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Nous gardons tous en mémoire le calvaire de René Galinier, originaire de Nissan dans l’Hérault, placé malgré son âge, en 2010, en détention préventive. L’émotion avait été si forte que le député de la circonscription avait rendu visite au prisonnier incarcéré à la maison d’arrêt de Béziers et qu’un soir, à la télé, Xavier Bertrand, alors ministre du travail, avait répondu sur une question qu’on ne lui posait pas : « s’il y a un scandale, c’est celui de ce vieux monsieur de 73 ans qui est en détention préventive pour avoir tiré sur deux cambrioleuses qui s’étaient introduites dans sa villa… ». Les choses n’avaient pas traîné et après un jeu de chaises musicales judiciaire, le détenu était libéré au bout de 60 jours grâce à un lobbying efficace des identitaires de la Ligue du Midi.

Il y a quelques mois dans le Tarn, c’est Luc Fournié, buraliste à Lavaur qui a été condamné par la cour d’assises d’Albi à la peine délirante de 7 ans d’emprisonnement et incarcéré sur le champ pour avoir abattu un cambrioleur chez lui, de nuit. Heureusement, devant le tollé provoqué par cette décision, le buraliste a été remis en liberté après avoir interjeté appel. 

“Papy Galinier” comme on le surnomma affectueusement à cette époque est jugé cette semaine aux assises de l’Hérault ; la légitime défense est évidemment présente dans tous les esprits. Pourtant cette affaire, dans une société « normale », n’aurait dû soulever aucun problème : il y avait d’évidence légitime défense si l’on se réfère à l’article 122-6 qui stipule : « N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte ».

En effet, la légitime défense sur l’ensemble de la planète, est un droit naturel qui implique, qu’à travers toutes les époques, on a le droit de se défendre quand on est attaqué, surtout chez soi ; la notion de riposte proportionnée, n’étant qu’un faux-nez destiné à incapaciter les braves gens. Mais dans ce genre d’affaire, et ce en raison du discours ambiant droit-de-l’hommiste qui met sur le même pied une racaille et un honnête citoyen, la justice a tendance à dévoyer cette notion de proportionnalité qui ouvre le champ à toutes les discussions du Café du commerce.

On peut en discuter à perte de vue : l’agressé devra-t-il proportionner les coups qu’il va donner avec ceux qu’il est en train de recevoir? Devra-t-il demander à ses agresseurs s’il peut prendre un temps de réflexion afin d’analyser si la riposte envisagée est bien proportionnée au millimètre près. Peut-être pourrait-il également inviter les malfaisants autour d’une tasse de thé pour leur demander s’ils sont adeptes des sports de combat et s’ils ne dissimuleraient pas, par hasard, sous leurs vêtements, une arme blanche ou à feu. On se souvient que pour Galinier, un membre du parquet avait déclaré sans vergogne : « Galinier aurait dû s’enfermer dans une pièce –bonjour la dignité- et téléphoner à la gendarmerie ». Le problème, c’est que « Papy » avait déjà téléphoné à deux reprises aux forces de l’ordre et que, préférant faire confiance à l’adage, « il vaut mieux être vivant en prison que mort au cimetière », il avait fait ce que son devoir d’homme lui imposait, à savoir assurer sa défense quand la société n’était pas capable d’y pourvoir. Je ne sais pas si sa réaction s’appelle de la légitime défense, mais je sais en tous cas que sa défense était légitime.

L’affaire Galinier, démontre le caractère insupportable d’une telle situation et les hommes politiques de droite n’ont pas eu plus de courage, hier, que ceux de gauche aujourd’hui pour renverser cette situation par une modification de la loi en instaurant, par la sanctuarisation du domicile, une présomption absolue de légitime défense dès lors qu’un logement ou une échoppe subit une intrusion injustifiée évidente.

R. Roudier

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