D’après Contrepoints

Il est fort probable que Sylvie Goulard ait été utilisée comme un message que les eurodéputés ont voulu passer au président Macron mais aussi à la Commission : le parlement européen ne se pliera pas aux stratégies politiques d’un pays.

Le parlement européen a ainsi rejeté la candidature de Sylvie Goulard à la commission européenne. Elle devait recevoir comme portefeuille le marché interne mais aussi la politique industrielle de l’UE. Par conséquent des fonctions majeures, compte tenu de la construction européenne accomplie autour des aspects économiques et industriels (l’ancêtre de la CEE et de l’UE était la Communauté européenne du charbon et de l’acier).

Ce rejet du candidat français à la commission a été interprété comme étant une attaque contre la France et la politique de Macron par une partie de ses alliés. Ce camouflet est d’autant mal vu en France que Sylvie Goulard est un produit de l’État français en tant que haut fonctionnaire issu de l’ENA et de l’IEP de Paris. Du coup, qu’en est-il réellement ?

Le spectre du populisme

À l’heure actuelle, outre celle de Sylvie Goulard, seules deux autres candidatures de commissaires ont été rejetées par le parlement européen. Et ces rejets sont chargés de symbole. En effet, les autres candidats refusés sont László Trócsányi, ancien ministre de la Justice de Hongrie et membre du Fidesz de Viktor Orban, et Rovana Plumb ancienne ministre du parti social-démocrate de Roumanie actuellement au pouvoir.

Les partis dont sont issus ces deux candidats à la Commission sont dans le viseur des institutions européennes pour atteinte au respect de l’État de droit et corruption. Le rejet des deux candidats, bien qu’officiellement motivé par la crainte de conflits d’intérêts, est très certainement lié à la réputation douteuse de leur parti dans l’UE.

De ce fait, la décision rendue à l’encontre de Sylvie Goulard envoie une image négative en Europe pour LREM qui est, de fait, mis dans le « même sac » que le Fidesz hongrois et les socio-démocrates roumains. Une situation d’autant plus problématique pour la formation politique du président Macron vu le discours de LREM axé sur la lutte contre les populistes.

 

Une démonstration de la division qui règne entre les « partis de la coalition »

Le rejet de Sylvie Goulard a aussi été analysé comme révélateur de division entre les trois groupes européens (les socio-démocrates S&D, les centristes de Renew Europe, dont fait partie LREM, et les chrétiens-démocrates du PPE) qui composent la coalition majoritaire. En effet, le PPE aurait twitté par erreur qu’il allait s’opposer frontalement à la candidature de Sylvie Goulard lors du vote et les S&D se sont montrés sceptiques à son égard.

Le PPE et le S&D ne portent en effet pas LREM et Emmanuel Macron dans leur cœur. Ce dernier est accusé d’avoir contourné le système de Spitzenkandidaten pour mettre à la tête de la Commission une personne plus favorable à la France et à son parti. Un sentiment qui semble partagé par les autres groupes européens.

Un désastre pour LREM

Ce n’est pas la première fois que LREM et le gouvernement français, sous la présidence Macron, se heurtent au reste de l’UE et parfois à ses propres alliés libéraux de l’ALDE (notamment les néerlandais et les tchèques). La posture vindicative des dirigeants français est de moins en moins acceptée par leurs homologues européens et tout particulièrement par ceux qui sont issus de pays ayant une situation économique et politique plus positive que celle de la France.

L’absence de réformes en France mêlée à une attitude injonctive envers le reste de l’Europe lasse cette dernière. Il est fort probable que Sylvie Goulard ait été utilisée comme un message que les eurodéputés ont voulu passer au président Macron mais aussi à la Commission : le parlement européen ne se pliera pas aux stratégies politiques d’un pays et ne fermera pas les yeux sur les affaires touchant des candidats.

NDLR :

Cette affaire démontre que la déplorable candidature de Nathalie Loiseau à la présidence du groupe centriste-libéral, dans la foulée des élections européennes n’a pas été oubliée par les euro-députés. Nous avons souvent dit que Macron se verrait bien en président de l’Union Européenne ou secrétaire Général de l’Onu. En trébuchant dès la première marche du parlement européen Macron-Jupiter vient de voir s’éloigner ses fantasmes de super monarque mondial.

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