D’après Claude Dupont

Commissaire Divisionnaire Honoraire

Membre du Collectif “Confienceenlajustice.com

« La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie » ( André Malraux)

À Marseille, pour certains truands et depuis plus d’un siècle, la vie d’un homme ne vaut rien à côté des pactoles énormes générés par les trafics de drogue, de cigarettes, d’armes et autres substances monnayables. 

À Marseille et région, on tue, on exécute, on assassine depuis plus d’un siècle, sans autres formes de procès. C’est dans les gênes de cette ville radieuse, magnifique, qui à l’instar du Chicago de la première moitié du XXème siècle, suinte le crime, le racket, le trafic à chaque carrefour, et dans les quartiers mafieux historiques (Endoume, le Panier, l’Opéra et aujourd’hui les quartiers Nord). 

Après les tueries des années 30-40 perpétrées par les associés du crime, François Spirito et Paul Carbone, puis suivis de Tanny Zampa et Francis Vanverbergue dit Francis le belge, héritiers des frères Guérini, le sang n’a pas arrêté de couler, chaque clan voulant éliminer l’autre, des années 50 aux années 90. Plus tard, les parrains sont morts, l’un s’est pendu aux Baumettes, l’autre a été abattu devant un cercle de jeux parisiens. Après une courte accalmie, le carnage a recommencé avec la dernière incursion des corses sur le continent, au cours des premiers mois de l’année 2004 où ils ont éliminé l’algéro-marseillais Farid Berhama et ses comparses pour solder une sombre affaire de machines à sous et de trafic de stupéfiants autour de l’étang de Berre. 

Depuis cette année-là les « réglos » (règlements de comptes) n’ont pas cessé entre gitans et maghrébins ou entre maghrébins de la 3ème, voire 4ème génération entre eux. Les tueurs d’aujourd’hui, à peine plus jeunes que leurs « glorieux » ancêtres, d’origine corse, italienne ou belge, ont la même empreinte ADN dans leurs veines, celle de faire couler le sang et d’être impitoyables avec leurs ennemis, pour garder des bouts de territoire fructueux ; les uns cependant croyaient en Dieu, aujourd’hui ils sont soi-disant des disciples d’Allah…

Le sang à Marseille et alentours n’arrête pas de couler, depuis une dizaine d’années, et la police ramasse bon an mal an 12 à 15 cadavres, et parfois à côté d’eux des victimes collatérales sont à déplorer qui paient ainsi leurs mauvaises fréquentations d’un soir ou de quelques semaines, ou tout simplement parce qu’ils se trouvaient sur les lieux des crimes.

Depuis le début de l’année, une dizaine de cadavres recensés par la police comme étant des « réglos » ont encore en 6 mois terni la mauvaise réputation de Marseille, qui n’est plus à faire, sous les yeux éplorés de la Bonne Mère qui du haut de sa colline, n’en finit pas de se lamenter, elle qui à l’origine, se voulait la patronne et la protectrice des pêcheurs en mer, aujourd’hui, elle est devenue la patronne des « pécheurs à la kalachnikov, au 11, 43, au 9 mm ou à l’arme blanche » ….

L’hémoglobine n’avait pas encore fini de sécher sur les pavés de Septèmes-les-Vallons (banlieue ouest de Marseille), le 9 juillet dernier, lieu du dernier « réglo », que le patron interrégional de la PJ énonçait doctement qu’il « y avait moins de règlements de comptes que les années passées » (sic), quant à la jeune préfète de police, elle estime « que la PJ a une bonne compréhension de ces événements et que cela peut servir à casser la dynamique de ces assassinats »    …comprenne qui pourra.!

Côté des politiques, Payan, le maire est aux abonnés absents. La maire-adjointe, Samia Ghali, la Madone socialiste des quartiers nord, regrette la « méthode globale » réalisée par l’ancien préfet de police entre 2012 et 2015, et qui avait fait long feu. Quant à Muselier, président du conseil régional, il pense « qu’un électrochoc est nécessaire ». Enfin, la procureure de Marseille, la seule qui me parait directement concernée par cette spirale criminelle, elle voit là une « logique mortifère, de la terre brûlée, une démarche suicidaire puisqu’à un moment donné, ce sont les assassins qui seront ciblés, sans parler des lourdes peines de prison qu’ils encourent » …nous y voilà, sur le terrain de la répression, parlons-en !

C’est en effet la réaction salutaire que les citoyens attendent impatiemment, que ces tueurs, une fois arrêtés soient lourdement condamnés, à des peines de réclusion incompressibles. Et que l’on commence dès maintenant à faire ouvrir des informations judiciaires pour associations de malfaiteurs en bande organisée afin de traquer tous ces malfaisants, du simple « chouf » au « charbonneur », en passant par la « nourrice », et jusqu’aux dealers et trafiquants. La Sécurité Publique et la PJ les connaissent tous, très bien, dans chaque cité, et la première diligence judiciaire à faire c’est d’assécher leurs revenus, de saisir tous leurs avoirs, immobiliers compris, et de frapper tous ceux qui gravitent peu ou prou dans ce milieu de peines d’interdiction de séjour et de paraître, comme naguère la justice avait procédé aux USA pour faire tomber Al Capone, et plus près de nous à Marseille pour « enchrister » Zampa. Quant aux familles qui prospèrent grâce à leurs enfants trafiquants, l’expulsion de leurs logements sociaux doit être immédiate. Enfin toutes les associations, qui dans ces quartiers de non-droit vivent des deniers publics et qui en même temps protègent les dealers, elles doivent être dissoutes. L’expulsion des trafiquants étrangers et la déchéance de nationalité française pour les binationaux doit compléter cet arsenal répressif.

Ce sont les seules solutions pour que le sang arrête de couler à Marseille, que les quartiers redeviennent paisibles, que les enfants à partir de 10-12 ans recommencent à étudier le Bescherelle et le français, plutôt que les cours du cannabis et de l’héroïne, ou bien encore ne s’adonnent à manier une kalachnikov, et enfin que les parents et les maîtres reprennent en main leurs ouailles.

Pour arriver à cette fin, il faut une réelle volonté politique, un gouvernement responsable, des préfets à la hauteur de leurs responsabilités, des magistrats rendant la justice et prononçant des peines exemplaires, et enfin une police et une gendarmerie qui soit réarmée moralement, juridiquement et matériellement.

Tout cela reste à faire, sinon “Chicago sur Méditerranée” prospérera chaque jour davantage, achevant de détruire les fondements de cette belle ville, vieille de plus de 2000 ans…

Faites connaitre notre site, partagez !