En direct du Parlement européen, le billet d’Hervé Juvin

 

L’heure est au localisme, à la souveraineté économique et financière, à l’autonomie des territoires. Et l’heure est, pour l’Union, à bâtir les instruments juridiques et financiers sans lesquels elle ne sera rien. Renaître sera renaître libre, c’est-à-dire autonome.

Difficile de ne pas lever la tête, et voir ce qui fait bouger le monde.

L’épidémie de Coronavirus est une maladie de la globalisation. Sans l’absurde mobilité des hommes, sans la dangereuse extension planétaire des chaînes logistiques, sans l’affolante ronde des avions, des bateaux, des marchandises et des capitaux autour du monde, la peur de la pandémie qui ravagera la planète ne serait rien qu’une histoire pour se faire peur. Mais voilà ! Pour quelques euros en moins, les entreprises ont délocalisé à des milliers de kilomètres la production de pièces détachées sans voir qu’elles se rendaient dépendantes des risques sanitaires ou politiques. L’automobile va en payer le prix, et combien d’autres industries ? 

Pour casser la société salariale, celle qui imposait la répartition des gains de productivité entre actionnaires, outil de travail et salariés, les entreprises ont pesé de tout leur poids afin d’ouvrir les frontières aux migrations de masse, ruiner les traditions, les institutions, et tout ce qui pouvait s’opposer à la quête du profit illimité, cette « common decency » que la classe ouvrière, les paysans et artisans ont seuls continué à faire vivre. De quel prix nos Nations vont-elles payer la stratégie du chaos qui fait la fortune de la Davos society et des apprentis Soros qui pensent que leurs dollars leur donnent droit de gouverner les peuples ? 

Et, au nom de la mobilité individuelle, de cette destruction des sociétés à laquelle le Pacte de Marrakech procède dans un silence de tombeau, les frontières nationales ont été ouvertes, avec des effets directs sur la sécurité physique, mais aussi morale et sanitaire des populations qui recréent par milliers ces frontières invisibles que sont péages, badges, codes d’accès et, bien sûr, mise en quarantaine… 

Ces villes qui se ferment, ces passagers bloqués dans leurs paquebots, et surtout, ces masques que chacun porte pour se protéger de l’autre, affichent la réalité d’une globalisation qui appelle des séparations mille fois plus contraignantes que la frontière nationale ! La frontière passée, un citoyen était libre sur son territoire. Il n’y a plus de frontière, un citoyen est étranger chez lui et n’est en sécurité nulle part. Beau résultat d’un globalisme à l’agonie — seuls guériront ceux qui comprendront que la frontière sauve, que la frontière préserve, que la frontière libère ! 

Qu’en pense le Commissaire aux Affaires Extérieures ? Commentant le Brexit, Josep Borrell a trouvé la formule qui convient à l’Union : « ce n’est pas une épidémie, c’est un vaccin » (entretien donné à Al Jazeerah, dimanche 23 février). Et voilà tous ceux qui remettraient en question leur appartenance à l’Union prévenus ; la maladie mortelle qui guette les peuples, c’est la sortie de l’Union ! L’Union, ou la mort ; beau mot d’ordre, qui évoque si bien les régimes totalitaires !

Ou cette croyance selon laquelle, en allant plus loin dans une mauvaise direction, on finit par arriver quelque part. Mais où ?

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