Propos recueillis par Y.V – Breizh Info

 

Breizh-info.com : Quelle est votre réaction à la publication de l’article de Mediapart ?

Charles de Meyer (SOS Chrétiens d’Orient) : Je récuse le mot article car je suis un passionné de presse. C’est une commande, financée à travers des arcanes douteux, pour impressionner ceux qui voudraient travailler avec nous. Un mauvais collage, soutenu par trois photos volées, et plein d’un raisonnement qui accablerait n’importe quel correcteur de dissertation en seconde. On raconte d’ailleurs que quelques médiocres étaient sur leurs gardes, diffusant l’article vers 23H, en catimini, pour apeurer nos partenaires.

J’ajoute qu’à titre personnel, je considère qu’un article financé par une structure étrangère* contre une association française, est un acte contraire à toute éthique civique et même à toute éthique personnelle. La haine a dû aveugler les pigistes de Médiapart.

Sur le fond et la forme, je partage tout à fait l’avis de Frédéric Pons, ancien rédacteur en chef Monde de Valeurs actuelles et historique président de l’Association des journalistes de Défense, qui connaît son sujet : sur Twitter, il a condamné cet article, avec des propos très durs : « Mes confrères ne sont pas très bons, ni en enquête, ni en reportage. Comme rédac-chef, je leur aurais fait retravailler leur papier sérieusement. Je crois surtout qu’ils ont répondu à une commande idéologique, très orientée dès le départ. Il fallait insinuer, déconsidérer, salir. Ils se sont exécutés, un peu naïvement. Déontologiquement nul, professionnellement foireux ». Je crois que l’essentiel est dit.

Heureusement, la communauté de SOS chrétiens d’Orient est solide et nous encourage à nous battre. Nous sommes debout, soutenus par la famille SOS, et conscients que nous portons aussi le combat de beaucoup de Français qui en ont plus qu’assez que de voir les dirigeants courber l’échine devant le terrorisme intellectuel imposé par quelques cénacles, dont Médiapart est l’une des émanations.

Breizh-info.com : Vous estimez que les journalistes mettent en danger les membres de l’association, pourquoi ?

Charles de Meyer (SOS Chrétiens d’Orient) : Parce que visiblement la diffusion de cet article a été précisément organisée dans la nébuleuse des groupes islamistes armés actifs en Syrie et des médias turcs proches d’Erdogan. C’est à se demander comment ils ont accès à ce réseau particulièrement sulfureux.

Par ailleurs, quand je lis que dire son opposition à Al Qaïda reviendrait à « sortir de la neutralité », je ne peux que me dire qu’une certaine presse n’a pas retenu la leçon du massacre de Charlie hebdo. Continuer à vomir sa haine contre des associations érigées en « ennemis politiques » pour satisfaire à des préjugés n’est pas simplement inconséquent, c’est parfois aux limites de la mise en danger de la vie d’autrui.

Contrairement aux pigistes de Médiapart, nous travaillons au plus près du terrain. Nous faire courir de tels risques derrière son ordinateur c’est manquer à toute déontologie, être totalement irresponsable ou délibérément prêt à désigner ses opposants comme des cibles… La combinaison des trois ne serait pas impossible.

Breizh-info.com : Parlez-nous des liens de ces journalistes avec Soros ?

Charles de Meyer (SOS Chrétiens d’Orient) : Contrairement aux pigistes de Médiapart, je n’ai pas reçu de bourse d’une fondation européenne bizarre, financée en partie par l’Open Society, pour enquêter sur leurs personnes. Je note d’ailleurs que Soros doit vraiment avoir beaucoup de moyens pour dilapider des finances pour des « découvertes » quasi nulles.

Toutefois, en trois clics que constate-t-on ? Que deux pigistes travaillent dans des sites financés par des branches de l’Open Society, et d’une cohorte d’autres fondations idéologiques. Il est peut-être temps que la loi évolue en France pour nous protéger de ces ingérences étrangères dans la vie civique. Quant à l’autre, la simple lecture de son fil Twitter permet de comprendre « d’où elle parle » : un mélange de reprises de sites musulmans douteux, de pétitions féministes criardes et d’indignations perpétuelles.

Résumons : deux journalistes au moins qui travaillent dans des médias subventionnés par Soros, qui reçoivent une bourse d’une fondation subventionnée par Soros, attaquent SOS chrétiens d’Orient. Et Médiapart laisse paraitre un article bancal sur le fonds, qui plus est bâclé dans le style, sans même corriger les fautes typographiques. C’est inquiétant pour l’indépendance du journalisme et le sérieux revendiqué par cette publication.

J’avoue que j’étais un lecteur occasionnel de Médiapart. Voir qu’ils acceptent des papiers payés par le ruissellement de l’argent d’un milliardaire américain m’interroge. Est-ce que derrière le maquillage sur la liberté du journalisme, il n’y a pas autre chose ? Les déstabilisations que Médiapart opère sur les grands pouvoirs sont-elles faites au nom du droit d’informer ? Ou de quelque chose de plus douteux, d’une envie de déstabiliser au nom d’intérêts particuliers ? Quand on accepte de faire passer des papiers payés par des milliardaires, on ouvre la porte au doute.

Breizh-info.com : Envisagez-vous des poursuites juridiques ?

Il y a quelques champions qui termineront en diffamation. Ces articles de commande sont faits pour briser les familles. C’est la technique des proches qui disent : « Eloigne-toi de ces gens, ne prends pas ces risques, tu vois bien qu’ils sont prêts à tout ». Mais je n’ai ni la vocation de Dominique Baudis, ni celle de François Fillon. Donc on verra. Il faut aussi étudier ceux des volontaires revenus en France qui subiraient des traumatismes devant le torrent de haine déversés contre eux dans ce papier. Notre service juridique travaille.

