tout cas, la plupart des pays s’en tirent bien mieux que la France.

Pour s’en tenir à l’Europe, six pays pour l’instant sont en grande difficulté et enregistrent un nombre de morts élevés : l’Espagne (38 décès pour 100.000 habitants), la Belgique (35), l’Italie (34), la France (25) et, à un moindre degré le Royaume-Uni (18) et les Pays-Bas (18).

Dans tous les autres pays la mortalité est jusqu’à présent beaucoup plus faible. Le taux est de 10 en Suède, qui n’a procédé à aucun confinement, de 5 au Danemark et au Portugal, de 4 en Allemagne et en Autriche. Il est inférieur à 3 dans tous les autres pays d’Europe du nord, centrale et balkanique.

Dans ces conditions, plusieurs de ces pays choisissent d’ores et déjà d’alléger les contraintes engendrées par l’épidémie. L’Autriche et la Tchéquie viennent de commencer le 14 avril à lever le confinement. Le Danemark fera de même le 19 avril. En Allemagne, le confinement est resté souple grâce à une politique massive de tests. Quant à la Suède, elle n’a pour l’instant confiné sa population à aucun moment.

La cause de ces performances bien meilleures est double. Ces pays qui réussissent bien mieux que nous disposent eux, d’abord, des moyens matériels suffisants ou sont parvenus à en fabriquer rapidement. Les systèmes hospitaliers de ces pays n’ont jamais été débordés. L’Allemagne peut même par exemple accueillir des malades étrangers, notamment français.

La deuxième raison est que, comme nous le disions plus haut, ces pays ont choisi rapidement de limiter l’importation du virus en fermant leurs frontières. La Pologne, la première, introduit des contrôles sanitaires à ses frontières le 9 mars. A partir du 11 mars plusieurs pays ferment leur frontière avec l’Italie. Le 12 mars la Tchéquie interdit l’entrée des ressortissants des pays à risque, dont la France. Le 13 mars l’Allemagne installe des contrôles sanitaires à sa frontière avec la France, avant d’annoncer le 15 mars la fermeture quasi-totale de ses frontières avec plusieurs pays dont la France : seuls les travailleurs frontaliers et les marchandises pourront à compter de cette date continuer à circuler. Le 16 mars la Hongrie et la Tchéquie ferment complètement leurs frontières, suivis par plusieurs autres. La France, à la pointe du sans-frontiérisme, n’a rien fait de tel, M. Macron déclarant le 14 mars que la fermeture des frontières de l’Autriche était une mauvaise mesure. A ce jour, comme on l’a dit plus avant, la France est la seule à avoir laissé ouvertes ses frontières avec ses voisins…

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A ce stade on peut dresser un premier bilan. Sans préjuger des évolutions ultérieures et des rebondissements possibles, la plupart des pays européens s’en sont pour l’instant beaucoup mieux tirés que la France et parviendront à limiter le coût économique et social de l’épidémie. En France, combinées au sans-frontiérisme idéologique, les carences de l’action de l’Etat ont été mises en pleine lumière. Pour tenter de cacher ses fautes, les pouvoirs publics ont multiplié les mensonges, affirmant pendant des mois que les masques ne servaient à rien dans la population générale ou que les tests étaient inutiles car ils n’étaient pas fiables. Macron vient d’affirmer pour se défendre que tous les pays ont été confrontés aux mêmes difficultés. C’est faux comme on l’a vu : les pays qui n’étaient pas en situation de pénurie ont pu à la fois limiter le nombre des décès et la durée du confinement.

Une fois la pandémie à-peu-près sous contrôle viendra la suite. La classe dirigeante française et européenne va tout faire, bien entendu, pour ne rien changer au Système d’ensemble. Il s’agira en particulier pour elle d’empêcher toute remise en cause de la mondialisation et de ses différents aspects : le libre-échange mondial, les délocalisations, les frontières ouvertes, l’union européenne libre-échangiste, le tourisme international et l’immigration. Si possible même, elle va s’efforcer de profiter de la crise pour essayer d’aller encore plus loin et d’accentuer la mondialisation, la construction européenne et les flux migratoires. On la voit rôder déjà ses éléments de langage, arguant du fait que le virus a touché le monde entier pour prôner « le renforcement de la solidarité internationale » et « le refus des égoïsmes nationaux ».

« Progressistes » mondialistes et immigrationnistes contre « populistes » attachés à la souveraineté, à l’autonomie et à l’identité des nations et des peuples, là plus que jamais se trouve l’enjeu.

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