Par Llorenç Perrié Albanell
La manifestation du 7 novembre est considérée dans les milieux catalanistes comme la Diada de la Catalunya Nord, la « Journée », au sens d’une journée nationale. En effet, cette date correspond à la signature du traité des Pyrénées, le 7 novembre 1659, par les rois de France et d’Espagne, ce qui a pour conséquences politiques et géographiques le rattachement de la Catalogne du Nord (appellation moderne comme celle d’ailleurs de la très révolutionnaire « Pyrénées-Orientales ») au royaume de France, ce qui occasionne une fracture territoriale avec le reste de la Catalogne.
Nous commémorons donc aujourd’hui les 361 ans d’un traité qui n’a ni été décidé, ni été ratifié par les principaux intéressés : les catalans. Cette commémoration donne lieu chaque année à une manifestation revendicative, sauf aujourd’hui qui sera, pour cause de confinement, « dématérialisée » sur les ondes radio.
C’est sans surprise que cette année la marque de l’extrême gauche vient s’inviter dans une commémoration qui normalement doit dépasser les clivages politiques afin d’unir sur un projet institutionnel commun. La cause première de cette préemption : l’élection de Louis Aliot à la mairie de Perpignan. Ces catalanistes oublient bien vite que lors du conseil municipal du 20 septembre 2018, les élus du Rassemblement National (RN), dans l’opposition à l’époque, ont voté en faveur des subventions annuelles pour les deux écoles Bressola de Perpignan (j’étais présent ce jour-là). C’est sans parler d’un document de campagne de Louis Aliot, diffusé sur sa page de candidat lors des municipales en mars 2020, en faveur de l’aide à l’enseignement du catalan. Par ces attaques incessantes, ces catalanistes chercheraient-ils à ce que l’actuelle équipe municipale RN de Perpignan cesse d’accorder des subventions aux écoles catalanes de Perpignan, afin d’engager une campagne politique et médiatique contre la municipalité ? Nous connaissons tous la pratique de la terre brûlée de l’extrême gauche, un tel comportement retord ne serait nullement étonnant. Ces catalanistes se plaignent dans leur manifeste du 7 novembre 2020, que Louis Aliot veut faire de Perpignan une ville sûre et propre qui serait contraire à son essence même. Ce qui signifie donc que Perpignan est une ville sale où règne l’insécurité, ce qui convient apparemment aux catalanistes toujours prompts à donner des leçons de citoyenneté.
Pour ces gens-là seul compte leur obsession, que dis-je, leur raison de vivre, ou plutôt leur perfusion politique sans laquelle ils ne pourraient pas exister : l’extrême droite. La lecture du manifeste à ce sujet est éloquente.
Il est bon de rappeler certains points :
1) Pour ces gens-là, tout ce qui n’est pas d’extrême gauche est d’extrême droite ;
2) Le catalanisme leur permet d’exister et surtout de faire vivre une idéologie plus que jamais éculée et qui se fracasse de jour en jour devant la réalité ;
3) Cette minorité agissante qui ne bénéficie d’aucune légitimité pour représenter les nord-catalans introduit dans ce même manifeste du 7 novembre 2020, censé revendiquer un statut territorial au nom de tous pour notre département, des thèmes qui n’ont strictement rien à voir, comme par exemple l’expulsion de sans-papiers d’un hôtel de Perpignan. Quel rapport avec la revendication territoriale ?
4) Ces gens-là tentent d’importer les problèmes de la Catalogne Sud en Catalogne du Nord, alors que nous avons nos propres difficultés et que les principales préoccupations des habitants de ce territoire ne sont absolument pas axées sur ces problématiques. Elles concernent, comme toujours, une minorité bruyante qui prétend parler au nom de tous.
5) Ces gens-là, qui agglutinent autour d’eux une cohorte de militants issus des rangs des milieux de la gauche extrême à l’affût d’une tribune, nient avec un mépris de classe de plus en plus frappant, absolument toutes réalités politiques et sociologiques de notre société. Ils sont les meilleurs alliés du système jacobin français. Leurs délires, leur sectarisme éloignent les gens du commun des revendications légitimes pour une reconnaissance institutionnelle de notre territoire, du maintien et du développement de notre langue. Pire, ils fabriquent même une opposition virulente.
Si nous voulons avancer sérieusement sur ces thématiques, une nouvelle génération de militants doit émerger afin de reléguer aux poubelles de l’histoire ces crypto-soixante-huitards.