Breizh-info.com : Parlez-nous du contexte de la photo avec des armes à feu…

Charles de Meyer (SOS Chrétiens d’Orient) : Ces photos sont des photos volées, qui n’avaient pas vocation à être rendues publiques. Notre direction de la sûreté étudie actuellement la manière dont elles sont arrivées dans les mains des pigistes de Médiapart. Si elles sont venues par une source humaine, j’espère que les pigistes ont soigneusement étudié la personnalité de celui ou de celle qui leur a procurée. Un type qui vole des photos privées pour les divulguer n’est jamais très brillant. Idem pour les journalistes qui les diffusent, d’ailleurs. Au passage, je me demande ce que l’on trouverait si l’on fouillait les portables de ces belles âmes… Il y aurait surement de quoi faire un article amusant pour Mediapart ou d’autres publications spécialisées !

Pour le reste des images, comme c’est indiqué dans l’article, nous n’avons aucun problème à soutenir les victimes d’Al Qaïda. J’ai vu les familles détruites par la guerre. Les maisons éventrées, les veuves, les orphelins. Quand je vois que Médiapart est prêt à nier cette situation, je me demande dans quel camp opine cette rédaction. Et ca me donne froid dans le dos.

Breizh-info.com : Concrètement avez-vous en effet pris parti sur place ?

Charles de Meyer (SOS Chrétiens d’Orient) : Nous sommes partisans et même militants. Nous sommes du côté et aux côtés des chrétiens d’Orient. Beaucoup de reporters aujourd’hui ne vont même pas sur place – c’est notamment le cas des pigistes de Mediapart, qui ne sont pas allés en Syrie, bien que l’un d’eux se targue d’en être « spécialiste ». Evidemment la perception évolue selon qu’on soit sur le terrain ou non. Nous vivons au plus près des conditions des chrétiens d’Orient. D’une certaine manière nous embrassons leurs difficultés, leurs réflexions dans la manière de se positionner dans les sociétés dans lesquelles ils évoluent. Tout l’inverse de l’inconscient idéologique des pigistes de Médiapart, qui, à l’image d’une large partie du monde journalistique, ne pourraient pas évoluer de manière autonome plus d’une journée dans ces zones.

Un exemple. Pour couvrir le conflit syrien, les reporters signaient leurs papiers soit de Paris, soit de Beyrouth. Or signer un papier de Beyrouth au sujet du conflit syrien, c’est un peu comme faire un portrait du héros irlandais Michael Collins depuis Londres… Enfin, les rares qui se rendent en zone tendue, suivent un protocole très précis du quai d’Orsay. A de rares et très respectables exceptions, les rédactions désertent la couverture sérieuse des conflits. Ça donne des pigistes sans expérience ni réseau dont le quotidien est plus proche de Kaboul Kitchen que de Joseph Kessel.

Breizh-info.com : Quelles conséquences à venir pour votre ONG sur place ?

Charles de Meyer (SOS Chrétiens d’Orient) : Cet article de commande n’a qu’un objectif, tendre nos relations avec les institutions françaises. Après l’enlèvement de quatre de nos amis à Bagdad l’année dernière, beaucoup de ceux qui doutaient de notre engagement sur le terrain avaient cessé de raconter des sornettes et admettaient enfin la qualité de notre travail. Jugez plutôt, l’AFP avait même cité positivement notre action à Beyrouth suite à l’explosion du port le 4 août 2020.

Pour un certain spectre politico financier, l’existence même de SOS chrétiens d’Orient pose problème. Plus de 2000 jeunes partis en Syrie, en Irak, en Jordanie et dans tant d’autres pays, qui témoignent et de leur foi et des mérites de la civilisation française, c’est insupportable ! On pourrait dire que beaucoup de nos critiques communient dans une forme de « religion des droits de l’homme », qui guide leur action – et c’est très bien si cela permet d’accomplir des bienfaits par endroits – mais c’est une religion qui nous voit comme une hérésie. SOS chrétiens d’Orient c’est l’hérésie du XXI ème siècle pour toute une gauche morale qui ne s’intéresse jamais à notre action mais plutôt aux moyens de nous diaboliser. Le bien que nous faisons les intéresse moins que le mal qu’ils peuvent nous faire.

Ils sont prêts à aller très loin. Déjà un prélat de l’Eglise catholique avait jugé utile de nous dresser un procès en islamophobie repris dans L’Orient-le Jour, un matin de Noël. Élégant. Mais là, en proposant un raisonnement alambiqué qui a choqué beaucoup de journalistes professionnels, les pigistes de Médiapart nous mettent en danger. Les sites les plus extrémistes (je pense notamment à TRT un média truc encore plus radical que l’AKP d’Erdogan) nous accusent désormais de prendre directement part à des combats en Syrie.

Bien sûr, je ne peux pas préjuger que c’était l’objectif des pigistes de Médiapart, mais un semblant de connaissance de la région permet de savoir que le raccourci sera vite fait. En faisant cela, ils nous désignent comme des cibles. Cette passion de la diabolisation de la gauche, nous connaissons ses effets – comme récemment les journalistes de Valeurs Actuelles mis sous protection policière, et tant d’autres. Mais nous restons des hommes debout. Des hommes qui continuent à œuvrer sur le terrain dans les marches de la Syrie et aux confins du Liban. Ce ne sont pas quelques plumes précarisées qui vont mettre à mal notre action depuis leurs messageries Whatsapp et leur moteur de recherche.

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