système

Pierre Joseph Proudhon

 

“Le monde devient un peu comme le Brésil. le grand mélange.  Brasilia, capitale du monde.”

“Plus con que le Français ? Vraiment, n’est-ce pas, c’est impossible. Surtout l’intellectuel”
Louis Ferdinand Céline

Le billet de José Altémir

        Il est difficilement compréhensible lors d’une période électorale de faire entendre une voix dissonante. Dire tranquillement “la démocratie ? non merci !” lorsque la plupart des gens de votre entourage s’enthousiasment pour ce spectacle de télé-réalité (c’est à dire de télé-escroquerie ou télé-mensonge) c’est au risque d’être incompris ou suspecté d’élitisme….

        Le triomphe spectaculaire de la machine à décerveler est d’avoir rendu le principe démocratique irréversible dans les cerveaux sidérés des citoyens. La terre est ronde et le suffrage universel éternel. Cette évidence systémique, emblème du cléricalisme démocratique est portée par un clergé intellectuel, auprès duquel les présumés tyrans jésuitiques de l’inquisition sont des anges de tolérance. Quiconque dénonce la messe obligatoire devient suspect aux yeux de cette théocratie et se trouve menacé d’expulsion du territoire commun.

        Aussi convient-il de s’interroger sur le postulat qui fonde cette religion. Le débat a été mené et continue de l’être par ailleurs, sur le marécage idéologique des origines: la philosophie des Lumières. De cette théologie ressortit le concept d’égalité (dont les Droits de l’homme sont une hypostase) qui alimente l’idéologie contemporaine. C’est de lui que procède cette notion d’individu porteur du “j’ai droit à….” et le narcissisme social qui en découle.

        Or, ce concept d’égalité est dissolvant pour toute société car il abrase ou dévaste ce qui la constitue en culture, ou mieux en civilisation. Les structures sociales contenantes, c’est à dire les corporations, les cités, la famille, reposent toutes sur les différences et les inégalités. Ces différences et inégalités s’organisent au travers de contrats*, que des négociations ou conflits modifient ou corrigent tant aujourd’hui qu’au fil de l’histoire.

        Or la démocratie parlementaire repose sur l’égalité absolue, “la similitude des semblables…” et ne consent à aucune discrimination (selon le syntagme à la mode)**. Ainsi donc toutes les ignorances et les incompétences jouissent du même pouvoir. Comment s’étonner alors de la fatale trilogie électoraliste : séduction-élection-trahison (ce qui est perçu comme tel par l’électeur) ?

        Pour autant, le système se renouvelle et s’entretient de par le sentiment d’impuissance répandu dans le peuple (chez les “gens”, comme dirait Mélanchon dit Méchancon) et ne produit comme seul rejet qu’une abstention massive… susceptible d’être remise en question au prochain épisode.

       Pour autant la société atomisée errante et fanatiquement individualiste – celle que Proudhon appelait “le règne de l’absolutisme individuel” – (lequel aboutit au conglomérat des minorités) est consubstantielle du système économique qui la supporte et qu’elle entretient. Ce système économique que l’on peut identifier comme le libéralisme absolu (dont le mot d’ordre pourrait être “ni patrie ni frontière”) revêtu du masque du Progrès ne vise qu’à effacer tous les obstacles à son développement : la famille, les identités sexuelles, les communautés traditionnelles, les patries charnelles etc….

        C’est l’homme historique, continué, produit d’une histoire (y compris génétique) et d’un contexte qui est leur ennemi. ce sont les liens réels et permanents au delà des générations qu’ils veulent dissoudre au profit de l’homme méduse, consommateur systématique, et de toutes choses qu’ils veulent promouvoir. La démesure est inhérente à ce système, le capital dissout implacablement les formes, récuse l’immuabilité et l’innéité.

        C’est contre ce système que nous nous battons et contre “les imbéciles et gredins” (Laurent Tailhade) qui le représentent ou aspirent à le faire. Cinq républiques, deux siècles de démocratie, trois guerres civiles européennes et l’épouvantable (au sens étymologique) grand remplacement auquel nous sommes soumis, tout cela devrait nous convaincre de l’ineptie parlementaire. Pour autant, quelle issue, quels moyens mettre en avant pour y parvenir…peut-être est-ce cela qu’il faut discuter sans a-priori.

 

PS : Croire en la pérennité du système (la société de consommation) qui vise donc à poursuivre à l’infini son développement est une absurdité : “Avec une hausse du PNB par tête de 3,5 % par an” (Serge Latouche dans L’ Age des limites), on aboutit à une multiplication de 31 en un siècle, 972 en deux et 30 000 en trois (c’est la base du calcul exponentiel) : “croit-on vraiment qu’une croissance infinie est possible sur une planète finie ?” et nous n’évoquons pas la croissance de la population mondiale.

* A ce propos le servage et la féodalité, hors le délire de Michelet, étaient précisément de cette nature par exemple.

** Le suffrage censitaire ferait horreur aujourd’hui, lequel associait le droit de vote à la propriété et à l’impôt …et donc au risque encouru en cas de mauvaise gestion. Et que dire du tirage au sort des représentants du peuple que proposaient Aristote et Montesquieu ?
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